Bonjour à toutes et à tous !
Courte chronique bande dessinée aujourd'hui avec un album de Baru, Bonne année, que j'ai relu il y a peu.
Comme l'indique clairement la couverture, l'action ne se situe guère loin dans le temps ! Il s'agit là de SF sociale, de proximité dirions-nous...
Petit résumé, à la veille de l'an 2000, le pouvoir a clôturé les quartiers périphériques de Paris... Nous sommes donc 20 ans plus tard, en compagnie de gamins désoeuvrés, qui n'ont jamais quitté leur quartier bétonné... En quête de préservatifs pour peut-être pouvoir enfin séduire la p'tite gonzesse de leur vie, le jour de l'an promet d'être agité...
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Toute la narration de qualité, sans parler du dessin en noir et blanc de Baru toujours aussi évocateur, me semble reposer sur deux paradoxes.
Tout d'abord, certes nous sommes dans le futur ! Mais il paraît si réel, si proche qu'il nous semble n'être qu'un présent d'une rare crédibilité. La vraie France est sous nos yeux, concrétisé en béton et barbelés.
Une vague pensée sécuritaire, une peur primaire, une politique d'exclusion volontariste transposée dans la réalité physique, murailles et miradors, voilà la base visuelle et narrative de Bonne année.
Plus subtilement, à plusieurs reprises dans l'album, nous croisons des personnages réfugiés dans leurs appartements regardant un feuilleton télévisé qui a justement pour thème la frontière entre quartier dangereux et "monde libre". Je peinais, mais avec plaisir, à savoir qui était qui, qui relevait de la fiction ou de la réalité.
D'où une confusion certaine, du moins pour moi ! Le doute s'installe. Sommes-nous bien en train de lire une fiction véridique ou de visionner un feuilleton à la fin trop idyllique ?
L'image à l'intérieur de l'image ne servant en tout cas qu'à renforcer une seule réalité, Il faut enfermer les pauvres qui n'ont pas de travail, on ne sait jamais.
C'est à l'évidence une narration qui convient à merveille au sujet, puisque ce sujet même, la banlieue, est déjà une fiction sociale utile au pouvoir économique et politique, même si pour ses habitants cette fiction devient réalité par la force de l'abandon et le rejet social dont ils sont la victime...
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Pour conclure, au-delà de ce seul album, je ne peux que vous encourager à lire tout Baru, qui dessine essentiellement du récit contemporain, avec une force narrative et des personnages qui sortent vraiment de l'ordinaire, alors qu'ils semblent constamment s'y noyer...
Gulzar