Bonjour à Toutes et à tous.
Petite chronique pour évoquer une nouvelle œuvre graphique qui débute, Do androids dream of electric sheep ?, sur la base d’un livre important de Philip K. Dick, connu pour être à la base du film de Ridley scott, Blade Runner.
Le style, tant au niveau du trait que de la couleur est celui des comics de Super héros venus d’USA, reconnaissable entre tous. Personnellement, j’ai un peu de mal avec ce type de bande dessinée, même s’il existe indéniablement de véritables chefs d’œuvre dans cette production pléthorique.
L’essentiel n’est pas. L’auteur a en effet procéder à un choix tout à fait radical pour cette adaptation. En effet, ce n’en est pas une... Certes, nous passons bien du texte au dessin, mais le texte du roman est intégralement présent dans cette œuvre, qui comportera plusieurs tomes. Vous m’avez bien lu, l’intégralité du texte, dialogues compris bien sûr. À priori, exactement ce qu’il ne faut pas faire…
Alors que donne ce premier tome à sa lecture ? Indéniablement, une très grande complexité. Les cadres de textes envahissent tout. Parfois, il est bien difficile de savoir quoi lire en premier, le regard est un peu perdu, la lecture fortement ralentie. Car nous sommes bien dans une bande dessinée traditionnelle, pas dans un album de grands textes illustrés, comme a pu en éditer Gallimard, excellente collection par ailleurs. La narration est complètement disloquée. Le lecteur n’a plus qu’à composer son puzzle comme il le peut.
Alors certes nous avons le texte entier. Nous ne ratons rien. Mais il m’a semblé que l’audace conceptuelle, n’est peut-être pas là très utile. L’image à cela de formidable qu’elle permet justement de résumer, de compléter, d’illustrer au moins l’écrit. Parfois même de le dépasser, d’aller voir ailleurs. Je pense à des adaptations bd de Lovercraft ou Kafka particulièrement réussies.
Do androids dream of electric sheep ? finalement redouble le récit littéraire, même s’il y a de belles pages, bien conçues. Ce refus de toute perte de l’oeuvre littéraire originelle renie toute une tradition et des règles d’adaptation graphique ou cinématographique.
Les puristes regrettent que Ridley scott ait abandonné ou juste évoqué certains aspects de l’histoire dans Blade Runner. Mais il a eu raison, un film de deux heures n’est pas une œuvre littéraire ; un autre support demande une autre forme, entraine une autre relation entre l’histoire et son public.
Comme je l’ai compris, Do androids dream of electric sheep ? prétend donc redonner à lire le sens véritable de l’œuvre. Mais mieux vaut-il sans doute lire le livre, tout simplement…
L’entreprise de Tony Parker est donc plus audacieuse qu’il y paraît au prime abord, adapter graphiquement un classique de la SF avec l’assurance de bonnes ventes. Il y a bien là un fort parti pris littéraire au sein d‘une bande dessinée, engendrant des contraintes de narrations pas évidentes à dépasser.
À découvrir, pour les fans de Philip K. Dick, qu‘un peu d‘effort ne rebute pas…
Gulzar