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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 16:00

Bonjour à toutes et à tous !

 

Courte chronique bande dessinée aujourd'hui, portant sur trois séries en cours ayant comme structure narrative l'uchronie.

 

Commençons par la série en cours Nico, tome 1 et 2, de Berthet et Duval, aux éditions Dargaud. Il s'agit d'une uchronie, commençant en 1947, prolongeant toutefois la guerre froide entre l'URSS et les USA. Trois soucoupes volantes tombent du ciel, deux dans les superpuissances de l'époque, une troisième au large de Cuba...

 

nico-1


L'on y retrouve pêle-mêle en 1966 Staline et Kennedy toujours vivants, Castro qui a échoué, Bob Dylan kidnappé par Eisenhower devenu chasseur de trésors et désirant sa revanche sur Washington qui a préféré en 1947 révéler l'existence de la soucoupe plutôt que de garder le secret... Nico est une fillette recueillie dans l'Allemagne de 1945 sous les bombes de Berlin, devneu espionne américaine, cherchant sa mère de l'autre côté du rideau de fer.

 

nico-2


L'ambiance graphique est sympathique, oscillant entre l'aventure à la Jacobs, parfois avec une sensation de Lefranc de Jacques Martin, série qui m'a toujours séduite par le sérieux de sa narration. Dans Nico l'on retrouve toute la panoplie du roman d'espionnage et SF de gare, les jolies filles, l'inventeur génial, l'apprenti dictateur, les soucoupes de Roswell, les voitures volantes, les bases sous-marines...


nico dessin

Malgré un plaisir de lecture dû au dessin, j'ai éprouvé un certain malaise à lire cette série. Toutes les références historiques sont littérales, banales, déjà vues cent fois. Parfois les dialogues sortent directement du dictionnaire ou du manuel d'histoire ! Ce qui produit l'impression désagréable que cette bande dessinée est à destination de gens incultes, à qui il faut tout expliquer... Alors que certainement dans l'esprit des auteurs et de l'éditeur, il s'agit bien plus de créer une complicité avec le lecteur !

 

Au final, objectivement, malgré encore une fois certaines astuces de scénarios qui se tiennent et un dessin agréable, j'ai cherché la créativité dans cette série, car uchronie signifie tout de même recréation du monde !

Je ne l'ai pas trouvé... Les auteurs n'ont semble-t-il rien amené à eux dans cette série, rien inventé de vraiment frappant, donné aucune perspective vraiment nouvelle.

Dans ce sens, Nico est une série décevante je trouve... Toutes ces références ne sont en aucun cas une analyse, une vision de la guerre froide ou de l'irruption de technologies extra-terrestres. Certes l'avion supersonique et le disque laser apparaissent un peu plus tôt, mais c'est anecdotique !


En réalité, cette série évacue, malgré les apparences, toute forme de politique au profit d'un récit familial, d'espionnage et de personnages sans grande consistance... Nico multipliant les références ne fait que nous perdre dans une Histoire dont nous ne comprendrons pas mieux les tenants et aboutissants après avoir lu la série.

 

La série Jour J, au dessin vraiment sans intérêt, le dessinateur changeant à chaque tome, possède par contre d'intéressants scénarios d'uchronie plus pertinents, où les auteurs ont fait preuve de plus d'effort de documentation non pour l'exposer mais pour s'en nourrir ! Jugez d'après les couvertures !

 

Jour J tome 1

jourj tome 2

 

Je n'ai lu que ces deux premiers tomes, où russes et états-uniens font la paix sur la Lune, fumant leur petite production de cannabis, tandis que les intellectules français sont mis à contribution dans Paris divisé en deux, tel Berlin ! Les idées me semblent déjà remettre plus en cause notre Histoire telle que l'on nous la raconte...

La suite paraît intéressante également !


Jour j tome 03

jour j tome 4


Pour l'un des prochains tomes, l'on retombe malheureusement dans l'asssassinat de Kennedy, encore une fois...

Mais attendons de le lire !

 

jour j tome 5

 

La troisième série, dont je n'ai encore lu que le premier tome je l'avoue, que je voudrai évoquer dans cette chronique est La brigade chimérique, réalisée à quatre auteurs, avec au scénario Serge Lehman et Fabrice Colin, au dessin Gess et à la couleur Céline Bessonneau. Publiée par L'Atalante, plus habitué aux romans d'habitude, la maison d'édition nantaise a su là donner à lire une oeuvre qui me paraît déjà plus originale, bien que reprenant certains codes habituels de l'uchronie.

 

brigade-chimerique-1

 

Le petit format, certes agréable en mains, ne permet pas une lecture aisée ! L'image est petite, mais je me suis laissé prendre je dois dire à cette histoire de super héros européens, nés du désastre de la première guerre mondiale, êtres transformés par les gaz de combat. Au coeur de la série désormais complète de 6 tomes, se trouvent des enjeux tant politiques qu'idéologiques et économiques. La série se veut créer un genre à elle toute seule, le Radiumpunk, comme il existe le genre bien connu de Steampunk basé sur la machine à vapeur ! Le mot est joli !

 

BrigadeChimerique planche

 

Encore une fois, je ne puis vous offrir une chronique complète sur la série, n'ayant lu que le tome 1, mais cette volonté non de reprendre les codes d'une époque mais de mélanger deux cultures, le récit rationnaliste européen et la narration à l'aide de super héros à la moralité manichéenne donne il me semble une oeuvre plus orginale et plus ambitieuse que les deux premières de cette chronique... Même si l'on retrouve encore l'idée de reprendre des personnages connus, comme les Joliot-Curie, les codes des nations de l'époque, tant graphiqument que narrativement, l'on sent un sens du délire, une audace salutaire, qui ne nous fait pas regretter d'avoir ouvert le livre !
brigade chimerique planche 2

Graphiquement, le découpage des cases est aussi très intéressant, proche logiquement des Comics américains, notamment par la couleur, mais aussi avec une simplicité proche de la bd française traditionnelle, la forme exprimant utilement le fond !

 

Promis, pour 2011, je vous écrirai la chronique de l'intégral de La Brigade Chimérique !

 

Alors comment conclure sur l'uchronie en bande dessinée ?

Il me semble d'abord que ce genre peut vite conduire à une certaine facilité, puisqu'il s'agit d'abord d'un jeu, bien jouissif il faut le reconnaître, où tout est bon à mettre dans le récit, où tout semble permis ! Trop de liberté demande alors une forme narrative puissante pour ne pas se perdre.

De plus, à mon sens, l'uchronie pour être agréable et surprenante doit aussi ne pas tomber littéralement dans le "manuel d'histoire trafiqué"... Nous autres lectrices et lecteurs n'avont peut-être pas envie de retourner sur les bancs de l'école lorsque nous lisons une bande dessinée !

 

Modifier l'Histoire, ce qui revient à en être très proche en réalité, s'en échapper et faire preuve de narration réellement originale semblent donc deux logiques pas évidentes à réunir dans le même récit. Mais après tout, pourquoi l'uchronie demanderait moins d'effort que l'anticipation ?

Gulzar

 

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