Bonjour à toutes et à tous.
Courte mais enthousiaste chronique aujourd'hui sur une oeuvre graphique extraordinaire, Seul, publiée chez Vent d'Ouest, et son auteur, Chabouté dont je ne peux que conseiller de lire chaque album, même si par hasard vous lisez peu de bande dessinée.
Cette histoire d'un homme à la grande laideur qui vit depuis son enfance dans un phare, uniquement ravitaillé par des marins pêcheurs, est d'une rare profondeur humaine, exprimée par un noir et blanc et un découpage des cases qui parviennent à nous rendre compte d'une improbable vie.
Pour l'avoir lu déjà trois fois, j'en reste toujours stupéfait. La narration est d'une puissance incroyable. Cette idée que cet homme s'imagine le monde par l'usage d'un dictionnaire relèvbe d'une morale que l'on ne trouve que dans les meilleurs contes.
Chabouté donne consistance dans des cases oniriques aux fantasmes littéraires, qui constitue finalement le seul imaginaire du solitaire.
Sans imagination, l'on pressent bien qu'il aurait totalement dépéri.
L'accostage d'un couple en voilier, au bord de la rupture, va précipiter l'histoire à son terme. Mais je vous laisse le plaisir de découvrir la fin de l'album.
Le prix pourrait vous dissuader de l'acheter, autour de trente euros, mais véritablement c'est ce que l'on nomme une oeuvre essentielle, qui ne vous quitte plus ; qui peut être vécue pour ce qu'elle est, l'éprouvante vie d'un homme seul dans un phare, ou bien comme une métaphore de la solitude de l'être humain, que seuls les mots peuvent venir sauver, sinon éviter de sombrer. Tel un phare faisant face à un océan.
Gulzar