Aujourdui, en répondant à l'origine des planètes, nous esquissons le principe de l'orbite satellitaire !
De la formation des planètes
" Mais, dira-t-on, si la comète en tombant obliquement sur le Soleil, en a sillonné la surface & en a fait sortir la matière qui compose les planètes, il paraît que toutes les planètes, au lieu de décrire des cercles dont le soleil est le centre, auraient au contraire à chaque révolution rasé la surface du soleil, & seraient revenues au même point d’où elles étaient parties, comme ferait tout projectile qu’on lancerait avec assez de force d’un point de la surface de la terre, pour l’obliger à tourner perpétuellement ; car il est aisé de démontrer que ce corps reviendrait à chaque révolution au point d’où il auroit été lancé, & dès-lors on ne peut pas attribuer à l’impulsion d’une comète la projection des planètes hors du soleil, puisque leur mouvement autour de cet astre est différent de ce qu’il serait dans cette hypothèse.
A cela je réponds que la matière qui compose les planètes n’est pas sortie de cet astre en globes tout formés, auxquels la comète aurait communiqué son mouvement d’impulsion, mais que cette matière est sortie sous la forme d’un torrent dont le mouvement des parties antérieures a dû être accéléré par celui des parties postérieures ; que d’ailleurs l’attraction des parties antérieures a dû aussi accélérer le mouvement des parties postérieures, & que cette accélération de mouvement, produite par l’une ou l’autre de ces causes, & peut-être par toutes les deux, a pû être telle qu’elle aura changé la première direction du mouvement d’impulsion, & qu’il a pu eu résulter un mouvement tel que nous l’observons aujourd’hui dans les planètes, surtout en supposant que le choc de la comète a déplacé le soleil ; car pour donner un exemple qui rendra ceci plus sensible, supposons qu’on tira du haut d’une montagne une balle de mousquet, & que la force de la poudre fût assez grande pour la pousser au delà du demi-diamètre de la terre, il est certain que cette balle tournerait autour du globe & reviendrait à chaque révolution passer au point d’où elle aurait été tirée ; mais si au lieu d’une balle de mousquet nous supposons qu’on ait tiré une fusée volante où l’action du feu serait durable & accélérerait beaucoup le mouvement d’impulsion, cette fusée, ou plutôt le cartouche qui la contient, ne reviendrait pas au même point, comme la balle de mousquet, mais décrirait un orbe dont le périgée serait d’autant plus éloigné de la terre, que la force d’accélération auroit été plus grande & aurait changé davantage la première direction, toutes choses étant supposées égales d’ailleurs.
Ainsi pourvus qu’il y ait eu de l’accélération dans le mouvement d’impulsion communiqué au torrent de matière par la chute de la comète, il est très possible que les planètes qui se sont formées dans ce torrent, aient acquis le mouvement que nous leur connaissons dans des cercles ou des ellipses dont le soleil est le centre ou le foyer. "