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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 09:29

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Pour aujourd'hui, plongeons au fond des océans...

 

PREUVES DE LA THEORIE DE LA TERRE.
ARTICLE XIII.
Des inégalités du fond de la Mer & des Courants.

" On est donc assuré qu’il y a des inégalités dans le fond de la mer, & des montagnes très considérables, par les observations que les navigateurs ont faites avec la sonde. Les plongeurs assurent aussi qu’il y a d’autres petites inégalités formées par des rochers, & qu’il fait fort froid dans les vallées de la mer ; en général dans les grandes mers les profondeurs augmentent, comme nous l’avons dit, d’une manière assez uniforme, en s’éloignant ou en s’approchant des côtes.
Par la carte que M. Buache a dressée de la partie de l’océan comprise entre les côtes d’Afrique & d’Amérique, & par les coupes qu’il donne de la mer depuis le cap Tagrin jusqu’à la côte de Rio-Grande, il parait qu’il y a des inégalités dans tout l’océan comme sur la terre ; que les abrolhos où il y a des vigies & où l’on voit quelques rochers à fleur d’eau, ne sont que des sommets de très grosses & de très grandes montagnes, dont l’isle Dauphine est une des plus hautes pointes ; que les isles du Cap Verd ne sont de même que des sommets de montagnes ; qu’il y a un grand nombre d’écueils dans cette mer, où l’on est obligé de mettre des vigies, qu’ensuite le terrain tout autour de ces abrolhos, descend jusqu’à des profondeurs inconnues, & aussi autour des isles.

A l’égard de la qualité des différents terrains qui forment le fond de la mer, comme il est impossible de l’examiner de près, & qu’il faut s’en rapporter aux plongeurs & à la sonde, nous ne pouvons rien dire de bien précis ; nous savons seulement qu’il y a des endroits couverts de bourbe & de vase à une grande épaisseur, & sur lesquels les ancres n’ont point de tenue, c’est probablement dans ces endroits que se dépose le limon des fleuves ; dans d’autres endroits ce sont des sables semblables aux sables que nous connaissons, & qui se trouvent de même de différente couleur & de différente grosseur, comme nos sables terrestres ; dans d’autres ce sont des coquillages amoncelés, des madrépores, des coraux & d’autres productions animales, lesquelles commencent à s’unir, à prendre corps & à former des pierres ; dans d’autres ce sont des fragmens de pierre, des graviers, & même souvent des pierres toutes formées & des marbres, par exemple, dans les isles Maldives on ne bâtit qu’avec de la pierre dure, que l’on tire sous les eaux à quelques brasses de profondeur ; à Marseille on tire du très beau marbre du fond de la mer, j’en ai vu plusieurs échantillons, & bien loin que la mer altère & gâte les pierres & les marbres, nous prouverons dans notre discours sur les minéraux, que c’est dans la mer qu’ils se forment & qu’ils se conservent, au lieu que le soleil, la terre, l’air & l’eau des pluies les corrompent & les détruisent.

Nous ne pouvons donc pas douter que le fond de la mer ne soit composé comme la terre que nous habitons, puisqu’en effet on y trouve les mêmes matières, & qu’on tire de la surface du fond de la mer les mêmes choses que nous tirons de la surface de la terre ; & de même qu’on trouve au fond de la mer de vastes endroits couverts de coquillages, de madrépores, & d’autres ouvrages des insectes de la mer, on trouve aussi sur la terre une infinité de carrières & de bancs de craie & d’autres matières remplies de ces mêmes coquillages, de ces madrépores, &c. en sorte qu’à tous égards les parties découvertes du globe ressemblent à celles qui sont couvertes par les eaux, soit pour la composition & pour le mélange des matières, soit par les inégalités de la superficie. "


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