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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 08:33

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Aujourd'hui, il vente...

PREUVES DE LA THEORIE DE LA TERRE.
ARTICLE XIV.

Des Vents Réglés.

" Rien ne parait plus irrégulier & plus variable que la force & la direction des vents dans nos climats, mais il y a des pays où cette irrégularité n’est pas si grande, & d’autres où le vent souffle constamment dans la même direction & presque avec la même force.
Quoique les mouvements de l’air dépendent d’un grand nombre de causes, il y en a cependant de principales dont on peut estimer les effets, mais il est difficile de juger des modifications que d’autres causes secondaires peuvent y apporter.

La plus puissante de toutes ces causes est la chaleur du soleil, laquelle produit successivement une raréfaction considérable dans les différentes parties de l’atmosphère, ce qui fait le vent d’est, qui souffle constamment entre les tropiques, où la raréfaction est la plus grande.
La force d’attraction du soleil, & même celle de la lune sur l’atmosphère, sont des causes dont l’effet est insensible en comparaison de celle dont nous venons de parler ; il est vrai que cette force produit dans l’air un mouvement semblable à celui du flux & du reflux dans la mer, mais ce mouvement n’est rien en comparaison des agitations de l’air qui sont produites par la raréfaction, car il ne faut pas croire que l’air, parce qu’il a du ressort & qu’il est huit cents fois plus léger que l’eau, doive recevoir par l’action de la lune un mouvement de flux fort considérable ; pour peu qu’on y réfléchisse, on verra que ce mouvement n’est guère plus considérable que celui du flux & du reflux des eaux de la mer ; car la distance à la lune étant supposée la même, une mer d’eau ou d’air, ou de telle autre matière fluide qu’on voudra imaginer, aura à peu près le même mouvement, parce que la force qui produit ce mouvement pénètre la matière & est proportionnelle à sa quantité ; ainsi une mer d’eau, d’air ou de vif-argent s’élèverait à peu près à la même hauteur par l’action du soleil & de la lune, & dès-lors on voit que le mouvement que l’attraction des astres peut causer dans l’atmosphère, n’est pas assez considérable pour produire une grande agitation ; & quoiqu’elle doive causer un léger mouvement de l’air d’orient en occident, ce mouvement est tout-à-fait insensible en comparaison de celui que la chaleur du soleil doit produire en raréfiant l’air ; & comme la raréfaction sera toujours plus grande dans les endroits où le soleil est au zénith, il est clair que le courant d’air doit suivre le soleil & former un vent constant & général d’orient en occident : ce vent souffle continuellement sur la mer dans la zone torride, & dans la plupart des endroits de la terre entre les tropiques, c’est le même vent que nous sentons au lever du soleil, & en général les vents d’est sont bien plus fréquents & bien plus impétueux que les vents d’ouest ; ce vent général d’orient en occident s’étend même au delà des tropiques, & il souffle si constamment dans la mer pacifique, que les navires qui vont d’Acapulco aux Philippines, font cette route, qui est de plus de 2700 lieues, sans aucun risque, &, pour ainsi dire, sans avoir besoin d’être dirigez : il en est de même de la mer atlantique entre l’Afrique & le Bresil, ce vent général y souffle constamment. "

...

" Le Docteur Lister, d’ailleurs bon Observateur, prétend que le vent d’est général qui se fait sentir entre les tropiques pendant toute l’année, n’est produit que par la respiration de la plante appellée lentille de mer, qui est extrêmement abondante dans ces climats, & que la différence des vents sur la terre ne vient que de la différente disposition des arbres & des forêts, & il donne très-sérieusement cette ridicule imagination pour cause des vents, en disant qu’à l’heure de midi le vent est plus fort, parce que les plantes ont plus chaud & respirent l’air plus souvent, & qu’il souffle d’orient en occident, parce que toutes les plantes font un peu le tournesol, & respirent toujours du côté du soleil.

D’autres auteurs, dont les vues étaient plus saines, ont donné pour cause de ce vent constant le mouvement de la terre sur son axe, mais cette opinion n’est que spécieuse, & il est facile de faire comprendre aux gens, même les moins initiés en mécanique, que tout fluide qui environnerait la terre, ne pourrait avoir aucun mouvement particulier en vertu de la rotation du globe, que l’atmosphère ne peut avoir d’autre mouvement que celui de cette même rotation, & que tout tournant ensemble & à la fois, ce mouvement de rotation est aussi insensible dans l’atmosphère qu’il l’est à la surface de la terre.

La principale cause de ce mouvement constant est, comme nous l’avons dit, la chaleur du soleil ; on peut voir sur cela le Traité de Halley dans les Trans. philosoph. & en général toutes les causes qui produiront dans l’air une raréfaction ou une condensation considérable, produiront des vents dont les directions seront toujours directes ou opposées aux lieux où sera la plus grande raréfaction ou la plus grande condensation.
La pression des nuages, les exhalaisons de la terre, l’inflammation des météores, la résolution des vapeurs en pluies, &c. sont aussi des causes qui toutes produisent des agitations considérables dans l’atmosphère, chacune de ces causes se combinant de différentes façons, produit des effets différents ; il me parait donc qu’on tenterait vainement de donner une théorie des vents, & qu’il faut se borner à travailler à en faire l’histoire, c’est dans cette vue que j’ai rassemblé des faits qui pourront y servir. "

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