Aujourd'hui, explorons donc les cavernes !
PREUVES DE LA THEORIE DE LA TERRE.
ARTICLE XVII.
Des Isles nouvelles, des Cavernes,
des Fentes perpendiculaires, &c.
" L’eau, comme on l’a vu, a produit les montagnes & formé la plupart des isles, le feu a élevé quelques collines & quelques isles, il en est de même des cavernes, des fentes, des ouvertures, des gouffres, &c. les unes ont pour origine les feux souterrains, & les autres les eaux, tant souterraines que superficielles.
Les cavernes se trouvent dans les montagnes, & peu ou point du tout dans les plaines : il y en a beaucoup dans les isles de l’Archipel, & dans plusieurs autres isles, & cela, parce que les isles ne sont en général, que des dessus de montagnes ; les cavernes se forment, comme les précipices, par l’affaissement des rochers, ou comme les abymes, par l’action du feu ; car pour faire d’un précipice ou d’un abîme une caverne, il ne faut qu’imaginer des rochers contrebutés & faisant voûte par dessus, ce qui doit arriver très souvent lorsqu’ils viennent à être ébranlés & déracinés.
Les cavernes peuvent être produites par les mêmes causes qui produisent les ouvertures,les ébranlements, & les affaissements des terres, & ces causes sont les explosions des volcans, l’action des vapeurs souterraines & les tremblements de terre ; car ils font des bouleversements & des éboulements qui doivent nécessairement former des cavernes & des anfractuosités de toute espèce.
La caverne de saint Patrice en Irlande, n’est pas aussi considérable qu’elle est fameuse, il en est de même de la grotte du chien en Italie, & de celle qui jette du feu dans la montagne de Beni-guazeval au royaume de Fez.
Dans la province de Darby en Angleterre il y a une grande caverne, fort considérable, & beaucoup plus grande que la fameuse caverne de Bauman auprès de la forêt noire, dans le pays de Brunswick. J’ai appris par une personne aussi respectable par son mérite que par son nom (Mylord Comte de Morton) que cette grande caverne, appellée Devel’s-hole, présente d’abord une ouverture fort considérable, comme celle d’une très-grande porte d’église ; que par cette ouverture il coule un gros ruisseau, qu’en avançant, la voûte de la caverne se rabaisse si fort qu’en un certain endroit on est obligé pour continuer sa route, de se mettre sur l’eau du ruisseau dans des baquets fort plats, où on se couche pour passer sous la voûte de la caverne, qui est abaissée dans cet endroit au point que l’eau touche presque à la voûte, mais après avoir passé cet endroit la voûte se relève & on voyage encore sur la rivière jusqu’à ce que la voûte se rabaisse de nouveau & touche à la superficie de l’eau, & c’est-là le fond de la caverne & la source du ruisseau qui en sort ; il grossit considérablement dans de certains temps, & il amène & amoncelle beaucoup de sable dans un endroit de la caverne qui forme comme un cul-de-sac dont la direction est différente de celle de la caverne principale. "