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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 09:02

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Après avoir parcouru le tout premier tome des oeuvres de Buffon abordons logiquement le second, qui s'annonce passionnant !


HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.
CHAPITRE PREMIER.

Comparaison des Animaux et des Végétaux.


"  Dans la foule d’objets que nous présente ce vaste globe dont nous venons de faire la description, dans le nombre infini des différentes productions dont sa surface est couverte et peuplée, les animaux tiennent le premier rang, tant par la conformité qu’ils ont avec nous, que par la supériorité que nous leur connaissons sur les êtres végétales ou inanimés.
Les animaux ont par leurs sens, par leur forme, par leur mouvement, beaucoup plus de rapports avec les choses qui les environnent, que n’en ont les végétaux ; ceux-ci par leur développement, par leur figure, par leur accroissement et par leurs différentes parties ont aussi un plus grand nombre de rapports avec les objets extérieurs, que n’en ont les minéraux ou les pierres, qui n’ont aucune sorte de vie ou de mouvement, et c’est par ce plus grand nombre de rapports que l’animal est réellement au dessus du végétal, et le végétal au dessus du minéral.

Nous-mêmes, à ne considérer que la partie matérielle de notre être, nous ne sommes au dessus des animaux que par quelques rapports de plus, tels que ceux que nous donnent la langue et la main ; et quoique les ouvrages du Créateur soient en eux-mêmes tous également parfaits, l’animal est, selon notre façon d’apercevoir, l’ouvrage le plus complet de la Nature, et l’homme en est le chef-d’œuvre.

En effet, que de ressorts, que de forces, que de machines et de mouvements sont renfermés dans cette petite partie de matière qui compose le corps d’un animal ! que de rapports, que d’harmonie, que de correspondance entre les parties ! combien de combinaisons, d’arrangements, de causes, d’effets, de principes, qui tous concourent au même but, et que nous ne connaissons que par des résultats si difficiles à comprendre, qu’ils n’ont cessé d’être des merveilles que par l’habitude
que nous avons prise de n’y point réfléchir !

Cependant, quelqu’admirable que cet ouvrage nous paraisse, ce n’est pas dans l’individu qu’est la plus grande merveille, c’est dans la succession, dans le renouvellement et dans la durée des espèces que la Nature paroît tout-à-fait inconcevable. Cette faculté de produire son semblable, qui réside dans les animaux et dans les végétaux, cette espèce d’unité toujours subsistante et qui parait éternelle, cette vertu procréatrice qui s’exerce perpétuellement sans se détruire jamais, est pour nous un mystère dont il semble qu’il ne nous est pas permis de sonder la profondeur.

Car la matière inanimée, cette pierre, cette argile qui est sous nos pieds, a bien quelques propriétés, son existence seule en suppose un très grand nombre, et la matière la moins organisée ne laisse pas que d’avoir, en vertu de son existence, une infinité de rapports avec toutes les autres parties de l’Univers. Nous ne dirons pas, avec quelques Philosophes, que la matière, sous quelque forme qu’elle soit, connaît son existence et ses facultés relatives ; cette opinion tient à une question de Métaphysique que nous ne nous proposons pas de traiter ici, il nous suffira de faire sentir que n’ayant pas nous-mêmes la connoissance de tous les rapports que nous pouvons avoir avec les objets extérieurs, nous ne devons pas douter que la matière inanimée n’ait infiniment moins de cette connoissance, et que d’ailleurs nos sensations ne ressemblant en aucune façon aux objets qui les causent, nous devons conclurre par analogie que la matière inanimée n’a ni sentiment, ni sensation, ni conscience d’existence, et que de lui attribuer quelques-unes de ces facultés, ce serait lui donner celle de penser, d’agir et de sentir à peu près dans le même ordre et de la même façon que nous pensons, agissons et sentons, ce qui répugne autant à la raison qu’à la religion.

Nous devons donc dire qu’étant formés de terre et composés de poussière, nous avons en effet avec la terre et la poussière des rapports communs qui nous lient à la matière en général, tels sont l’étendue, l’impénétrabilité, la pesanteur, etc. mais comme nous n’apercevons pas ces rapports purement matériels, comme ils ne font aucune impression au dedans de nous-mêmes, comme ils subsistent sans notre participation, et qu’après la mort ou avant la vie ils existent et ne nous affectent point du tout, on ne peut pas dire qu’ils fassent partie de notre être, c’est donc l’organisation, la vie, l’âme, qui fait proprement notre existence ; la matière considérée sous ce point de vue, en est moins le sujet que l’accessoire, c’est une enveloppe étrangère dont l’union nous est inconnue et la présence nuisible, et cet ordre de pensées qui constitue notre être, en est peut-être tout-à-fait indépendant. "


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