Aujourd'hui, nous verrons que malgré l'absence de réponses génétiques pour l'époque, les questions sont remarquablement posées...
HISTOIRE NATURELLE.
HISTOIRE DES ANIMAUX.
CHAPITRE II.
De la Reproduction en général.
" Il me paraît donc très vraisemblable par les raisonnements que nous venons de faire, qu’il existe réellement dans la Nature une infinité de petits êtres organisés, semblables en tout aux grands êtres organisés qui figurent dans le monde, que ces petits êtres organisés sont composés de parties organiques vivantes qui sont communes aux animaux et aux végétaux, que ces parties organiques sont des parties primitives et incorruptibles, que l’assemblage de ces parties forme à nos yeux des êtres organisés, et que par conséquent la reproduction ou la génération n’est qu’un changement de forme qui se fait et s’opère par la seule addition de ces parties semblables, comme la destruction de l’être organisé se fait par la division de ces mêmes parties. On n’en pourra pas douter lorsqu’on aura vu les preuves que nous en donnons dans les chapitres suivants ; d’ailleurs, si nous réfléchissons sur la manière dont les arbres croissent, et si nous examinons comment d’une quantité qui est si petite ils arrivent à un volume si considérable, nous trouverons que c’est par la simple addition de petits êtres organisés semblables entre eux et au tout.
La graine produit d’abord un petit arbre qu’elle contenait en raccourci, au sommet de ce petit arbre il se forme un bouton qui contient le petit arbre de l’année suivante, et ce bouton est une partie organique semblable au petit arbre de la première année ; au sommet du petit arbre de la seconde année il se forme de même un bouton qui contient le petit arbre de la troisième année, et ainsi de suite tant que l’arbre croît en hauteur, et même tant qu’il végète, il se forme à l’extrémité de toutes les branches, des boutons qui contiennent en raccourci de petits arbres semblables à celui de la première année : il est donc évident que les arbres sont composés de petits êtres organisés semblables, et que l’individu total est formé par l’assemblage d’une multitude de petits individus semblables.
Mais, dira-t-on, tous ces petits êtres organisés semblables étaient-ils contenus dans la graine, et l’ordre de leur développement y était-il tracé ? car il paraît que le germe qui s’est développé la première année, est surmonté par un autre germe semblable, lequel ne se développe qu’à la seconde année, que celui-ci l’est de même d’un troisième qui ne se doit développer qu’à la troisième année, et que par conséquent la graine contient réellement les petits êtres organisés qui doivent former des boutons ou de petits arbres au bout de cent et de deux cens ans, c’est-à-dire, jusqu’à la destruction de l’individu ; il paraît de même que cette graine contient non seulement tous les petits êtres organisés qui doivent constituer un jour l’individu, mais encore toutes les graines, tous les individus, et toutes les graines des graines, et toute la suite d’individus jusqu’à la destruction de l’espèce.
C’est ici la principale difficulté et le point que nous allons examiner avec le plus d’attention. "