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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 12:46

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Aujourd'hui, nous finirons d'explorer les mystères de la liqueur séminale, où sexe et nourriture sont étroitement mêlés...

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la génération des Animaux.



" Ensuite, comme toute la masse du sang passe plusieurs fois dans toute l’habitude du corps, je conçois que dans ce mouvement de circulation continuelle chaque partie du corps attire à soi les molécules les plus analogues, et laisse aller
celles qui le sont le moins ; de cette façon toutes les parties se développent et se nourrissent, non pas, comme on le dit ordinairement, par une simple addition de parties et par une augmentation superficielle, mais par une pénétration intime, produite par une force qui agit dans tous les points de la masse ; et lorsque les parties du corps sont au point de développement nécessaire, et qu’elles sont presque entièrement remplies de ces molécules analogues, comme leur substance est devenue plus solide, je conçois qu’elles perdent  la faculté d’attirer ou de recevoir ces molécules, et alors la circulation continuera de les emporter et de les présenter successivement à toutes les parties du corps, lesquelles ne pouvant plus les admettre, il est nécessaire qu’il s’en fasse un dépôt quelque part, comme dans les testicules et les vésicules séminales.

Ensuite cet extrait du mâle étant porté dans l’individu de l’autre sèxe, se mêle avec l’extrait de la femelle, et par une force semblable à la première, les molécules qui se conviennent le mieux, se réunissent et forment par cette réunion un petit corps organisé semblable à l’un ou à l’autre de ces individus, auquel il ne manque plus que le développement qui se fait ensuite dans la matrice de la femelle.

...

Une seconde analogie, c’est que la nutrition et la reproduction sont toutes deux non seulement produites par la même cause efficiente, mais encore par la même cause matérielle ; ce sont les parties organiques de la nourriture qui servent à toutes deux, et la preuve que c’est le superflu de la matière qui sert au développement qui est le sujet matériel de la reproduction, c’est que le corps ne commence à être en état de produire que quand il a fini de croître, et l’on voit tous les jours dans les chiens et les autres animaux, qui suivent plus exactement que nous les loix de la Nature, que tout leur accroissement est pris avant qu’ils cherchent à se joindre, et dès que les femelles deviennent en chaleur ou que les mâles commencent à chercher la femelle, leur développement est achevé en entier, ou du moins presqu’en entier, c’est même une remarque pour connaître si un chien grossira ou non, car on peut être assuré que s’il est en état d’engendrer, il ne croîtra presque plus.

Une troisième raison qui me paraît prouver que c’est le superflu de la nourriture qui forme la liqueur séminale, c’est que les eunuques et tous les animaux mutileés grossissent plus que ceux auxquels il ne manque rien, la surabondance de la nourriture ne pouvant être évacuée faute d’organes, change l’habitude de leurs corps, les hanches et les genoux des eunuques grossissent, la raison m’en paraît évidente ; après que leur corps a pris l’accroissement ordinaire, si les molécules organiques superflues trouvoient une issue, comme dans les autres hommes, cet accroissement n’augmenterait pas davantage, mais comme il n’y a plus d’organes pour l’émission de la liqueur séminale, cette même liqueur, qui n’est que le superflu de la matière qui servait à l’accroissement, reste et cherche encore à développer davantage les parties : or on sait que l’accroissement des os se fait par les extrémités qui sont molles et spongieuses, et que quand les os ont une fois pris de la solidité, ils ne sont plus susceptibles de développement ni d’extension, et c’est par cette raison que ces molécules superflues ne continuent à développer que les extrémités spongieuses des os, ce qui fait que les hanches, les genoux, etc. des eunuques grossissent considérablement, parce que les extrémités sont en effet les dernières parties qui s’ossifient.

Mais ce qui prouve plus fortement que tout le reste la vérité de notre explication, c’est la ressemblance des enfans à leurs parens ; le fils ressemble, en général, plus à son père qu’à sa mère, et la fille plus à sa mère qu’à son père, parce qu’un homme ressemble plus à un homme qu’à une femme, et qu’une femme ressemble plus à une femme qu’à un homme pour l’habitude totale du corps, mais pour les traits et pour les habitudes particulières, les enfans ressemblent tantôt au père, tantôt à la mère, quelquefois même ils ressemblent à tous deux ; ils auront, par exemple, les yeux du père et la bouche de la mère, ou le teint de la mère et la taille du père, ce qu’il est impossible de concevoir, à moins d’admettre que les deux parens ont contribué à la formation du corps de l’enfant, et que par conséquent il y a eu un mélange des deux liqueurs séminales.

....

Comme les femmes sont plus petites et plus foibles que les hommes, qu’elles sont d’un tempérament plus délicat et qu’elles mangent beaucoup moins, il est assez naturel d’imaginer que le superflu de la nourriture n’est pas aussi abondant dans les femmes que dans les hommes, sur-tout ce superflu organique qui contient une si grande quantité de matière essentielle, dès-lors elles auront moins de liqueur séminale, cette liqueur sera aussi plus foible et aura moins de substance que celle de l’homme ; et puisque la liqueur séminale des femelles contient moins de parties organiques que celle des mâles, ne doit-il pas résulter du mélange des deux liqueurs un plus grand nombre de mâles que de femelles ? c’est aussi ce qui arrive, et dont on croyait qu’il était impossible de donner une raison. Il naît environ un seizième d’enfants mâles de plus que de femelles, et on verra dans la suite que la même cause produit le même effet dans toutes les espèces d’animaux sur lesquelles on a pû faire cette observation.  "

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