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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 19:19

banniere buffon internet

 

 

 

Aujourd'hui, découvrons le bon usage du microscope de M. Needham. Si vous avez déjà eu la chance d'en utiliser un, vous y retrouverez à trois siècles de distance les mêmes consignes et caractéristiques...

 

 

CHAPITRE VI.

Expériences au sujet de la génération.

 

 

 

Les personnes qui ne sont pas fort habituées à se servir du microscope, trouveront bon que je mette ici quelques remarques qui leur seront utiles lorsqu’elles voudront répéter ces expériences ou en faire de nouvelles. 

On doit préférer les microscopes doubles dans lesquels on regarde les objets du haut en bas, aux microscopes simples et doubles dans lesquels on regarde l’objet contre le jour et horizontalement ; ces microscopes doubles ont un miroir plan ou concave qui éclaire les objets par dessous : on doit se servir par préférence, du miroir concave, lorsqu’on observe avec la plus forte lentille. Leeuwenhoek qui sans contredit a été le plus grand et le plus infatigable de tous les observateurs au microscope, ne s’est cependant servi, à ce qu’il parait, que de microscopes simples, avec lesquels il regardait les objets contre le jour ou contre la lumière d’une chandelle ; si cela est, comme l’estampe qui est à la tête de son livre parait l’indiquer, il a fallu une assiduité et une patience inconcevables pour se tromper aussi-peu qu’il l’a fait sur la quantité presqu’infinie de choses qu’il a observées d’une manière si désavantageuse. 

Il a légué à la Société de Londres tous ses microscopes, M. Needham m’a assuré que le meilleur ne fait pas autant d’effet que la plus forte lentille de celui dont je me suis servi, et avec laquelle j’ai fait toutes mes observations ; si cela est, il est nécessaire de faire remarquer que la plupart des gravures que Leeuwenhoek a données des objets microscopiques, sur-tout celles des animaux spermatiques, les représentent beaucoup plus gros et plus longs qu’il ne les a vus réellement.

...

Ce qui rend les microscopes dont nous parlons,  préférables à ceux avec lesquels on est obligé de regarder les objets contre le jour, c’est qu’ils sont plus stables que ceux-ci, le mouvement de la main avec laquelle on tient le microscope, produisant un petit tremblement qui fait que l’objet parait vacillant et ne présente jamais qu’un instant la même partie. 

Outre cela, il y a toujours dans les liqueurs un mouvement causé par l’agitation de l’air extérieur, soit qu’on les observe à l’un ou à l’autre de ces microscopes, à moins qu’on ne mette la liqueur entre deux plaques de verre ou de talc très-minces, ce qui ne laisse pas de diminuer un peu la transparence, et d’allonger beaucoup le travail manuel de l’observation ; mais le microscope qu’on tient horizontalement, et dont les porte-objets sont verticaux, a un inconvénient de plus, c’est que les parties les plus pesantes de la liqueur qu’on observe, descendent au bas de la goutte par leur poids, par conséquent il y a trois mouvements, celui du tremblement de la main, celui de l’agitation du fluide par l’action de l’air, et encore celui des parties de la liqueur qui descendent en bas. et il peut résulter une infinité de méprises de la combinaison de ces trois mouvements, dont la plus grande et la plus ordinaire est de croire que de certains petits globules qu’on voit dans ces liqueurs, se meuvent par un mouvement qui leur est propre et par leurs propres forces, tandis qu’ils ne font qu’obéir à la force composée de quelques-unes des trois causes dont nous venons de parler.

 

Lorsqu’on vient de mettre une goutte de liqueur sur leporte-objet du microscope double dont je me suis servi, quoique ce porte-objet soit posé horizontalement, et par conséquent dans la situation la plus avantageuse ; on ne laisse pas de voir dans la liqueur un mouvement commun qui entraîne du même côté tout ce qu’elle contient : il faut attendre que le fluide soit en équilibre et sans mouvement pour observer, car il arrive souvent que comme ce mouvement du fluide entraîne plusieurs globules et qu’il forme une espèce de courant dirigé d’un certain côté, il se fait ou d’un côté ou de l’autre de ce courant, et quelquefois de tous les deux, une espèce de remous qui renvoie quelques uns de ces globules dans une direction très différente de celle des autres.

L’œil de l’observateur se fixe alors sur ce globule qu’il voit suivre seul une route différente de celle des autres, et il croit voir un animal, ou du moins un corps qui se meut de soi-même, tandis qu’il ne doit son mouvement qu’à celui du fluide ; et comme les liqueurs sont sujettes à se dessécher et à s’épaissir par la circonférence de la goutte, il faut tâcher de mettre la lentille au dessus du centre de la goutte, et il faut que la goutte soit assez grosse et qu’il y ait une aussi grande quantité de liqueur qu’il se pourra, jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que si on en prenait davantage il n’y aurait plus assez de transparence pour bien voir ce qui y est.

 

Avant que de compter absolument sur les observations qu’on fait, et même avant que d’en faire, il faut bien connaitre son microscope ; il n’y en a aucun dans les verres desquels il n’y ait quelques taches, quelques bulles, quelques fils, et d’autres défectuosités qu’il faut reconnoître exactement, afin que ces apparences ne se présentent pas comme si c’était des objets réels et inconnus ; il faut aussi apprendre à connaitre l’effet que fait la poussière imperceptible qui s’attache aux verres du microscope ; on s’assurera du produit de ces deux causes en observant son microscope à vuide un grand nombre de fois.

 

Pour bien observer, il faut que le point de vue ou le foyer du microscope ne tombe pas précisément sur la surface de la liqueur, mais un peu au dessous. 

On ne doit pas compter autant sur ce que l’on voit se passer à la surface, que sur ce que l’on voit à l’intérieur de la liqueur ; il y a souvent des bulles à la surface qui ont des mouvements irréguliers qui sont produits par le contact de l’air.

On voit beaucoup mieux à la lumière d’une ou de deux bougies basses, qu’au plus grand et au plus beau jour, pourvû que cette lumière ne soit point agitée, et pour éviter cette agitation, il faut mettre une espèce de petit paravent sur la table, qui enferme de trois côtés les lumières et le microscope.

 

On voit souvent des corps qui paraissent noirs et opaques, devenir transparents, et même se peindre de différentes couleurs, ou former des anneaux concentriques et coloész, ou des iris sur leur surface, et d’autres corps qu’on a d’abord vu transparens ou colorez, devenir noirs et obscurs ; ces changements ne sont pas réels, et ces apparences ne dépendent que de l’obliquité sous laquelle a lumière tombe sur ces corps, et de la hauteur du plan dans lequel ils se trouvent.

Lorsqu’il y a dans une liqueur des corps qui se meuvent avec une grande vitesse, sur-tout lorsque ces corps sont à la surface, ils forment par leur mouvement une espèce de sillon dans la liqueur, qui parait suivre le corps en mouvement, et qu’on serait porté à prendre pour une queue ; cette apparence m’a trompé quelquefois dans les commencemens, et j’ai reconnu bien clairement mon erreur, lorsque ces petits corps venaient à en rencontrer d’autres qui les arrêtaient, car alors il n’y avoit plus aucune apparence de queue. 

 

Ce sont-là les petites remarques que j’ai faites, et que j’ai cru devoir communiquer à ceux qui voudraient faire usage du microscope sur les liqueurs.

 

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