Aujourd'hui, suite des expériences sur le chien, sacrifié à la science. C'est technique et fascinant à la fois, la description n'entraînant pas une réelle compréhension... Mais l'on s'approche du mystère testiculaire...
CHAPITRE VI.
Expériences au sujet de la génération.
PREMIERE EXPERIENCE.
XIII.
Le petit verre qui contenait cette liqueur ayant été renversé par accident, je pris une troisième fois de la liqueur du même chien ; mais soit qu’il fut fatigué par des émissions trop réitérées, soit par d’autres causes que j’ignore, la liqueur séminale ne contenait rien du tout, elle étoit transparente et visqueuse comme la lymphe du sang, et l’ayant observée dans le moment et une heure, deux heures, trois heures et jusqu’à vingt-quatre heures après, elle n’offrit rien de nouveau, sinon beaucoup de gros globules obscurs, il n’y avait aucun corps mouvant, aucun mucilage, rien, en un mot, de semblable à ce que j’avais vu les autres fois.
XIV.
Je fis ensuite ouvrir un chien et je fis séparer les testicules et les vaisseaux qui y étoient adhérents, pour répéter les mêmes observations, mais je remarquai qu’il n’y avait point de vésicules séminales, et apparemment dans ces animaux la semence passe directement des testicules dans l’urètre.
Je ne trouvai que très peu de liqueur dans les testicules, quoique le chien fût adulte et vigoureux, et qu’il ne fût pas encore mort dans le temps que l’on cherchait cette liqueur. J’observai au microscope la petite quantité que je pus ramasser avec le gros bout d’un cure-dent ; il n’y avait point de corps en mouvement semblables à ceux que j’avais vus auparavant, on y voyoit seulement une grande quantité de très-petits globules dont la plupart étaient sans mouvement, et dont quelques-uns, qui étaient les plus petits de tous, avaient entr’eux différents petits mouvements d’approximation que je ne pus pas suivre, parce que les gouttes de liqueur que je pouvais ramasser, étaient si petites qu’elles se desséchoient deux ou trois minutes après qu’elles avaient été mises sur le porte-objet.
XV.
Ayant mis infuser les testicules de ce chien, que j’avais fait couper chacun en deux parties, dans un bocal de verre où il y avoit assez d’eau pour les couvrir, et ayant fermé exactement ce bocal, j’ai observé trois jours après cette infusion que j’avais faite dans le dessein de reconnaitre si la chair ne contient pas des corps en mouvement ; je vis en effet dans l’eau de cette infusion une grande quantité de corps mouvants de figure globuleuse et ovale, et semblables à ceux que j’avais vus dans la liqueur séminale du chien, à l’exception qu’aucun de ces corps n’avait de filets ; ils se mouvaient en tout sens, et même avec assez de vîtesse.
J’observai long-temps ces corps qui paraissaient animés, j’en vis plusieurs changer de figure sous mes yeux, j’en vis qui s’alongeaient, d’autresqui se raccourcissaient, d’autres, et cela fréquemment, qui se gonflaient aux deux extrémités ; presque tous paraissaient tourner sur leur centre, il y en avait de plus petits et de plus gros, mais tous étoient en mouvement, et à les prendre en totalité, ils étoient de la grosseur et de la figure de ceux que j’ai décrits dans la IVe expérience.
XVI.
Le lendemain le nombre de ces globules mouvants était encore augmenté, mais je crus m’apercevoir qu’ils étaient plus petits ; leur mouvement était aussi plus rapide et encore plus irrégulier, ils avaient une autre apparence pour la forme et pour l’allure de leur mouvement, qui paraissait être plus confus ; le sur-lendemain et les jours suivants il y eut toujours des corps en mouvement dans cette eau, jusqu’au vingtième jour ; leur grosseur diminuait tous les jours, et enfin diminua si fort que je cessai de les apercevoir uniquement à cause de leur petitesse, car le mouvement n’avait pas cessé, et les derniers que j’avais beaucoup de peine à apercevoir au dix neuvième et vingtième jour, se mouvaient avec autant et même plus de rapidité que jamais. Il se forma au dessus de l’eau une espèce de pellicule qui ne paraissait composée que des enveloppes de ces corps en mouvement, et dont toute la substance paraissait être un lacis de tuyaux, de petits filets, de petites écailles, etc. toutes sans aucun mouvement ; cette pellicule et ces corps mouvants n’avaient pu venir dans la liqueur par le moyen de l’air extérieur, puisque le bocal avait toujours été très soigneusement bouché.