Bonjour à toutes et tous !
Courte chronique de bandes dessinées pour aujourd'hui !
Plus particulièrement consacrée à deux albums rares et précieux, qui ont en commun de ne comporter aucun dialogues, du moins écrits.
Il s'agit de No Comment d'Yvan Brun, aux éditions Drugstore
Cet album nous raconte le monde actuel, avec une rare cruauté, sans grand espoir... Alternant planches pleines page et découpage en petites cases, nous assistons ébahis, dégoûtés ou à peine surpris aux agissements de nos contemporains, plutôt asiatiques. Les bulles sont toujours présentes, mais le langage humain est remplacé par des icônes, des logotypes, des logos commerciaux !
Principe repris également par un autre excellent auteur, Brüno, qui a d'ailleurs revu 20 000 lieux sous les mers dans son Nemo en quatre tomes, vivement conseillé aussi !!!
Attention, le livre n'est pas à mettre entre les mains des enfants ! Mais vous découvrirez un grand auteur de BD, peintre également, également édité chez Tanibis et aux Requins Marteaux.
Le second album absolument formidable, d'une rare force graphique est
Là où vont nos pères de Shaun Tan, aux éditions Dargaud
Cet auteur australien évoque à travers une histoire sans paroles les migrants, quittant un pays sombre, menaçant, pour un pays luxuriant, où d'étranges animaux de compagnies le attendent...
C'est véritablement un album extraordinaire, une oeuvre graphique à conserver dans sa bibliothèque, à offrir aux gens que vous aimez ! Chaque personnage, scénette sont travaillés pour nous faire ressentir toute la gravité de la situation.
Pourtant, c'est également un album optimiste, qui fait l'éloge de l'émigration, lui donne son sens. L'ailleurs est nécessaire, indispensable, sous peine de mourir... C'est évidemment une parabole de l'Australie contemporaine, terre d'émigration.
Je vous mets encore une planche, lors de l'arrivée du père de famille...
Ensuite, vous devrez acheter le livre, ou le trouver en bibliothèque !!!
Au-delà de ma recherche assoiffée de récits et d'histoires de qualité, ces deux albums sans paroles, et son principe même, sont troublants pour moi en tant qu'auteur de textes....
Quel serait le pendant écrit d'histoires sans paroles ? Un récit sans dialogues paraît la réponse évidente ! Mais je crois qu'il est encore possible d'aller plus loin... Peut-on supprimer des descriptions physiques des personnages, des paysages, des véhicules ? peut-on définir des personnages sans évoquer jamais leurs sentiments ? Ou bien alors sans décrire leurs actions ? Est-ce même possible ?
Je pense bien sûr alors au roman La disparition de Georges Perec, sans la lettre E, véritable exploit physique d'écrivain !
Que faut-il supprimer de ce qui est banal en littérature pour emmener le lecteur ailleurs ? Vaste question !
A bientôt, avec d'autres albums de bandes dessinées !
Gulzar