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28 août 2010 6 28 /08 /août /2010 10:13

Bonjour à toutes et à tous.

 

Chronique aujourd'hui sur un film des années 70, Capricorn one de Peter Hyams, un fable spatiale sur le mensonge, un film découvert grâce à mes recherches sur les sites de cinéma SF et Fantastique. Utile travail donc, puisque ce film, même naïf sous certains aspects de scénario, est tout de même sacrément intéressant et jouissif...


capricorn one

 

Petit résumé, comme à l'habitude. Paniqué à l'idée de voir la première mission humaine en direction de Mars échoué, le gouvernement état-unien décide quelques minutes avant le lancement de sortir l'équipage de trois hommes de leur cockpit, puis de simuler leur mission depuis la Terre, dans un studio reproduisant la surface martienne. Forcés et contraints, les trois astronautes acceptent de jouer le jeu...

Dans le même temps, un journaliste enquête, alerté par un ingénieur de la NASA trouvant suspect certaiens données provenant du vaisseau. L'ingénieur disparaît, ne semble jamais avoir existé...

Petit souci, une défaillance technique dans la rentrée dans l'atmosphère fait que la capsule brûle. Les trois astronautes sont donc censés désormais être morts, et non pas discrètement remis dans la capsule vide en pleine mer...

Conscients qu'ils vont être tuer, ils s'échappent du studio, perdu en plein désert. Vont-ils réussir à crier la vérité au peuple, dénoncer ce complot, le plus grand mensonge de tous les temps comme le proclame la jaquette du dvd français ?

 

*

 

Sur ce scénario palpitant, Peter Hyams a réussi un sacré film de SF, qui finalement ne tourne pas tant sur le voyage sur Mars que sur l'orgueil, les raisons politiques qui président à un tel voyage. L'on sait que des sondes, des satellites, des robots suffissent amplement à nous ramener de la connaissance. Planter un drapeau sur Mars n'est utile que symboliquement, ici dans une rivalité avec l'URSS, qui se lance elle aussi dans la course vers la planète rouge, après celle de la Lune.

Le contexte politique est donc très crédible, entraînant la peur panique de perdre cette fameuse course... D'ou le mensonge télévisuel !

La reprise des images réelles de Saturne V, fusée utilisée pour le programme Apollo, n'a rien d'incongru, puisque son concepteur, Von Braun, l'avait aussi conçue pour envoyer un vaisseau vers Mars, prolongement de la conquête lunaire.

 

D'un autre côté, le film est par certains aspects étrangement, presque poétiquement invraisemblable ! Deux exemples. Le vaisseau pour aller vers Mars, pour se poser à sa surface est exactement le même que celui du programme Apollo ! Hors le LEM n'est absolument pas prévu pour se poser sur une planète venteuse ! Evidemment, il a suffit de reprendre pour le film des maquettes existantes , ce qui a réduit son budget...

Mais symboliquement, cela fonctionne ! Nous sommes ramenés sur la Lune, à toutes ces rumeurs qui dénoncent une supercherie... Tout le programme lunaire états-uniens aurait été filmé en studio... Pur délire. Il suffit de vérifier les milliards de dollars votés par le Congrés pour ne plus douter de la réalité du programme, au cas où les images mentiraient...


capricorn-one plateau

Plus embêtant, les comploteurs de Capricorn one ne diffusent aucune images du voyage, sinon durant le court séjour sur Mars, et quelques images avant le retour sur Terre. C'est bien sûr impossible, inadmissible pour les téléspectateurs, qui resteraient sans images durant des mois !

 

*


Le film réduit donc le séjour sur Mars à quelques heures, ce qui est impossible, pour une réelle mission ! L'on sait que les humains se rendant sur Mars dans l'état de la propulsion spatiale actuelle devront y rester des mois ! Ou bien alors rester en orbite martienne.

 

Mais c'est là ou Peter Hyams est très fort. Il connaît évidemment les incohérences techniques de son histoire, pourtant, il a su les dépasser !

Ce désert mortel pour tout humain, cette immensité effrayante et hostile, sans vie, le réalisateur nous l'offre, mais sur Terre.

Evadés du studio d'où proviennent les fausses images de leur voyage, les trois astronautes volent un avion, atterrissent en plein désert. Là, ils se séparent, pour avoir plus de chance que l'un d'eux gagnent la civilisation.

 

Commence alors une traque très bien filmée, comme le film entier d'ailleurs. Peter Hyams réussi à donner aux hélicoptères de recherche un comportement animal, assez effrayant, sans que l'on voit jamais les pilotes. Les trois hommes épuisés, déshydratés, luttent pour leur survie...

 

capricorn one fuite

 

Peu importe la fin du film désormais. L'essentiel est dit.

Certes le film est peu vraisemblable, non pas sur les motivations humaines et politiques, mais sur la terrible difficulté de réaliser une telle entreprise, un tel mensonge total, laissant l'intégralité du personnel de la NASA dans l'ignorance ! 

 

Invraisemblable, dans les années 70.

 

Car qu'en est-il aujourd'hui, dans trente ans ? Des techniques de fabrication d'images ultra sophistiquées sont déjà opérantes dans notre vie quotidienne, dépassant les possibiltés déjà bien connues de retouches photographiques.

Un exemple ? Il existe un logiciel permettant de modifier en temps réel les panneaux publicitaires au bord des stades, afin de les adaptés aux différents publics qui regardent le même match sur la terre entière.

Il existe aussi des films de fiction, où distinguer un humain de son avatar devient difficile...

 

Tout sera possible dans un proche ou lointain avenir. Donc tout arrivera.

 

Un autre film plus récent, que je n'ai pas encore visionné, Simone, d'Andrew Nicholl, traite du sujet, la fabrication d'être humains virtuels à l'image.

 

*

Toutefois, au-delà de la problématique angoissante de la fausse ou vraie image, la morale du film est assez puissante, bien dans la tradition état-unienne de méfiance vis à vis des dirigeants de Washington. Ce n'est pas le voyage vers Mars qui est dangereux, c'est le gouvernement !


*

Si vous n'avez pas visionné ce film, ou si vous en avez juste entendu parlé, je vous conseille de le voir ! Malgré donc certaines invraisemblances de scénario, ce film annonce des mensonges à venir... Peter Hyams est un visionnaire, au-delà du pur plaisir que procure Capricorn one.

 

A bientôt, avec deux films politiques italiens récents dont j'écris les chroniques ! Il est vrai que la politique, italienne ou pas, réinvente sans cesse l'invraisemblable, pulvérisant le réel aussi bien que de la SF...

Gulzar

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commentaires

H
Un film à découvrir apparemment !
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