Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 09:48

Bonsoir à toutes et tous !

Cette semaine, j'ai visité pas mal de site consacré au cinéma, et trouver une vingtaine de films de SF, ou approchant. J'ai communiqué la liste à la bibliothèque de mon quartier pour qu'ils les achètent ! Autant que tout le monde en profite... Je fais de même avec des BD ou des romans. Les bibliothécaires sont déjà très cultivé(e)s en général, mais ils apprécient les bonnes idées, les goûts des emprunteurs.
N'hésitez pas vous aussi  à faire votre liste !

En attendant l'arrivée de raretés, j'ai emprunté "A scanner darkly" réalisé par Richard Linklater d'après "Substance mort" de K.Dick. le traitement est original, de la pellicule peinte apparemment.


 Ce film m'évoque plus généralement le plaisir et la difficulté de traiter la littérature de SF au cinéma. Sujet qui m'intéresse au plus au point, car à partir de 36, quai du Futur, je commence à sélectionner certains thèmes, certaines nouvelles dont je sens la portée cinématographique.
Je vois mon métier au-delà du mot "écrivain". Fondamentalement, je raconte  des histoires, qui peuvent être une nouvelle, une novela, un roman, un film.

L'une des étapes de mon travail est donc de noter toutes idées de films par de petites fiches, de légers synopsis, sans aller jusqu'au scénario de long métrage. Des idées susceptibles d'être acceptées et financées en France surtout !!!

Peu de lieux, d'acteurs, un sujet qui traite des rapports amoureux, des femmes, de la beauté... Mais de la vraie SF !! Il faut être malin, tenir compte de l'aversion d'une large partie de nos compatriotes pour l'Anticipation...
Restons bien parisien, coulons-nous dans la société existante, et peut-être il deviendra possible de financer de la SF cinématographique en France...
Je vous recommande chaudement dans cette démarche le récent "Renaissance".

Je me suis préparé à la partie cinéma de mon métier d'écrivain SF en écrivant et réalisant déjà quelques courts-métrages. Rien ne faut le terrain pour apprendre !
Fondamentalement, je crois vraiment qu'un écrivain ne doit pas avoir peur de l'image, en tous cas artistique !
Quand on a peur, on est déjà mort...

 

Mais passons au film !
A Scanner darkly de Richard Linklater, de 2006, chez Warner.

Première précision, je n'ai pas lu encore "Substance mort" dont est tiré le film ! J'ai lu pas mal de nouvelles et 4, 5 romans de Dick, mais pas encore celui-là...
Impossible donc pour moi de comparer livre et film, mais je connais tout de même l'univers de cet auteur, furieusement loin de tout Space Opéra, ce que j'apprécie particulièrement.

Bon. autant vous le dire tout de suite, le héros, policier à la brigade des stups luttant contre la drogue M, est joué par Keanu Reeves...
Non que ce soit un mauvais acteur, mais on a l'impression qu'il est dans tous les films SF à grand spectacle !

Sauf que pour une fois, "A Scanner darkly" n'est pas un film à grand spectacle. Il faut être très attentif, très concentré pour le savourer.
L'histoire est assez simple dans son principe, mais asez vertigineux dans son principe. Un agent des stups se surveille lui-même, car ami de traficants minables, et est manipuler par son supérieur dont il ne connaît pas l'identité, mais que nous connaîtrons à la fin. Chaque agent des stups porte une tenue qui les rend impossible de les identifier...

Et le grand intérêt de ce film, son idée centrale, est que l'image pelicule est peinte. Nous avons donc une peinture animé, chaque plan, chaque décor, chaque personnage étant redessiné à grands traits noirs, d'aplats de couleurs. C'est en quelque sorte la même méthode que pour les personnages de TRON, mais réalisé plus finement à l'ordinateur, et non à la main par des centaines de dessinateurs !

Le résultat n'est pas forcément immédiatemment séduisant. L'on perd un peu le jeu des acteurs. Mais très vite, le sens de ce travail apparaît sur les tenues furtives des agents des stups. En effet, loin de tous effets numériques, le dessin permet de faire changer le visage, les vêtements toutes les secondes ! C'est assez fascinant comme perte de repères, on retrouve là l'univers trouble de Dick !

La forme visuelle du film permet donc de ne pas trop perdre de la littérature. Et c'est appréciable ! L'on ne se retrouve pas avec un film sur la drogue, vaguement SF avec deux trois gadgets...
Mais avec un film étrange, proche de notre univers, mais "autre" tout de même. Oeuvre intéressante donc. Qui arrive à assumer le fait qu'un film, ou un livre, doit séduire, mais que vu le fond de l'histoire pessimiste, cynique, l'oeuvre ne peut être purement dans la séduction, mais aussi dans la révulsion. Ce qui n'a rien d'évident !
Lovercraft est dans la révulsion, King nettement plus dans la séduction par exemple. C'est vraiment sensible.

Et le fait de cacher, de repousser l'humain derrière une peinture, un masque, est vraiment angoissant. Le côté BD au bout du compte ne rend pas le film "sympa", mais "vilain"...

Un vilain film pour une vilaine histoire. Comme Shelby ou K.Dick savent en écrire...

Je me pose aussi souvent la question sur l'écriture. Dois-je modifier l'écriture selon le sujet ? C'est délicat... Je préfère d'abord inventer une trame narrative originale, qui incorpore en elle-même l'histoire, plutôt que de développer réellement un style différent.
Il s'agit beaucoup plus de nuances, de vocabulaire variant avec les personnages.

36, quai du Futur étant une série, contrairement à un film unique, il est hors de question de partir dans toutes les directions côté style !

Et puis soyons réaliste.
Quand un artiste arrive à développer un style, une cohérence artistique au cours de sa vie et qu'elle recontre le public, c'est déjà bien beau !!
 
A bientôt !
Gulzar

Partager cet article
Repost0

commentaires