Bonjour à toutes et à tous !
Courte chronique sur un film que j'attendais avec curiosité de visionner, Chrysalis, un film SF français récent avec Albert Dupontel.
Je dois dire que par certains aspects, j'ai été déçu, même si la thématique scientifique me semble pertinente, vois même fascinante !
Je résume rapidement. Une jeune fille, joué par Mélanie Thierry, a un accident de voiture, réchappant de peu à la mort. Sa mère, directrice d'une clinique, lui fait subir un traitement inédit, permettant de lui faire retrouver sa mémoire. pendant ce temps, un policier, joué par Albert Dupontel, enquête sur des assassinats suspects de jeunes filles...
L'esthétique du film est intéressante, froide, glissant vers le noir et blanc. Mais en même temps déjà vue dans bien des épisodes de séries policières états-uniennes... Le développement de l'intrigue est correcte, jusqu'à la révélation finale intéressante.
Mais véritablement, ce film est détérioré par des dialogues insipides, digne d'un mauvais feuilleton, des personnages stéréotypés, des scènes inutiles. Au final, impossible de l'apprécier. La fin, l'ultime plan également est catastrophique, indigne d'un véritable film de cinéma. Le policier et la pauvre jeune fille victime s'en vont amoureux, avec en décor la Tour Eiffel...
Si vous suivez régulièrement mon carnet de notes, vous savez que j'aime m'enthousiasmer, que je n'aime pas dénigrer. Mais là je suis décu, et je ne vous conseille pas Chrysalis !
Alors pourquoi cet état de fait ? Qui me désole pour Albert Dupontel, dont j'adore le jeu, l'univers dans ses propres films.
Est-ce parce que le film est financé par TF1, qui souhaite le passer en début de soirée ? Un manque évident de talent, de travail, d'ambition de l'équipe conceptrice du film ? Une piètre de connaissance de la SF en général ?
Le plus frappant dans nombre de films français de SF, ou approchant, que je juge faible, est la rigidité des personnages, de véritables clichés, sans profondeur !
Comme si dans l'avenir, l'humanité disparaissait, devenue inhumaine... C'est absurde ! Par exemple, la mère de l'accidentée, la directrice de clinique, qui se révèle complice de l'atrocité faite à sa fille, est d'origine allemande, avec un accent ! C'est bien connu, les allemands sont tous des nazis, les méchants ne peuvent être de bons français... C'est pitoyable, voir imbécile ! C'est indigne, une preuve de paresse intellectuelle, voir carrémment de xénophobie...
Autre exemple de dialogues indigents, l'invention tournant autour de la capacité de rendre une mémoire, d'en injecter une nouvelle est dérobée, et le gouvenrement français veut la récupérer, car de dangereux terroristes pourraient alors convertir de force des centaines de kamikazes... Mais pas du tout par peur qu'une entreprise embrigade ses employés, qu'un état fasse pire encore ! L'écriture du film ne dépasse pas le niveau de la une de France-Soir !
Tous les personnages sont aussi européens d'origine. Aucun africain, aucun indien, aucun asiatique, aucun maghébins, aucun océanien n'habite en France. C'est véritablement stupéfiant... Et général dans le cinéma français...
L'idée de base du film était intéressante, le traitement des personnages, l'indigence des dialogues font donc de Chrysalis un film sans intérêt au final, risible à certains moments...
Véritablement, certains réalisateurs français qui se risquent à la SF ne jure que par l'esthétique, courant après un modèle états-uniens qu'il maîtrise techniquement. De ce point de vue, c'est un progrès, mais aussi une soumission à un style devenu académique...
Surtout, il semble perdre totalement le côté développement des personnages au service de l'histoire, pour la faire progresser, se contentant de stéréotypes... Souvent, ils commentent ce qui se passe, explique une situation, au lieu de la vivre ! Tout le contraire des films japonais ou états-uniens, même de moyenne qualité !
Mes amis correcteurs avancent une hypothèse, pas si bête. Dans chaque pays, il y a un nombre limité de scénaristes de talent, de raconteurs d'histoire qui ont appris correctement leur art, qui sont cultivés, boulimiques du travail des autres.
Pour la SF, aux USA, ils sont au cinéma, dans les séries TV. En France, en Europe, ils sont bien plus dans la BD, dans la littérature ! Le japon a la chance d'en avoir partout, peut-être moins en littérature..
D'où certaines difficultés à obtenir des films pertinents ! Le réalisateur a souvent écrit lui-même son film, alors qu'il ne maîtrise pas très bien l'art de la narration, fameuse déviance du principe de l'auteur de la Nouvelle Vague.
Il est utile tout de même de savoir que Truffaut travaillait avec des scénaristes, des collaborateurs avec qui il discutait sans cesse de ses projets. Il ne travaillait jamais seul !
Si j'ai la chance un jour d'écrire des films de SF, ce à quoi je me prépare comme auteur d'anticipation, jamais je m'abaisserai à faire aussi mauvais, je vous le promets...
Et cela commence par choisir avec qui vous travaillez.
A bientôt avec d'autres chroniques cinéma, plus jubilatoires, notamment le très intéressant Renaissance, autre film SF français ! Et voyez vraiment Thomas est amoureux, un véritable film SF sensible et malin !
Gulzar