Bonjour à toutes et tous !
Aujourd'hui, le dernier film SF en salle actuellement, que je vous recommande d'aller voir, car il est intéressant, bien au-delà d'une histoire d'invasion extra-terrestre, thème bien utilisé déjà...
Il s'agit de District 9, réalisé par Neil Blomkamp, australien.
Sans trop en dire, comme d'habitude, résumons l'histoire. Un immense vaisseau, visiblement à vocation industrielle, dont l'équipage dirigeant a été atteint par une maladie, se met en stationnement au dessus de Johannesburg, en Afrique du Sud, plus ou moins de nos jours.
Les ouvriers descendent à terre, fouillent les poubelles pour manger, font peur aux terriens. Les autorités pour éviter la panique les mets en quarantaine, dans l'équivalent des townships nés de l'apartheid.
Surtout, beaucoup de monde serait très intéressé pour récupérer et savoir utiliser les armes puissantes des ET, ne fonctionnant qu'avec leur ADN...
Je ne vous en dis pas plus ! Allez au cinéma !
Je voudrais simplement aborder quelques traits vraiment intéressant du film.
Deux aspects dominent, écrasent même le film de tout leur poids !
En premier lieu, le vaisseau lui-même.
Imposant, lourd, grisâtre, presque sale, il rappelle tout de même par sa forme circulaire le vaisseau de Rencontre du troisième type, et la forme générique "soucoupe volante". Il est donc classique finalement. Mais il possède, outre sa taille de quelques kilomètres de diamètre, une caractéristique très bien trouvé je trouve. Il est parsemé de tout un attirail industriel, tuyaux, machineries digne d'une usine pétro-chimique humaine.
Certes, cela justifie la présence de centaines de milliers d'ouvriers à bord.
Mais plus encore, sans rien en dire au cours du film, une question se pose. A quoi sert cette usine ? Que fabrique-t-elle ? fait-elle parti d'un convoi ? Est-elle dangereuse ? Ne pourrait-elle pas exploser ?
Je trouve que ce mystère planant au-dessus de Johannesburg apporte un non-dit intéressant en terme scénaristique ! La solution dans l'épisode deux ? Ou trois ?
En tous cas, cela en rajoute au phénomène d'incompréhension entre les deux espèces. Au lieu de se retrouver en guerre, l'humanité doit gérer un accident industriel, des ouvriers sans plan de conquête quelconque..!
Je peux me tromper, mais je crois bien que c'est la première fois qu'une rencontre E.T. au cinéma met l'humanité en rapport avec un peuple, et non une élite, tant soldatesque que scientifique ou politique !!!
C'est un nouvel aspect, intéressant, qui structure l'histoire elle-même.
Dans "District 9" des fonctionnaires banals ont à nourrir, surveiller des extra-terrestres banals...
En second lieu, la manière de filmer.
Tout du long, la caméra à l'épaule, ainsi que certaines scènes spécifiques, nous ramène très clairement au documentaire ! Choix logique par rapport à l'idée même du film, la banalité des protagonistes.
Pas de héros, que de la vie quotidienne ! Comme lors de la visite du fonctionnaire au township faisant signer leur avis d'expulsion aux E.T. pour un nouveau camp tout neuf, à deux cent cinquante kilomètres de Johannesburg !
Un vrai charme opère, c'est indéniable !
Néanmoins, je crois que ce type de caméra sans cesse flottante, sans plan fixe, comporte un inconvénient majeur à mon goût, non à la vision du film, mais après.
Car un livre, un film, un tableau, une chanson a un "après ", qu'un créateur ne doit pas négliger.
J'ai évoqué plus haut Rencontre du troisième type, que je chroniquerai sans doute un jour prochain ! Et bien je peux me souvenir de dizaines de plans ! Je puis revivre ce film, tout seul dans ma tête, il est en moi ! Comme d'autres films tournés avec peu de mouvements de caméra, de Chaplin à 2001, l'Odyssée de l'Espace, ils sont pensés pour demeurer.
Je ne peux revivre District 9, par manque de plans fixes, de scènes repérables visuellement, stables. Je peux en parler avec mes correcteurs, des ami(e)s, écrire dessus, mais ce film ne fera pas réellement, profondément parti de moi.
C'est dommage.
A bientôt.
Gulzar