SPECIAL
Bonjour à toutes et à tous.
Un nouveau film aujourd'hui de série Z en noir et blanc, distribué donc par Bach Films, Le fantôme de l'espace, réalisé par W. Lee Wilder en 1953.
Un ovni, forcément mystérieux, est vu près de Los Angeles. Peu après, des interférences radios sont détectées, les hommes du Service des Communications se lancent à la poursuite de leur source. Un homme, puis un autre, sont assassinés par un homme en scaphandre, forcément mystérieux lui aussi, dont on ne voit pas de visage...
Traqué, le visiteur abandonne combinaison et casque. Invisible il suit ses poursuivants en grimpant dans leur voiture. Une équipe de scientifique étudie ses effets personnels et s'aperçoit de sa présence. Le visiteur tente de communiquer par un systéme de morse, mais ne parvient pas à se faire comprendre.
Il mourra, victime de notre atmosphère mortelle pour lui, tout en haut d'un observatoire astronomique...
L'on retrouve là dans cette histoire une trame classique de films SF des années 50, rapidement fabriqués avec très peu de moyens, histoire d'alimenter les salles de cinéma de quartier. Mais ce qui frappe d'emblée, c'est l'aspect extrémement rationnel, le détail de la recherche scientifique, les hypothèses émises, vraiment pointues à certains moments, comme cette hypothèse d'une vie basée non sur le carbone mais sur la silice.
Bien plus qu'un trépidant film mélangeant enquête policière et drame extra-terrestre, nous visionnons un documentaire scientifique, mené en partie par une voix off. Le film débute ainsi par une longue description de la traque de l'ovni par la surveillance aérienne, à coups de plans sur des radars, cartes, hommes parlants dans des micros. C'est aussi un bon moyen de gagner cinq minutes de film en récupérant des images d'archives mlilitaires, astuce bien connu des films à budget réduit...
Toute l'étude de la combinaison est un modèle du genre. Tentative de la couper au ciseau, au couteau, d ela faire brûler au bec bensen, peine pedue, elle est indestructible... Quand au système respiratoire, il contient du méthane et un gaz inconnu. Pourtant, et c'est là à mon sens un aspect intéressant du scénario, les investigateurs n'en conclut pas qu'il s'agit là d'un extra-terrestre. D'abord par son aspect physique, très proche d'un humain, ensuite par son comportement.
Ils sont et resteront dans l'expectative, ainsi que le spectateur. L'origine de ce visiteur, assassin sans doute plus par peur que par volonté de tuer, restera un mystère, même si son origine spatiale ne fait guère de doute.
Le fantôme de l'espace ne se situe donc pas dans la tradition du film d'envahisseurs, malgré son thème. Mais bien plus dans un genre scientifique, rationnaliste, quitte à en être lent, très didactique, pointilleux sur les détails.
Les personnages eux par contre sont des plus classique, le journaliste envahissant, le policier obstiné, le militaire qui ne flanche pas, la scientifique qui hurle confrontée à l'inconnu, confinée dans son labo... C'est sans doute là où le film paraît son âge, bien plus que sur le fond, vraiment intéressant et d'une logique narrative qui se tient.
Car ce qui est frappant à la réflexion, c'est que Le fantôme de l'espace raconte un échec. Un échec total, tant par la fin dramatique avec la mort du visiteur humanoïde en scaphandre, que par la disparition de son corps, qui s'évapore, tout comme sa combinaison. brisé, son casque disparaît aussi.
Il ne reste rien de cette visite impromptue sur Terre, sans doute involontaire, accidentelle.
Certes, l'usage de lumière ultra-violette permettra d'apercevoir le corps du visiteur, mais celui partira en fumée...
Sa tentative de communiquer par morse reste vaine. Alors que sa volonté de rejoindre le ciel est des plus évidentes pour le spectateur, que ce morse correspond sans doute à des coordonnées d'une étoile ou d'une fréquence d'ondes à utiliser pour contacter ses semblables, les investigateurs n'y pensent pas. Le visiteur parviendra tout de même à utiliser l'émetteur d'une voiture radio pour envoyer un signal... Mais personne ne viendra le rapatrier.
D'où d'ailleurs une fin ouverte. Que ce passera-t-il lorsque ses semblables viendront sur Terre, si jamais ils captent le faible signal ? Que la toute fin du film se déroule sous la coupole d'un observatoire astronomique laisserait penser que tout n'est pas fini. Que désormais, il conviendra de scruter attentivement le ciel étoilé. Car d'autres scaphandriers pourraient bien être aperçus dans les environs de Los Angeles...
Le fantôme de l'espace n'est certes pas un grand film, mais finalement par son reniement clair à toutes formes de panique imbécile, d'histoires d'envahisseurs aux intentions hideuses, par la relativité qu'il amène sur la puissance scientifique incapable de résoudre une telle énigme, par son sentiment d'échec profond à communiquer, il est basé sur une narration finalement d'une certaine modernité.
L'on perçoit aussi à le visionner l'origine d'une série comme La Quatrième dimension et Au-delà du réel. En effet, une telle histoire, même racontée dans un film d'une courte durée, à peine une heure quinze, trouverait une force considérable réduite à une demi-heure. Et c'est bien là finalement ce délayage qui réduit l'impact de l'histoire sur le spectateur, qui peut tout de même se lasser quelque peu de trop d'explications ou de courses poursuite. Trop de temps perdu à pas grand chose finalement.
Ces deux séries télévisés ont donc avec logique et talent porté ces histoires de SF et de Fantastique à un degré de qualité assez extraordinaire par la simple réduction de la durée qui leur était consacrée.
Le fantôme de l'espace représente donc le cinéma précurseur à mon sens d'agréables moments télévisuels.
Gulzar