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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 13:21

Bonjour à toutes et à tous.

Aujourd’hui, chronique d’un très bon long métrage délicieusement SF, que je viens de revoir, Monstres et Cie, réalisé par Pete Docter, produit par les studios Pixar studios, sorti en 2001. Très officiellement film pour enfants, il est en vérité hautement recommandable pour tous âges.

 

monstres-cie affiche

Des monstres d’élite, travaillant pour l’usine Monstres et Cie, franchissent chaque nuit les portes des placards des enfants terriens et y récoltent leurs cris de terreur, source d’énergie nécessaire à la florissante ville de Monstropolis. Mais voilà que les enfants ont de moins en moins peur des monstres, menaçant le niveau de vie des habitants de Monstropolis, habitués à être entourés de tout le confort matériel.

 

monstres-et-compagnie peur

 

Pire même, une gosse s’est introduit dans l’univers des monstres, ce qu’ils craignent par-dessus tout. Sulli, le monstre le plus productif, et son assistant Bob se retrouve à devoir s’occuper d’elle en attendant de la renvoyer dans sa chambre. Mais Leon le caméléon, le concurrent direct de Sulli,  a d’autres projets pour la pauvre enfant, baptisée Bouh par Sulli qui se prend d’affection pour elle.

 

monstres-cie sulli

 

Je ne vous raconte pas toutes les péripéties et trouvailles, Monstres et Cie étant d’une grande richesse scénaristique, aux personnages bien écrits dans leur physique et caractère, dont les interactions surtout sont savoureuses. La morale finale consistant en une véritable révolution. Les monstres découvrent qu’ils obtiennent plus d’énergie en faisant rire les enfants qu’en les effrayant.

 

monstres-cie peur 2


Dans Monstres et Cie, nous retrouvons le formidable et jouissif travail esthétique numérique, déjà vu dans le premier Toy story, sans pour autant en être à une volonté de perfection glacée non réfléchie. Tout comme dans Wall-E, les humains, en l’occurrence les gosses et leurs chambres sont traités de manière douce, alors que l’usine Monstres et Cie est d’un réalisme métallique saisissant. Quant aux monstres eux-mêmes, leurs tronches sont vraiment réussies, notamment par l’utilisation des yeux, des dents, de chaque détail physique comme la fourrure par exemple. Chacun est immédiatement identifiable.

 

monstres-et-cie-porte

 

Narrativement, Monstres et Cie est véritablement enthousiasmant, à mon sens pour trois raisons principales.  
D’abord pour la fusion des deux thèmes centraux du film, sans quoi l’histoire n’a aucun sens, l’énergie et la peur infantile des monstres tapis dans l‘ombre des placards. Métaphore de la politique pétrolière des USA, Monstres et Cie dit tout simplement que ce pays, et d’autres aussi d’ailleurs, terrorisent pour contrôler la production du pétrole… Sans même aller aussi loin dans l’analyse politique, la recherche, la conquête et la maîtrise de l’énergie, du feu de bois aux atomes, constitue un axe fort de l’évolution de l’espèce humaine. Baser un film de divertissement pour gamins sur ce thème, c’est déjà avoir la volonté de ne pas raconter n’importe quel type d’histoire.
La peur infantile des monstres, n’est rien d’autre que la peur adulte de manquer d’énergie, d’essence pour la voiture, de chauffage, d’électricité pour le réfrigérateur.

 

monstres-cie traitre leon


Ensuite, avoir industrialisé l’activité de terreur rend le film contemporain, réinventant intelligemment les contes d‘autrefois. Les scènes se passant dans la gigantesque réserve de portes sont très impressionnantes, les lieux étant semblables à touts ces zones de triage et stockage aériennes, des bagages des aéroport, aux grandes imprimeries et entrepôts.
Nous sommes bel et bien en pleine parodie de l’activité humaine, avec ce souci de productivité. Même si toutefois, Monstres et Cie ne nous décrit pas le propriétaire de l’usine comme avare, soucieux d’argent, mais plutôt dans la peur de voir mourir l’entreprise familiale, faute de pouvoir récolter suffisamment d’énergie. Exactement comme les grandes compagnies pétrolières sont vouées à disparaître à terme, faute de pétrole. Que seraient-elles donc prêtes à faire pour durer le plus longtemps possible ? La réponse est au journal de vingt heures…

 

monstres-et-cie monstres

 

Monstres et Cie montre clairement que le drame arrive, que les barrières morales tombent lorsque la promesse faite aux consommateurs risque de ne plus pouvoir être tenue. Les habitants de Monstropolis ne s’imaginent même pas abandonner leur niveau de vie matérialiste. Si l’énergie venait gravement à manquer, que ce passerait-il socialement ? La population ne se retournerait-elle pas contre Monstres et Cie ?
Le sujet n’est pas abordé dans le film, mais il est sous-jacent. La peur ne règne pas que dans les chambres d’enfants…

 

monstres-cie administration


Toutefois, la critique sociale s’arrête là où commence le libéralisme… Nous sommes plus dans la dérive de l’entreprise familiale devenue trop grande, ne voulant à aucun prix perdre sa grandeur, sa puissance, plutôt que dans la dénonciation franche d‘un système inégalitaire.
Ceci dit, cela n’empêchera pas le patron de condamner cyniquement son meilleur employé Sulli à l’exil sur terre, dans les sommets glacés, où nous apprendrons la vraie nature du yéti, réjouissance parmi d‘autre de Monstres et Cie. Les monstres ne sont que des salariés bon à jeter s’ils se rebellent ou sont inutiles.

 

monstres-cie yeti


Enfin, Monstres et Cie se conclut sur une morale véritablement formidable, faire rire les enfants au lieu de leur faire peur permet de récolter bien plus d’énergie. Morale positive, mais pas niaise et surtout ancrée dans le récit, puisée à la source même de l’histoire. L’idée certes est simple, mais ne provient de nulle part ailleurs.
Quand au dernier plan, il est magnifique, ouvrant sur un monde de joie, d’émouvantes retrouvailles entre Sulli et la petite Bouh.

Pour finir de nous rendre Monstres et Cie sympathique, il comporte des clins d‘œil au jazz, à la France, comme dans de nombreuses productions SF venant d’Amérique du Nord, et à Ray Harryhausen, fameux animateur de films SF des années 50, 60, ainsi qu‘à d‘autres productions de Pixar.
Formidable dessin animé donc, pour tou(te)s les passionné(e)s de Science Fiction, de monstres et de bonnes histoires.
Gulzar

Un site pour refaire connaissance avec les personnages de Monstres et Cie :

http://www.pixar-planet.fr/perso/monstresetcie.php3

 

monstres-et-cie-petitefille


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