Bonjour à toutes et à tous !
Grande nouvelle pour les amoureux des histoires qui veulent dire quelque chose, la ressortie en DVD du film Point limite zéro, de Richard C. Sarafian, sorti en 1971 aux USA sous le titre Vanishing Point !
Reprenant l'image du dvd anglais, le film est disponible chez Twenty Centhury Fox, au prix raisonnable de 10 euros.
Surtout, ne prenez pas garde au côte racoleur de la jaquette... Sous des dehors de mauvais films pour adolescents sur canapé, le film est d'une rare puissance, tant narrative que cinématographique.
C'est ce que l'on nomme un chef d'oeuvre du septième Art, ou un putain de bon film, au choix !
J'ai eu la chance de le voir au cinéma il y a trois, quatre ans, et d'en être profondément marqué. J'ai donc acheté le dvd pour en faire profiter mon entourage. Nous sommes au-delà du pur spectacle, dans un ailleurs, une manière de filmer unique, qui tient tant du western, du pamphlet politique que du conte moral ou du documentaire animalier tout à la fois...
Résumons ! Un bon gars, nommé Kowalski parie qu'il peut amener une voiture, une puissante Dodge Challenger blanche, de Denver à San Francisco en quinze heures... Il rencontre quelques états-uniens typiques, devient le héros fugace de l'Amérique grâce à Super Soul, un animateur radio aveugle, qui narre sa progression, provoque la fureur des autorités et des ennemis de la liberté... Mais que veut finalement Kowalski ?
Le film est construit de manière particulière. Certes, nous suivons kowalski entre Higways et petites routes, mais en réalité, le fim débute par la fin pour très vite devenir un immense flashback de la traversée. A la fin, nous revenons au point zéro, la fin du voyage.
Autant la voiture est filmée comme un cheval sauvage, autant les habitants sotn filmés en plan fixe, calmes, comme éteints... Seul l'animateur de radio, Super Soul, semble capable de réveiller le pays endormi. Ou croit en être capable. Car il subira dans sa chair la colère des apprentis fascistes de lapetite ville où il officie. La musique ne parviendra pas à adoucir les moeurs, Kowalski le héros libre n'aura pas donné le goût de la liberté à une population confite dans la peur de tout et de rien...
L'Autorité est montrée de manière absolument spectaculaire. Les Pelleteuses misent en travers pour arrêter Kowalski sont filmées comme des chars d'assaut, du lourd et pesant fer contre le fer léger de la Dodge Challenger.
Encore une fois, l'on retrouve dans Point limite zéro cette ambiance si particulière des années 70, où tout était possible, où chacun avait à coeur de refaire le monde, ou du moins d'essayer. Alors qu'aujourd'hui, nous ne voulons plus changer lemonde, mais le sauver. Légère nuance, qui se retrouve jusque dans l'écriture des histoires, non qu'elles soient moins bonnes, mais plutôt moins libres, moins enthousiasmantes, plus dépressives, plus cyniques...
Il suffit de relire la SF de ces années, tant anglo-saxon que française, de revoir Zardoz de john Boorman !
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Pour montrer l'importance de ce film chez les cinéphiles, notons que le héros vieilissant du récent film de Clint Eastwood, Grand Torino, autre bagnole similaire à la Dodge Challenger, se nomme Kowalski !
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Point limite zéro constitue une heureuse référence désormais pour moi dans l'écriture de nouvelles. J'ai même repris le nom de Super Soul dans l'une de mes nouvelles de 36, quai du Futur en signe d'hommage discret...
Car ce film exprime quelque chose de très important dans l'écriture de puissantes histoires, la simplicité... L'idée de base la plus simple est la meilleure et doit se résumer en une phrase. Ainsi, elle n'enferme pas, ne réduit pas une histoire à une série d'anecdotes, ne définit pas encore les personnages dans des stéréotypes.
Un gars s'en va livrer à fond de train une bagnole de l'autre côté du pays. Que va-t-il se passer ?
Le plus important est Que va-t-il se passer ? Là est la clé je trouve d'une bonne histoire. Démarrer l'écriture d'un texte ou d'un film en ayant déjà une histoire figée, prévisible, n'est pas salutaire. Il faut sans cesse s'interroger, trouver des enchaînements de causes et d'effets, bien au-delà du sujet même de l'histoire.
Il faut s'étonner soi-même de ses propres découvertes !
Cela suppose évidemment d'avoir confiance dans son écriture et une solide capacité d'imagination.
C'est ainsi que crèvent les stéréotypes, que naissent de véritables personnages uniques et sensibles.
A bientôt, avec d'autres chroniques.
Gulzar