SPECIAL BACH FILMS
Bonjour à toutes et à tous.
Je commence par cette première chronique l’exploration du catalogue de Bach films, excellent distributeur français, qui contribue à restaurer et diffuser de vieux films et séries de SF, entre autres. D'autres suivront.
Alors bien sûr, il ne s’agit pas là de films essentiels, de chefs-d’œuvre qu’il convient d’avoir vu pour ne pas mourir idiot… Mais pour les passionné(e)s de SF et d’imaginaire, ce sont tout de même des spectacles réjouissants et par instants de haut niveau.
Je vous propose de commencer par un rare film, Voyage sur la planète préhistorique de 1965, réalisé par Curtis Harrington, film états-uniens donc mais qui comporte des images extraites du film russe Planeta Bur de 1962 de Pavel Klushantsev, en fait la quasi totalité…
Partis de la base lunaire 7, deux navettes Sirius et Véga fonce vers Vénus. Les deux équipages surmontent de dures épreuves une fois à la surface, plantes carnivores, pluies démentielles, torrent de lave en fusion, tout en étant accompagnés d‘une mystérieuse voix descendant des montagnes. Mais leurs efforts seront récompensés par la découverte d’une civilisation disparue au fond des eaux.
Je me dois d’être honnête avec vous, l’ambiance du début du film flirte gravement avec le n’importe quoi… Mais pourtant, dès qu’on est sur Vénus, le film devient intéressant, presque captivant ; loin certes d’une tension narrative d’un Alien, mais avec une certaine crédibilité. L’on craint le pire avec le robot qui accompagne l’un des équipages à pied. Au physique quelque peu primaire, et sans aucun comportement humanisant, il se révèle être un vrai robot sérieux et fonctionnel, sauvant les explorateurs à deux reprises. Pas de sentimentalisme, mais un vrai sens de ce que pourrait être un robot humanoïde à la programmation sommaire mais utile.
Quand au second équipage qui part au secours du premier, leur véhicule, une voiture volante et amphibie, c’est un vrai délice d’effets spéciaux. Le véhicule au design furieusement années 50 vole vraiment, sans trucage d’image, mais plus par la dissimulation du mécanisme roulant. Cela rappelle les robots volants au beau milieu des acteurs par une feinte anti-gravité du plus récent Le Trou Noir, produit par Walt Disney. La poésie est bien là, le charme naïf de ces scènes sans numérique ni traficotage d’images opère.
Une fois sous l’eau pour échapper à un ptérodactyle quelque peu agressif, nous sommes sur une planète préhistorique ne l’oublions pas, le second équipage découvre des statues, témoignages d’une civilisation engloutie. Après avoir fait rejoint le premier équipe, ils passent la nuit sur la plage autour d’un feu de camp…
Voyage sur la planète préhistorique possède une force rare pour un film fait de bric et de broc, il progresse dans la qualité cinématographique. La fin est particulièrement belle et d’une grande sensibilité cinématographique. Une fois chassés de Vénus par une éruption volcanique qui menace leur fusée, les explorateurs quittent Vénus sans avoir l’explication de cette voix semblant venir de la planète même. Un morceau de corail arraché au statues sous-marine se révèle pourtant contenir une figurine d’un visage féminin…
Le dernier plan est tout simplement sublime. Une silhouette apparaît. La caméra bascule sur une mare. Seule alors l’image troublée d’une vénusienne apparaît dans l’eau. Le mystère restera entier. Personne, ni l’explorateur ni le spectateur, ne connaîtra le vrai visage et l’apparence des Vénusiennes restées cachées. Peut-être est-ce la dernière de son peuple englouti par la furie des éléments. La rencontre n’aura pas eu lieu.
J’ose l’affirmer sans honte ni remords, Stanley Kubrick par exemple n’aurait guère fait mieux.
Voyage sur la planète préhistorique, un film russe soi-disant états-uniens de série Z à la fin magnifique. À sept euros le dvd, pourquoi se priver ?
Gulzar
Pour visionner des extraits du film
http://www.numerama.com/comparer-les-prix/118294--voyage-sur-la-planete-prehistorique.html