Résumé
Les marmottes flambent
Son ventre n’allait pas y résister. Tout en mâchant précautionneusement ce que la maîtresse de maison lui mettait dans l’assiette, Wictorius se désespérait en silence. Tous ces produits ne comportaient à la vue et au goût pas même un seul colorant, additif ou édulcorant véritables. Enfin, il lui fallait souffrir et applaudir à chaque nouveau plat.
Rayonnante, l’épouse du factionnaire amena enfin le plat principal sous les applaudissements.
- Les marmottes, les marmottes, les marmottes ! Allez Henri !
Ouvrant une bouteille, le factionnaire en versa le contenu sur le plat, puis y mit le feu. Les flammes montèrent haut, léchèrent le lustre fait d’un entrelacs de tubes à lucioles sauvages. Jamais Wictorius n’avait assisté à un tel spectacle, rappelant les feux primitifs, la cuisson de la viande de mammouth.
Mais très vite, les flammes retombèrent. Henri le factionnaire dit alors une rapide prière pour l’âme des marmottes et entreprit de découper les pauvres bêtes flambées au cognac.
Ce fut la ruée ; personne ne parla avant d’avoir fini sa part, sinon pour féliciter la cuisinière.
Ayant trop abusé du vin blanc, le garde Totor leva son verre.
- Moi, j’ai trouvé un Minitel marron au marché ! Vive la Technologie Française et à bas toutes les merdouilles cérébrales !
Indignée, Madame Suzanne Merle menaça l’ivrogne de son couteau.
- Assieds-toi, Totor, tu nous fait honte ! Notre invité brazilien a peut-être un implant dans la tête. Vous en avez un, Monsieur Lewis Tross ?
Wictorius jaugea la situation. Mentir serait confortable. Mais malgré l’aspect préhistorique du village, il y avait peut-être bien à la Mairie un détecteur d’implants fourni par Paris.
- J’avoue que j’en ai un pour mon voyage, une vaste documentation technique européenne. Là par exemple, je sais tout sur la marmotte et le cognac.
La suite demain !