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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 17:30

Bonjour à toutes et tous !

En ce dimanche matin, avant de me remettre à écrire, petite réflexion sur un aspect important, à mon avis, de l'écriture d'Anticipation...
Faut-il avoir pour mission, au-delà de la jouissance de la fiction, du récit, se donner comme mission d'incorporer du savoir ?
J'entends du savoir de deux manières.
Premièrement, des données objectives, des rappels historiques et scientifiques, des particularités de comportements locaux, des flores et faunes, des paysages, des climats, etc.... La liste peut-être longue !
Deuxièmement, des axiomes du comportements humains, des structures internes des sociétés humaines, les passions, des philosophies, etc...

Une première réponse pourrait être restrictive. La fiction n'est ni un livre d'histoire, de philosophie, ni un manuel technique, etc... Tout cela pourrait bien ennuyer le lecteur... Elle a l'avantage d'économiser beaucoup de travail à l'écrivain !

Une seconde réponse, qui est la mienne, est que la SF, l'écriture d'Anticipation, dans son ambition même est de donner des clés aux lectrices, aux lecteurs pour être moins stupides dans leur vie... La SF est une forme d'apprentissage, une découverte des mécanismes qui régissent le monde, l'univers. Même déguisée sous la forme la plus loufoque, la plus exotique.

La SF peut être perçue comme une déformation de l'univers connu des humains. Et toute déformation doit garder trace de sa forme originale pour être reconnue comme déformation, et non comme pure délire.

Peut-être finalement, toute l'originalité d'un auteur n'est pas tant dans les nouvelles idées de récits qu'il invente que dans la manière dont il parvient à conserver des fragments du monde connu dans ses textes !

La maladresse est interdite. Effectivement, la SF n'a pas à être un traité de quoi que ce soit... Une fiction doit rester une fiction. Elle doit pourtant participer à l'instruction du lecteur, l'aider à se forger une intelligence, lui donner de quoi discuter avec autrui, lui faire se poser des questions, mettre en branle son cerveau, légèrement rendu amorphe par les attaques qu'il subit constamment, notamment par un torrent d'images abrutissantes....

Car nous n'écrivons pas et ne lisons pas de la SF en plein désert !
Je n'ai pas encore lu l'un des derniers livres, je crois pour adolescents, de Pierre Bordage qui a pour thème un monde sans école. Mais l'idée est formidable ! A peine prémonitoire...
Soyons réalistes. Nous ne pouvons plus compter, du moins en Europe, sur la volonté d'éduquer, de former intellectuellement la population de la part des dirigeants politiques et possédants. Ils n'ont plus besoin de millions de gens instruits, l'industrie partant ailleurs.

C'est triste à dire. Jules Verne accompagnait la formidable campagne 'instruction du peuple, forcée, rendue nécessaire par l'introduction de l'industrie, des villes industrielles, la formidable émergence de l'Angleterre Victorienne.
Nous autres, auteurs du 21ème siècle, allons remplacer l'école...

Car l'éducation devra prendre plusieurs formes, ne plus être seulement étatique ou prodiguée par des écoles privées inaccessibles financièrement à la plupart des gens. Et les auteurs de SF doivent prendre leur part. Notre fonction sociale n'est plus de nous contenter de faire du Space Opéra, de la recherche stylistique, ou de la Fantaisie de pure distraction.

Plus que jamais, nous devons instruire nos lectrices, nos lecteurs, puisqu'on les abandonne à leur sort.

Sur cette chronique pessimiste, je vous souhaite tout de même un bon dimanche...
Gulzar

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