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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 19:00

Le tissu, métaphore de la fiction

Bonjour à toutes et tous !
Je vous propose donc aujourd'hui d'envisager la fiction, les livres que nous lisons comme un tissu. Un tissu tout bête de vêtement.

Comme vous le savez, le tissu est composé de deux caractéristiques essentielles, la trame, c'est à dire sa solidité, et sa couleur, son décor qui est donné par une teinture, une peinture ou imprimé dessus.

Et bien pour moi, une fiction relève de la même structure. C'est du moins ainsi qu'au fil de mon apprentissage j'en suis venu à me la représenter, pour pouvoir tout simplement converser avec mes correcteurs, et avoir une idée de la forme que je pratique !

Mais soyons plus précis. La trame narrative, c'est donc tout ce qui arrive dans une histoire, les actes des personnages, les phénomènes auxquels ils sont confrontés.
C'est l'histoire elle-même en quelque sorte !
Autant dire qu'à priori, c'est la chose à travailler d'abord...
Le décor, la couleur, est pourtant tout aussi primordial à écrire. Cest tout ce qui permet de donner un cadre émotionnel, des indices, une forme mental ou physique à la trame.
C'est la littérature elle-même en quelque sorte !
La manière d'écrire, les mille détails qui enchantent le lecteur, ce que l'on choisi de décrire ou non, voilà tout le décor !
"Le parfum" de Patrick Süskind par exemple va donner la priorité aux odeurs, vu son sujet ! Alors qu'un autre roman va totalement les négliger, sans pour autant nuire à sa qualité.

Ces deux aspects du récit doivent donc se mêler le plus intiment possible, sans que le lecteur ne puisse les distinguer vraiment.
Si l'équilibre, autour d'un 50% trame et 50% décoration n'est pas là, le texte risque de subir des dommages...
Je me souvient avoir lu un roman sur la guerre 14-18, au demeurant très bien écrit, où le paysan part au front. Son chien s'enfuit de la ferme. Et bien je me suis dit "Tiens, dans 60 pages, le chien retrouve son maître !"
Et bien, le chien a retrouvé son maître au bout de 60 pages, sans surprise... J'ai eu un peu de déception, bien sûr.

Et c'est là je crois l'importance d'une trame bien construite, je dirais même la nécessité de donner la priorité à la trame sur le décor, "le décorum", si l'on souhaite pouvoir être lu avec un enthousiasme certain.
Car comme lecteur, et aussi comme auteur qui découvre son texte au fur et à mesure qu'il l'écrit, j'aime me surprendre, j'aime les coups tordus, l'inattendu, le révoltant, le dégoûtant, le "c'est pas possible, il a osé écrire cela !".
C'est aussi un piège, ce goût de la littérature populaire fête foraine ! La trame peut devenir ridicule à force d'être compliquée. La surprise est agréable lorsqu'elle soutient une vraie histoire, avec une morale interne forte, des personnages crédibles.
Tiens, d'ailleurs je vous parlerai bientôt de la fameuse "crédibilité"; sujet intéressant...

Mais reconnaissons-le. Seuls les auteurs qui savent très bien tramer durent, ont un réel impact à peine croyable sur leurs lectrices et lecteurs !
Voir même qui trament leur oeuvre entière ! Je pense à Herbert avec Dune, Asimov avec Fondation, Emile Zola avec les Rougon-Macquart (sur 20 romans !), Otomo et ses grands mangas, dont Akira, etc...
La majorité du lectorat a une certaine défiance pour les auteurs qui négligent le tramage. Se contenter de décor, même sublime, est alors perçu comme superficiel, voir prétentieux, et surtout ennuyeux...
C'est d'ailleurs valable pour le cinéma !

Comme auteur de SF, je puis vous dire que la qualité du tramage est donc l'une de mes obsessions. C'est à ce prix là, avec de longues conversations avec mes correcteurs, de réécriture, de changement de fin trop faibles, que je parviens à écrire correctement !
Il ne faut pas compter sur les belles phrases ! Jamais !
Les histoires, voilà ce qui nous fascinent !
C'est pour cela qu nous aimons encore Agatha Christie, Conan Doyle, Maurice Leblanc, Osamu Tesuka et tant d'autres !

 

Gulzar

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