Objet purement utilitaire aujourd'hui, au design très sobre.
Contrairement à son apparence, il ne s'agit nullement d'une nouvelle tablette grand public, mais d'un prototype de carte d'embarquement d'avion de ligne. Le principe est simple. L'aéroport la fournit à l'entrée à chaque voyageur, qui peut alors s'orienter jusqu'à son lieu d'embarquement. Il y trouvera aussi tous les détails sur son vol, les tarifs des services divers fournis par l'aéroport ou la compagnie d'aviation, toutes les informations utiles, voir pourquoi pas des publicités, des dessins animés, des jeux pour faire patienter les enfants...
Je suppose bien entendu que le voyageur rend sa carte d'embarquement numérique avant de monter dans l'avion !
Cet objet, qui va sans doute très vite arrivé en production tant il paraît utile, est bien annonciateur du monde à venir.
Un monde où les humains ne rencontreront plus d'autres humains, resteront seuls face à leur écran. Car cette carte d'embarquement servira à supprimer des milliers d'emplois d'hôtes et d'hôtesses d'accueil... Les parents n'auront plus à s'occuper de leurs enfants en salle d'attente.
L'image gagnera encore un peu plus de terrain sur la parole, sur l'échange, dans la droite ligne des GPS de voiture qui désormais prive l'automobiliste de baisser sa vitre et de demander leur chemin à autrui...
Avons-nous bien conscience de ce fait écrasant, inquiétant, bouleversant ?
Si nous suivons aveuglément, si l'on peut dire, cette tendance au tout image, nous n'aurons bientôt plus besoin de communiquer physiquement avec nos semblables.
Nous aurons chacun notre interlocuteur numérique, qui nous renseignera sur tout, tout le temps. Nous communiquerons l'heure du repas à nos enfants sans aller dans leur chambre, tandis qu'ils finissent leurs devoirs par correspondance. Le médecin nous auscultera à distance, nous achèterons virtuellement des objets pas encore produits.
Nous goûterons les vins avant de les commander par odeur de synthèse, une vision 3D nous permettra de mieux savoir où nous avons rangé dans l'appartement tous nos objets étiquettés, supprimant tout conflit dans le couple, troip occupé à pratiquer une sexualité virtuelle, parfaite, sans effort.
Il est trop tard pour reculer, du moins pour l'instant. Nous aurions dû commencer par refuser le téléphone de Monsieur Bell, jeter notre minitel par la fenêtre...
Nous avons choisi, l'on a choisi pour nous l'image, le numérique, au détriment de l'humain.
Nous allons le payer, soyez en assuré.
A vrai dire, nous le payons déjà.
Gulzar
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