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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 20:19

  Bonjour à toutes et tous !

Aujourd’hui, je vous propose de partir en Ardèche, terre de contraste comme chacun le sait ! Ce département n’est pas connu que pour ses châtaignes et autres saveurs du terroir, mais aussi par son intense activité livresque !

 

collectif 2 socialisme
Pour preuve, j’ai déniché chez un ami un recueil de nouvelles sur le thème du Socialisme enfin réalisé, planète socialiste collectif n°2, Collection Ici et maintenant, Kesserlring éditeur, imprimé à Aubenas en 1977, avec nombre d’auteurs de qualité. Avant donc la chute du mur de Berlin, de  l’URSS, de la Chine de l‘An 2000.

Deux autres ont été édités dans cette collection, que je me suis empressé de commander sur des sites de vente… Je vous en ferai la chronique bientôt.

 

collectif 1 ciel betoncollectif 3 soldats
Mais commençons donc par un rapide résumé des textes de planète socialiste que j’ai le plus aimé.

Le dernier dinosaure
Jean-Pierre Andrevon
Formidable nouvelle, avec en contrepoint des slogans brutalisant le texte régulièrement ! Notre héros, un gladiateur français, survit en périphérie des villes, dans les décharges d’objets devenus inutiles… De la Gloire, il est passé à une résistance qu’il n’a même pas souhaité…

Agon, Alea, Mimicry, Ilinix…
Pierre Christin
Idée intéressante, le sport est là considéré comme signe de maladie sociale… Notre société socialiste consacre donc un musée vivant à cette aberration des temps anciens…

Retour au pays qui fut
Jean-Pierre Hubert
L’Alsace est le dernier refuge capitaliste ! Notre héros alsacien lie amitié avec des vosgiens avant de peut-être retourner au pays…

L’Armée Rouge contre les utopistes
Michel Jeury
Ah ça, les utopistes, c’est jamais bien vus dans une société parfaite ! Même la montagne et une saine vie paysanne ne peuvent constituer un refuge absolu…

Il y eut, ce soir là, un orage…
Pierre Pelot
Encore la campagne, encore la montagne. Un enfant se souvient d’un orage annonciateur de changement…

Château de cubes
Christine Renard
Très belle et intelligente nouvelle sur le nomadisme. L’Humanité socialiste habite désormais des homes impersonnels. Chacun voyage sans objets personnels, ne s’attache à aucun lieu.  Les villes ont disparu. Les derniers possesseurs de maison ne sont même pas pourchassés. Simplement, ils disparaissent petit à petit... Une femme ne ne parvient pas à retenir l'homme qu'elle aime, qui ne peut renoncer à son mode de vie pour elle. L’histoire d’amour entre un nomade et une sédentaire ne pourra durer, devenue impossible.


*


Au-delà des qualités littéraires et du plaisir pris à la lecture de ces textes devenus rares, une évidence s’impose, énorme, fracassante, surprenante, en apparence seulement.

Dans une société socialiste, véritablement égalitaire, la ville n’existe plus.

La quasi-totalité des nouvelles du recueil se déroule en montagne, à la campagne. Seuls les derniers éventuels résistants capitalistes occupent les villes ! Ce ne peut être un hasard…

En effet, comme chacun devrait le savoir, les villes ne sont pas l’habitat naturel de l’Humain ! Même si certaines villes paraissent l’être de fait. Les villes ont une utilité, sont basées sur un intérêt à leur existence, demandant de gros efforts de toutes sortes pour sortir de terre.
Les ports n’existent que pour satisfaire les échanges commerciaux par bateaux.
Les villes textiles n’existent que pour y concentrer une puissante industrie, y loger les ouvriers indispensables à la création de richesses matérielles.
Les villes minières n’existent que par la présence de mines de charbon permettant l‘industrie métallurgique de prospérer. Le charbon épuisé, elles meurent où doivent trouver d’autres formes de travail pour conserver leurs potentiel d’exploitation d’une population.

La disparition de la ville comme création capitaliste ne relève donc pas d’un pure fantasme, d’une hallucination collective, mais une logique rationnelle.

Pourquoi la population habiterait un environnement basé sur son exploitation, sur l’injustice la plus flagrante dans un monde sans injustice ?
Elle irait plutôt vivre dans un cadre agréable, la campagne, la montagne, la nature… Là où celui qui produit bénéficie de son labeur.

Tous ces auteurs décrivant la fin des villes dans le cadre d’une société réellement socialiste ont à l’évidence une culture politique, social, économique sérieuse, ce qui leur permet d’établir leurs récits sur une base réaliste sérieuse. Et donc de se rejoindre sur une évidence, qui n’en est pas une pour tout le monde. Nous habitons un environnement qui nous conditionne, pour une large partie.
Si le conditionnement socio-économique change, l’environnement également. Les deux sont imbriqués l’un dans l’autre, sans pouvoir être séparés, tels l‘œuf et la poule.


*


C’est à mon sens Château de cubes, la nouvelle de Christine Renard, qui va le plus loin dans ce sens, proposant le nomadisme comme ultime expression d’une humanité revenue à la liberté absolue.

Il suffit de voir à quel point certains sédentaires paraissent angoissés à la simple vue de nomades, qui semblent, par leur seule existence, condamner le sédentarisme et son cortège d’obligations consuméristes et d‘idéologie civilisatrice…
Voyager est une norme sociale, il faut prendre des vacances en Tunisie, aller visiter New-York n’est-ce pas, mais nous n’aimons guère les voyageurs…


*


Ce recueil n’est plus réédité. Il fait désormais partie du livre d’occasion, il vous faudra donc le rechercher, fouiner quelque peu. Mais l’effort en vaut la peine ! Ces recueils thématiques sont en général toujours intéressants. Ils permettent, à une époque donnée, de faire le point sur un sujet, une vision du monde, de lire plusieurs auteurs, de les découvrir pour certain(e)s.
Gulzar

Pour le plaisir, voici la savoureuse quatrième de couverture !
Faudrait sérieusement songer à passer au socialisme, depuis le temps qu’on en parle.
Avec la science-fiction, vous y seriez déjà !
Onze écrivains français vous racontent en direct l’après-révolution :
on se la coule douce, on parle aux fleurs et aux légumes et on fume des joints. Ou bien, si vous préférez : un fusil à la main, on surveille les frontières pour voir si personne ne vient.
Et pas le moindre petit homme vert ! On a tout fait tout seuls, comme des grands.

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