Bonjour à toutes et à tous.
Bien que le blog 36 soit dédié à la SF, la notion d'état, de nation, de prospérité et de faillite sinon de civilisation du moins d'organisation sociale supposée être indestructible fait partie des thématiques du genre.
La Grèce, ainsi que le Portugal et l'Espagne, sont encore pour de longues années au coeur de l'idée révulsante de" faillite d'un pays". Alors, l'on entend beaucoup de choses sur le sujet, comme quoi les Grecs seraient les champions de la fraude fiscale, individus comme entreprise...
Certes, il existe bien une mentalité méditérannéenne avec un sens de la légalité quelque peu défaillant parfois, ainsi que pour la Grèce d'une productivité insuffisante... Mais cela tient de la mauvaise explication incomplète, du masquage d'axiomes économiques plus importants.
La Grèce est surendettée pour trois raisons fondamentales.
Un, elle a un budget de l'armement énorme, dépassant de loin toute utilité. Le pays se prépare à une guerre avec la Turquie voisine, très liée à l'Europe elle aussi, guerre qui n'aura jamais lieu. Le pays reste figé dans un conflit dépassé. Proportionnellement à sa population, la Grèce avoisine les USA ou la Corée du Nord pour son budget militaire...
Toutes ses armes sont vendues principalement par des entreprises françaises, allemandes...
Deux, le pays s'est surendetté pour une cinquantaine d'années à cause des Jeux Olympiques d'été qu'elle a organisé, et payé, soldés par un désastre touristique. personne n'est venu assister aux Jeux... De plus une trentaine d'ouvriers ont été assassiné, tués à la tâche endehors de toutes précautions de sécurité durant les travaux, qui avaient pris un retard catastrophique les jeux ayant failli être déménagé ailleurs. Pire encore que le pseudo conflit avec la Turquie, le pays est retourné 2 000 ans en arrière, croyant là retrouver sa splendeur, tel les fascistes de Mussolini fasciné par l'Empire Romain.
Trois, les banques prêteuses, notamment françaises et allemandes, ont prêté en tout état de cause, sachant pertinemment la situation réelle du pays, plus ou moins dirigé par deux familles de politiciens, droite et gauche, qui dominent la vie politique depuis des décennies.
Conclusion, ce pays n'a aucunement les moyens de ses ambitions démesurées de gloire, aux mains de politiciens corrompues et délirants.
De même pour le Portugal qui a organisé une exposition universelle fort coûteuse, fait des dépenses architecturales somptuaires.
De même pour l'Espagne dont les promoteurs immobiliers la fantasmaient en résidence secondaire pour dix millions de riches touristes européens et autres. La moitié du béton produit en Europe était paraît-il consommée en Espagne, le chiffre laisse rêveur... Sans parler de cette volonté politique de rendre les espagnols à tout prix propiétaires, quitte à fortement s'endetter.
Alors, nous pouvons donc en conclure que ces crises successives sont tout à fait normales, prévisibles pour qui n'a pas d'illusion sur les logiques économiques peu susceptibles de miracles. Il n'y a aucune malédiction ou fatalité dans cette phase historique pour l'Europe, sinon effectivement des difficultés bien réelles pour se positionner face à la montée en puissance industrielle et bancaires de l'Inde, de la Chine, du Brésil, de certains pays Africains.
A partir du moment où vous considérez qu'un état est une entreprise, que les citoyens sont des clients, dans une idéologie capitaliste et libérale poussée à l'extrême, vous les plumez. Rien que de plus normal. Le pays le plus fort éliminera le plus faible, y compris ses proches voisins, quelqu'en soient les conséquences, puisque le politique disparait.
L'Europe est aussi un fantasme, un utopie, une croyance en une prospérité, une stabilité bien difficile à obtenir pour des petits pays, laissés sans réel contrôle démocratique. L'Europe aux mains des puissances économiques laissent entrer de petits pays pour les contrôler, les piller au mieux. Voilà certes une vision très dérangeante, mais qui prend en ces moments terribles pour les peuples européens un certain sens.
Car qui prête de l'argent, qui vend des armes inutiles à ces pays surendettés ? Pas la Chine communiste hégémonique, pas la Mafia sicilienne, mais de vertueux donneurs de leçons, la France, L'allemagne, du moins les banques qui y sont domiciliées...
L'Europe actuelle, sans direction politique, ne serait donc qu'un tour d'hypnose à destination des pays rêvant d'y rentrer, un baratin de marchand de foire vendant un épluche-légumes miraculeux. Comment croire en une quelconque altruisme de la part de défenseurs acharnés du libre marché, de la dérégulation en toute circonstance ? L'altruisme, la solidarité sont leurs ennemis mortels.
Nous voilà bien en pleine Science-Fiction avec cette disparition programmée de l'Etat, qui a toujours fomenté contre la liberté individuelle, le profit d'un argent bien accumulé avec ses horribles impôts, chacun le sait bien.
Gulzar