Bonjour à toutes et à tous !
Partageons la joie des Tunisiens, des Egyptiens, d'autres encore ? Tout n'est pas fait, mais la prise de conscience de la puissance populaire par le peuple lui-même, l'alphabétisation, l'amélioration du statut légal des femmes, la constitution d'une société civile de qualité au Maghreb et au Proche-Orient sont irréversibles.
Nous vivons des jours historiques, le mot n'est pas trop fort !
Nous vivons aussi quelque chose dont peu de gens en Europe ont conscience, par inculture géostratégique. Il s'agit tout simplement des soubresauts de la fin du Communisme au Maghreb et au Proche-Orient après la chute du Mur de Berlin !
Car oui, la Syrie, l'Irak, l'Egypte, La Lybie, La Tunisie, l'Algérie ont été des pays dirigés par des staliniens ou fortement socialisants ! Une fois tombé l'espoir d'une nation arabe et socialiste dans le puits du néant, il n'est plus rien resté que des dictatures militaires ou policières, uniquement occupées de faire du profit sur le dos du peuple, soutenus par les démocraties occidentales...
Tous les observateurs un peu sérieux savaient que la tentation de l'Islamisme n'était là que pour remplir un vide, faire office de résistance aux régimes corrompus, qui n'ont jamais osé même au plus fort du socialisme triomphant mettre à bas la religion, détruire les mosquées comme les églises en CCCP !
On résiste avec ce que l'on peut, c'est humain.
Mais la réalité physique a fini par reprendre ses droits. Dans des pays modernes, ouverts sur le monde, avec une classe moyenne naissante, une forme de démocratisation est obligatoire, à un moment ou à un autre.
Un paysan, un ouvrier se tait, ne se révolte pas. Un ingénieur, un étudiant, un commerçant, si.
La rapidité des évènements seul peut surprendre. Pas l'évolution de ses sociétés. Comme me l'a dit un jour un ami d'origine marocaine, le seul vrai changement, c'est le supermarché. Il a su résumer là très bien la situation. L'évolution des conditions matérielles de vie d'un peuple entraîne une évolution de la forme politique du pouvoir, sans pour autant voir là une irrésisitible ascension vers un bonheur terrestre...
Rien n'est inéluctable, mais quelque chose doit se passer dans une région où l'on passe de 5 à 6 enfants par femme à à peine 3, où la notion de droits individuels grandit.
Mohamed Bouazizi, le jeune tunisien qui s'est immolé par le feu,
désespéré, brutalisé par la police qui a détruit son étal,
sa seule source de maigres revenus.
Mohamed Bouazizi, quelques jours avant son décès,
recevant la courtoise visite du Président Ben Ali...
Nous n'oublierons pas non plus la déplorable attitude
de certains politiciens
qui ont déshonoré le peuple français par leur attitude méprisante
pour les légitimes aspirations à la liberté des nations arabes...
Pour en revenir plus étroitement à la SF, elle est pour l'instant presque inexistante dans ces pays... Taper SF arabe, SF Maghreb, SF Egypte, SF Algérie ou Iran, vous n'obtiendrez rien. Aucun livre, même non traduit. Cette région du monde semble absente de cette littérature, tant dans l'écriture que dans la diffusion sans doute des livres occidentaux et russes.
Ce n'est heureusement pas totalement vrai ! Il y a eu à Damas en Syrie en 2009 une première convention de SF arabe ! Promesse d'une production à venir, sans doute de grande actualité et qualité. Car là où il y a de la Science, de la rationalité, une envie de modernité, la SF peut apparaître ! Quelques auteurs existent, mais demeurent non lus en Europe, car non traduits !
Lire la revue Solaris, numéro 164
http://www.revue-solaris.com/numero/2007/164-sf-arabe.htm
Lire le numéro 5 de la revue Galaxies, nouvelle formule !
http://www.galaxies-sf.com/editorial.php?id_revue=5
et aussi
http://www.concatenation.org/conrev/lucien.htm
Il est sans aucun doute de notre devoir, de notre intérêt aussi, d'aider ces auteurs naissants ou à naître, en prenant soin d'ouvrir les concours de SF aux francophones arabes, d'inviter les rares auteurs dans les conventions européennes, de traduire les livres existants, de faire connaître toutes les initiatives prises, de diffuser au maximum les livres SF dans cette région du monde !
Si nous négligeons, voir méprisons, ces auteurs à venir, nous passerons à côté d'une formidable expansion de la littérature que nous aimons, celle de l'imagination au pouvoir.
Gulzar