Bonjour à toutes et tous !
Le Vagabond de Fritz leiber est enfin fini !
Datant de 1965, je l'ai donc lu pour le thème de l'énorme corps stellaire arrivant près de la Terre, sujet de base sur lequel je vais écrire une novela, prélude à un roman à venir. J'essaie en conséquence de lire les romans qui aborde ce thème.
Premier soulagement, ma trame narrative est très loin du roman de Leiber ! Je n'aurai donc pas à renoncer à mon idée...
Ce qui frappe le plus dans ce texte, hormis quelques détails qui seraient difficiles à écrire aujourd'hui sans passer pour un auteur naïf tel le pistolet qui fait voler les rochers, c'est une certaine liberté de ton.
Notamment sur la sexualité, sur la force du désir sur les conventions.
La femme de l'astronaute, peut-être mort sur la Lune, va trouver un amant en deux jours, l'un des personnages va avoir une histoire charnelle avec une habitante féline de la planète vagabonde, venue bouleverser la Terre.
L'histoire se développe en suivant une quinzaine de personnages importants, par petits chapitres croisés. Il n'y a donc pas de héros à proprement parler. C'est franchement moderne dans l'écriture, même si évidemment, cela n'apparaît pas comme une nouveauté !
La nature de la planète vagabonde est également très surprenante, originale ! C'est un vrai plaisir de lecture ! Mais je ne vous dis rien, vous devrez le découvrir par vous-même... C'est assez vertigineux.
Honnêtement, cela fait longtemps que je n'ai pas lu de tels pages sur l'idée même d'intelligence, sur ses dangers...
Autant le roman a un aspect assez léger, autant la nature du vagabond est une belle invention, puissante !
Voilà pourquoi sans doute ce roman a une notoriété, un intérêt toujours aussi fort.
Surtout, ce roman est troublant pour un lecteur et auteur de SF d'aujourd'hui, des années 90, 2000.
En effet, il n'est pas désespéremment efficace.
Et comprenez-bien qu'il s'agit là pour moi d'un compliment !
Parfois, j'ai l'impression que certaines nouvelles, certains romans, par forcément écrits d'ailleurs par des spécialistes de SF, cherchent à être efficace, comme si la peur que le lecteur s'ennuit, ne comprenne pas et abandonne la lecture.
C'est triste je trouve.
Loin de moi l'idée d'écrire de la mauvaise littérature, à la trame narrative bâclée ! Il ne s'agit pas de cela, mais de l'idée même de la littérature d'imagination, réflexive. Au-delà de la nécessaire logique interne à une idée de récit, la nature d'un texte pour moi n'est pas d'être efficace !
Un moteur d'avion doit être efficace. C'est sa fonction.
Il est fort dommageable qu'il ne le soit pas...
Un moteur d'avion est régit par des règles de construction, de fonctionnement très précises.
Un moteur d'avion n'a pas de part d'ombre.
Un roman, une nouvelle n'agit pas dans le monde physique réel, mais mental, donc obscur, tortueux, paradoxale, illogique, méchant, naïf, sexué, stupide, généreux, etc...
Un roman n'a donc pas à être efficace techniquement, car son utilisation ne correpond pas à un usage technique, mais psychique...
Il doit être efficace, mais d'une manière non visible, aux recettes uniques à chaque auteur.
Car un auteur doit imposer son monde, son imaginaire.
Et ne pas se laisser imposer une forme par quiconque.
Même si son travail est basé sur une forte documentation, une volonté de vraisemblance technique, ce qui est mon cas.
Le Vagabond correspond je crois bien à cette liberté de ton appréciable.
Parfois, je me suis demandé ce que faisais certains épisodes dans le contexte, parfois j'aurais aimé en savoir plus.
Mais au moins, il y a de la surprise !!! Si elle n'est pas là, je trouve que c'est décevant. Je préfère un roman mal ou modestement écrit et dingue à un roman superbement écrit mais sans surprises...
Je vais être quelque peu péremptoire, mais sincérement, je crois que l'écriture d'imagination doit se tenir relativement à l'écart de la trop fameuse "efficacité"...
Un roman de SF n'est pas un "thriller", et n'a pas à l'être.
La tension narrative doit arriver à naître par la magie d'une idée, simple ou même tortueuse ! Et pas par des recettes connues.
C'est l'exigence qui m'anime, même pour la plus petite des nouvelles.
C'est du travail...
Alors chères amies et chers amis, ne lisons plus que des livres pas bassement efficaces !
Et un grand merci à toutes celles et ceux qui les écrivent.
A bientôt !
Gulzar