Bonjour à toutes et tous !
Stanislas Lem est l’un des auteurs que j'apprécie beaucoup. J'ai commencé à lire l'un de ces romans, Mémoires trouvés dans une baignoire. Immédiatement, j'ai réalisé qu'il était impossible que Terry Gilliam n'ait pas lu ce livre avant de réaliser "Brazil" !!! On retrouve cette même ambiance démente de bureaucratie qui tourne en rond, sans plus d'objet véritable... Le texte n'est pas très facile à lire, il faut être bien concentré. Le lecteur est aussi perdu que le personnage d'agent secret, qui perdu cherche le sens de sa mission, face à l'administration d'un Pentagone apeuré. Il s'agit donc des mémoires de cet homme, miraculeusement retrouvé après la disparition total du papier sur Terre, dûe à une bactérie ramenée d'exploration spatiale ! Hypothèse que je trouve très forte. Il y aurait là de quoi écrire un roman !
Mémoires trouvés dans une baignoire donc, de Stanislas Lem, édité en 1961 en France.
J'aime beaucoup cet auteur ; malgré tout je n'ai pas fini le livre... Situation rare... En fait, j'ai sauter des chapitres entiers pour lire le dernier...
Ce livre est vraiment très intéressant sur la forme littéraire, sur ce que peut accepter un lecteur d'hier et d'aujourd'hui...
Sans rentrer dans les détails, le récit commence par une très belle hypothèse, digne de l'auteur de Solaris. Un agent infectieux ramené d'une expédition spatiale détruit tout le papier sur Terre...
Le livre est ensuite constitué d'un carnet de notes d'un agent d'un Pentagone tombé en pleine paranoïa, retrouvé dans une baignoire...
Le lien entre ces deux principes narratifs très fort n'a rien d'évident, sinon la volonté de Lem !!!
Mais peut importe, l'auteur a tous les droits.
A titre personnel, je ressens que cette hypothèse de destruction massive et quasi totale du papier donnerait un formidable roman !!!
Alors que nous nous retrouvons dans le délire d'une organisation à la dérive, qui semble avoir inspiré directement Brazil de Terry Gilliam !!!
Contrairement au film par contre, nous ne rions pas... Lem, et c'est à son honneur littéraire, a fait le choix d'une description quasi archiviste, c'est à dire difficile d'accès.
Par moment, je n'avais plus la sensation de lire une fiction, mais un rapport administratif... Lem a décidé de combatre le feu par le feu !!! Il décrit une administration avec un langage administratif, long, redondant, pas très complexe, mais soporifique...
C'est un risque. Trop grand aujourd'hui, dans une société de spectacle... Je suis attaché à découvrir tous les styles, les auteurs, même ceux qui ne m'attire pas au départ afin de me cultiver littéraierment, mais là, l'effort est trop violent...
L'on s'ennuie... L'on a du mal à suivre les péripéties.
A la limite, le roman est formidable, réduit à une longue nouvelle...
Pourtant, je dois dire que c'est dérangeant de resentir physiquement cette ennui, cette angoisse devant ces fonctionnaires perdus, tués, suicidés, manipulés, manipulateurs...
Certainement, le roman parle des régimes communistes de l'Est, même s'il se situe maliceusement aux USA !
A vrai dire, j'aimerai avoir d'autres avis ! Si quelqu'un a lu ce roman, qu'il m'envoit son avis, je le mettrai sur le blog avec plaisir, quel qu'il soit !
Car ce roman de Lem pose le problème important que j'ai déjà abordé dans de précédentes chroniques, le maudit souci d'efficacité !!! Doit-on être efficace, compris facilement, conforter le lecteur dans une certaine paresse en lui mâchant le travail ?
Moi qui cherche à pouvoir être lu du plus grand nombre sans sombrer dans la médiocrité, je suis en plein dans cette problématique...
Il pourrait être facile de se dire que tout s'aggrave, que les gens deviennent incultes avec le règne de l'Image Reine, que les auteurs sont moins bons aujourd'hui, etc, etc, etc...
Mais nous devons simplement garder à la conscience qu'un auteur écrit dans son temps, pour les auteurs de son temps, avec parfois l'insouciance d'être lu par des générations trop lointaines !
Et puis passer son temps à se plaindre de ses contemporains ne sert à rien. C'est aux auteurs d'aujourd'hui d'exprimer aujourd'hui, pour les lectrices et lecteurs d'aujourd'hui.
Tout en n'hésitant pas à chercher à imposer un style, une conception du récit, de l'écriture !
Un auteur certes doit se préoccuper d'être lu et compris, mais ne doit pas chercher non plus à plaire... Il ne doit pas courir derrière une mode, mais construire une oeuvre.
Il doit exprimer la complexité du monde dans une séduction d'une grand simplicité...
Etrange paradoxe que révèle très bien Mémoires trouvés dans une baignoire... Très joli titre d'ailleurs !
A bientôt pour une chronique cinéma, Avec District 9, excellent film, mais qui comporte un gros défaut à mon humble avis...
Gulzar