Bonjour à toutes et tous !
Petit souvenir de Tolkien...
Pour tout vous dire, je n'ai lu que Bilbo le Hobbit il y a bien longtemps, ne connaissant la suite que par le cinéma. Je suis d'abord attiré par la SF avant la Fantaisie !
Néanmoins, au-delà de l'ampleur littéraire de cette oeuvre, cette fresque a vraiment deux caractéristiques essentielles qui fondent la trame narrative. Je recherche désormais cette fameuse trame qui m'obèsde dans toutes les oeuvres que je lis ou visionne ! Il faut savoir admirer le travail des autres !
Tout d'abord, les héros principaux sont ce que l'on pourrait nommer des valets de ferme, des gens de petite condition, des anonymes, qui au début ont peur de leur ombre, et n'ont nulle envie d'aventure dangereuse... L'identification est donc très contemporaine. Nous sommes loin des contes avec des princes, des princesses, des dragons. Nous sommes au côté du peuple, d'ailleurs utilisé par les puissants, puisqu'ils vont au combat à leur place !
Ce n'est pas un conte de fées que nous lisons. C'est un monde reflet du nôtre, si proche et si lointain à la fois. De ce que je perçois du Seigneur des Anneaux, c'est vraiment la force de cette oeuvre. Il n'y a pas de sensiblerie inutile.
Mais il ya encore plus fort ! Si l'on analyse au fond, Tolkien a trouvé une astuce de narration vraiment très fondatrice de l'ensemble du récit.
Sans vouloir résumer, c'est guère possible, disons que c'est la perte et la recherche de symbole du pouvoir, les anneaux, qui déclenche l'histoire, qui en est le noeud, le moteur.
Hors le symbole traditionnel du pouvoir, c'est une couronne, un sceptre, une épée ! Guère voir jamais un anneau, plus utilisé historiquement comme moyen d'authentification de courrier sur un sceau de cire.
Et c'est là où le décalage d'utilisation est très fort ! Car comment perdre une couronne qui tombe d'un cheval dans les bas-côtés, une rivière ? Comment un valet de ferme pourrait ignorer à qui appartient une épée mythique, richement décorée ? Qui ignore l'usage d'un sceptre ? Personne.
Le Seigneur de la Couronne ne pourrait exister... Tout le récit tient sur le fait que la perte physique des anneaux est possible ! Que tout le monde tient ces anneaux pour partie négligeable, ne reconnaît pas leur pouvoir !
Que l'on peut les dissimuler dans ses poches...
Sans cela, la fresque devient impossible à écrire... Tout repose sur ce choix initiale des anneaux comme support du pouvoir.
C'est cela la force d'une trame narrative qui tient debout. C'est remettre en cause les récits traditionnels, tout en les aimant, les respectant. C'est trouver l'astuce !
L'astuce, l'idée fondatrice, la vision qui arrive en une seconde pour une oeuvre qui demandera des mois, voir des années de travail, correspond pour moi à la clé centrale d'une voûte, qui s'en cela s'écroulerait...
Sur cette réflexion architecturale, je vous dis à bientôt !
Gulzar