Sur le strapontin
La chapelle amphibie continuait à vitesse soutenue à remonter l’Amazone, tandis qu’en sens inverse, les arbres rendus ivres de liberté par la Secte de la Greffe Noire continuaient leur migration vers l’embouchure du fleuve. Pour l’instant, ils ne dépareillaient pas le paysage, leur déplacement se voyait finalement à peine. Mais que ce passerait-il si la forêt toute entière décidait de déménager, d’émigrer sur les côtes ou dans les hauteurs andines ?
Le Brazil sans l’Amazonie ne pouvait se concevoir. Imaginait-on la Terre sans la Lune ?
Wictorius se glissa dans la chambrette ou Beatrix suivait de près l’évolution du drone lancé quelques heures plus tôt.
- Alors ?
- Eh bien, cher espion, je confirme un large mouvement de dizaines de milliers d’arbres, pour le moins ! De différentes espèces.
- Pouvez-vous localiser leur zone de départ ?
- Pas précisément encore… Certainement, bien en amont. J’ai dû mal à comprendre pourquoi votre Suprême Coordinateur ne vous fournit pas plus de moyens dans votre lutte ? Il faudrait des dizaines de drones, des patrouilles, voir même user d’images satellitaires.
- Peine perdue, malheureusement ! La vie est dure pour les agent secrets… Mais les restrictions budgétaires, le spatial rendu à l’anarchisme ne me feront pas douter de l’issue ! Je vaincrai !
- Je n’en doute pas… En attendant, je ramène le drone, il va bien falloir le ravitailler pour un vol de nuit. Je veux savoir si les arbres avancent ou se reposent des efforts énormes auxquels ils doivent consentir la journée.
- Je vais demander à Dolph de vous trouvez un endroit où le poser.
Wictorius parla donc au guerreiro luttant contre les courants contraires. Puis il ressortit du poste de pilotage pour déployer un strapontin sur le flanc bâbord de la chapelle.
Malgré le danger, une furieuse envie de nager le prenait.
La suite demain !