Le voyageur
Laissant le fonctionnaire Figatelo graisser son formularium à roulettes, Wictorius put enfin quitter à grandes enjambées la zone portuaire après ces formalités administratives. Le plus grand agent secret brazilien ayant très envie de rejoindre son petit chez-lui, pustule tout confort qu’il avait réussi à acheter à une vieillarde récalcitrante. Usant de mille ruses, il avait fini par la convaincre d’aller finir ses jours à la campagne à l’ancienne, sur une très belle colline de cabanes gériatriques d’un Campo de Alegria de l’arrière pays.
Se loger restait un problème à Rio avec tous ce cinquième âge qui refusait de vieillir et de céder la place aux jeunes.
Retardé par cette stupide histoire de livre, Wictorius trouva la station taxi quasi vide. Ne restaient plus que quelques bicyclettes et chevaux à louer et un dernier pousse-pousse à l‘écart sous un palmier artificiel.
- Eh bien, je crois que nous allons être obligé de partager !
Un homme fort élégamment vêtu d’un ample vêtement de voyage, plus grand même que Wictorius, discutait déjà du prix de la course avec le géant. Un étranger d’après son accent, qui arrivait du continent africain.
- Très bien, nous partagerons donc les frais. Je vois que vous avez du bagage, je suggère de ne payer qu’un tiers…
- Mais cela me paraît tout à fait équitable ! Je me présente, Buhibab Amédée Tigron d’Abidjan ! Je voyage de part le monde !
Les deux hommes se serrèrent la main, tandis que le géant repliait son palmier à l‘arrière du pousse-pousse.
- Wictor Buffon, représentant en faune et flore d’agrément…
- Quel heureux hasard, je vis moi-même avec une plante depuis huit ans !
Effectivement, le voyageur ivoirien traînait derrière lui une modeste plante en pot dans sa petite carriole. Encore un excentrique qui prenait le Brazil pour une terre de démence.
La suite demain !
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