Une vie de géant
Sans grande difficulté, Wictorius put trouver un arrangement avec le géant de l’entretien, qui répondait au joli nom de Gromovar. Contre un abonnement d’un an à la revue de charme Fesses géantes et quelques bricoles alimentaires, l’employé à l’entretien consentit à le descendre au rez-de-chaussée.
- J’aime beaucoup le poster central ! Nous autres géants, nous avons beau être stériles, nous aimons, nous avons une vie érotique très développée. J’ai moi-même une bonne amie qui travaille au recyclage des déchets de la tour Maravilha de beleza !
- Vous m’en voyez heureux pour vous.
Le monte-charge était désespérément lent. Wictorius prit son mal en patience, écoutant les exploits sexuels de Gromovar, très satisfait de lui.
- Une fois, j’ai même fait l’amour à l’arrière d’une villa volante où j‘étais commis, au milieu de flamands roses qui se reposaient en cours de migration ! Ah, le voyant est au vert, nous voilà rendus !
Wictorius ne s’attarda pas en adieux et se rendit aussitôt à son bar favori où il prenait rituellement son petit-déjeuner. À cet heure-ci, le Kadhafi Bar n’était heureusement pas bondé et il put retrouver sa table favorite. Commencer une nouvelle mission dans la précipitation n’était pas recommandé.
- Un double café citron !
› bien Senhor.
La serveuse robotisée lui amena prestement son café, accompagné de pâtisseries. Sur l’écran géant, le feuilleton Les Smith s’entretuent se poursuivait inlassablement. Aujourd’hui, Sally avait tout perdu au jeu et devenu fou, le cousin Sonny s’était réfugié en haut d’une éolienne pour parler aux étoiles.
- Ça n’en finira donc jamais ! J’en ai assez des Smith… Pas vous ? Je préférerais un bon dessin animé polynésien…
Wictorius entama la conversation avec un habitué comme lui, un moustachu qui sirotait son thé en intraveineuse.
- C’est le principe même du feuilleton, cher ami. Finir, c’est mourir…
La suite demain !