Résumé

Chez le couturier 

Remontant  la foule bigarrée de touristes matinaux, de revendeurs à la sauvette, de riches braziliens en chaises à porteurs, d’enfants en trottinette et de robots occupés à leur tâche, Wictorius suivi de Gog et Magog rejoignaient la Cité Commerciale Cidade o Vestuário en tramway. 

- Vous avez besoin de nouveaux vêtements qui vous donnent l’air important. Rappelez-vous, vous êtes officiellement des ambassadeurs français, plus des marins !

- Nous vous remercions bien bas de tout ce que vous faîtes pour libérer la France…  

- C’est mon rôle d’agent secret que de défendre la liberté au péril de ma vie ! Comment ne pas être sensible à la détresse technologique de tout un peuple réduit à cultiver la terre, à manger des animaux vivants ! J’en frissonne encore… Nous descendons là. 

Passée la fragile muraille composée d’une mosaïque de tissus de toutes les couleurs et textures imaginables, les deux géants découvrirent l’extraordinaire activité des milliers d’artisans habillant Rio tout entière.  

- Tu as vu mon frère Gog ? Là, un géant qui pédale pour fournir de l’électricité ! 

- Et là, une autre en salopette qui transporte des rouleaux de tissus larges comme un tronc ! 

Wictorius les poussa dans la boutique Harrito Pendelo, Tout pour le diplomate, tailleur réputé venu du Panama. 

- De l’ostentatoire pour ces deux gaillards ! Mais que l’on sente bien qu’ils viennent aussi d’un pays pauvre et en guerre...

Le petit tailleur chauve monta sur son escabeau, commençant à prendre les mensurations de ses clients ravis, tandis que l‘apprenti triait une montagne de boutons. 

- Je vois tout à fait ce qu’il faut ! Oui, quelques fausses décorations, du velours fluorescent qui tombe en drapé… Quel pays déjà ? 

- La France... 

- Comment, cet horrible pays ? Ce sera le double du prix, je hais la mode parisienne ! 

La suite lundi ! 

Résumé

Souci d’argent 

Le tenancier du Kadhafi Bar poussa lui-même le chariot à roulettes surchargé du gargantuesque petit-déjeuner commandé. Wictorius avala sa première tasse de café encore brûlant, délicieusement amer, avec cette arrière goût du grain péruvien ramassé par des mains enfantines.   

- Dites-moi Kassam, vous n’auriez pas un cachet de Bétazoïda ? Je ne digère plus rien…

- Pour vous Senhor, je vais bien en trouver dans ma réserve de Flore intestinale ! Un établissement comme le mien se doit d’avoir toutes les marques, les clients sont devenus si exigeants… Et toutes ces taxes, ces contrôles d’hygiène ! Le petit commerce n’est pas aidé, c’est moi qui vous le dis ! 

Le robot serveur lui apporta le cachet salvateur et après une demi-heure d’attente, Wictorius put enfin se restaurer bruyamment en attendant Gog et Magog, qui arrivèrent en sueur, encore en costume de marin. 

- Monsieur Wictorius, que ce fut dur de trouver votre tour kilométrique ! C’est que tout est payant ici… Heureusement, Gilda nous a prêté quelques brazols ! 

- En France tout est donc gratuit ? Prenez une brioche au poulpe.

À la réflexion, les deux géants durent convenir que tout était payant en France, même les caravanes de chameaux qui remontaient le Rhône. Wictorius finit allègrement sa charcuterie synthétique. 

- Avec quoi allez-vous payer l’armement que vous devez ramener à Oléron ? 

La bouche pleine, Gog et Magog restèrent penauds. 

- On ne peut tout de même pas revendre le sous-marin du Comte !

- On pourrait travailler…

- Gagner des parties de crabe poker ? 

- Vendre comme Gilda des glaces et des drogues douces sur la plage !

Wictorius commanda une gourde de café au jasmin pour la journée et paya. 

- J’ai une bien meilleur idée que de travailler… Dans la nouvelle économie, il faut savoir partager. En route !  

La suite demain !

Résumé

Wictorius au Kadhafi Bar 

La nuit n’avait pas été bonne. Wictorius avait eu du mal à s’endormir. À peine rentré, il avait réussi à se fâcher avec sa sublime secrétaire Angelica et devrait donc ne pas compter sur elle durant deux ou trois jours. 

Pire, il n’y avait plus de Flore intestinale pour Homme de la marque Bétazoïda à la pharmacie ambulante, ni aux distributeurs. Rupture de stock paraît-il, suite à un lâcher de missiles inamical sur un convoi de la part de Liberdade Intestinal, groupuscule prônant l’archaïsme gastrique. 

Résultat, il n’avait pu avaler l’excellent repas bolivien concocté par son majordome Goldo et s‘était endormi le ventre vide. Wictorius avait pourtant bien besoin de se refaire un estomac correct après tant d’avanies alimentaires en Europe. 

Affamé, il sortit en robe de chambre de l’ascenseur pour prendre son petit déjeuner au Kadhafi Bar.  

- Tient, un nouveau Bouddharium vient d’ouvrir en face !

- Oui, Senhor. Il propose d’intéressante promotions. Je suis bien content de vous revoir ! Vous me paraissez quelque peu changé… 

- J’ai beaucoup voyagé ! Tenancier, un litre de café, la carte complète des brioches, six œufs au plat et de la charcuterie synthétique, surtout pas de naturel ! 

- Je vous amène ça ! Au moins, cette stupide neige a cessé juste après votre départ ! Tout le personnel en grève de la plateforme climatique a été déporté en Sibérie. Mais qui va mettre fin un jour au syndicalisme archaïque de l’ancienne économie ? 

Wictorius ne s’engagea pas sur le terrain glissant de la politique, il n’y connaissait rien. Il préféra suivre l’épisode du matin du feuilleton Les Smith s’entretuent. Bobby avait encore violé sa cousine Sally et perdu au jeu Ziggy, son cheval de course turbopropulsé. 

- Que c’est bon de retrouver Copacabana, la civilisation, ma table préférée à l‘ombre jusqu‘à onze heures ! 

La suite demain !