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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 09:08

 

banniere buffon internet

 

 

 

Aujourd'hui, première expérience avec le microscope de M. Needham. C'est assez long, mais passionnant...

 

 

CHAPITRE VI.

Expériences au sujet de la génération.

 

 


PREMIERE EXPERIENCE.

 

J’ai fait tirer des vésicules séminales d’un homme mort de mort violente, dont le cadavre était récent et encore chaud, toute la liqueur qui y était contenue, et l’ayant fait mettre dans un cristal de montre couvert, j’en ai pris une goutte assez grosse avec un cure-dent, et je l’ai mise sur le porte-objet d’un très-bon microscope double, sans y avoir ajoûté de l’eau et sans aucun mélange. La première chose qui s’est présentée, étaient des vapeurs qui montaient de la liqueur vers la lentille et qui l’obscurcissaient. 

Ces vapeurs s’élevaient de la liqueur séminale qui était encore chaude, et il fallut essuyer trois ou quatre fois la lentille avant que de pouvoir rien distinguer. Ces vapeurs étant dissipées, je vis d’abord des filamens assez gros, qui dans de certains endroits se ramifiaient et paroissaient s’étendre en différentes branches, et dans d’autres endroits ils se pelotonnaient et s’entremêlaient. Ces filaments me parurent très clairement agités intérieurement d’un mouvement d’ondulation, et ils paroissaient être des tuyaux creux, qui contenoient quelque chose de mouvant. 

Je vis très distinctement deux de ces filaments qui étaient joints suivant leur longueur, se séparer dans leur milieu et agir l’un à l’égard de l’autre par un mouvement d’ondulation ou de vibration, à peu près comme celui de deux cordes tendues qui seraient attachées et jointes ensemble par les deux extrémités, et qu’on tirerait par leur milieu, l’une à gauche et l’autre à droite, et qui feroient des vibrations par lesquelles cette partie du milieu se rapprocheroit et s’éloignerait alternativement ; ces filaments étaient composez de globules qui se touchaient et ressemblaient à des chapelets.

 Je vis ensuite des filaments qui se boursoufloient et se gonflaient dans de certains endroits, et je reconnus qu’à côté de ces endroits gonflés il sortait des globules et de petits ovales qui avaient un mouvement distinct d’oscillation, comme celui d’un pendule qui seroit horizontal : ces petits corps étaient en effet attachés au filament par un petit filet qui s’alongeait peu à peu à mesure que le petit corps se mouvait, et enfin je vis ces petits corps se détacher entièrement du gros filament, et emporter après eux le petit filet par lequel ils étaient  attachés. 

Comme cette liqueur état fort épaisse et que les filament étoient trop près les uns des autres pour que je pusse les distinguer aussi clairement que je le desiras, je délayai avec de l’eau de pluie pure et dans laquelle je m’étois assuré qu’il n’y avat point d’animaux, une autre goutte de la liqueur séminale ; je vis alors les filaments bien séparés, et je reconnus très distinctement le mouvement des petits corps dont je viens de parler ; il se faisat plus librement, ils paroissoient nager avec plus de vîtesse, et traînaent leur filet plus légèrement, et si je ne les avas pas vus se séparer des filament et en tirer leur filet, j’auras pris dans cette seconde observation le corps mouvant pour un animal, et le filet pour la queue de l’animal. 

J’observai donc avec grande attention un des filaments d’où ces petits corps mouvantssortaient il était plus de trois fois plus gros que ces petits corps ; j’eus la satisfaction de voir deux de ces petits corps qui se détachoient avec peine, et qui entraînoient chacun un filet fort délié et fort long, qui empêchait leur mouvement, comme je le dirai dans la suite.Cette liqueur séminale était d’abord fort épaisse, mais elle prit peu à peu de la fluidité, en moins d’une heure elle devint assez fluide pour être presque transparente ; à mesure que cette fluidité augmentoit, les phénomènes changeaient, comme je vais le dire.


II.

Lorsque la liqueur séminale est devenue plus fluide,on ne voit plus les filaments dont j’ai parlé ; mais les petits corps qui se meuvent, paroissent en grand nombre ils ont pour la plupart un mouvement d’oscillation comme celui d’un pendule, ils tirent après eux un long filet, on voit clairement qu’ils font effort pour s’en débarrasser ; leur mouvement de progression en avant est fort lent, ils font des oscillations à droite et à gauche : le mouvement d’un bateau retenu sur une rivière rapide par un cable attaché à un point fixe, représente assez bien le mouvement de ces petits corps, à l’exception que les oscillations du bateau se font toujours dans le même endroit, au lieu que les petits corps avancent peu à peu au moyen de ces oscillations, mais ils ne se tiennent pas toujours sur le même plan, ou, pour parler plus clairement, ils n’ont pas, comme un bateau, une base large et plate, qui fait que les mêmes parties sont toujours à peu près dans le même plan ; on les voit au contraire, à chaque oscillation, prendre un mouvement de roulis très considérable, en sorte qu’outre leur mouvement d’oscillation horizontale, qui est bien marqué, ils en ont un de balancement vertical, ou de roulis, qui est aussi très sensible, ce qui prouve que ces petits corps sont de figure globuleuse, ou du moins que leur partie inférieure n’a pas une base plate assez étendue pour les maintenir dans la même position.

 

III.

Au bout de deux ou trois heures, lorsque la liqueur est encore devenue plus fluide, on voit uneplus grande quantité de ces petits corps qui se meuvent ; ils paraissent être plus libres, les filets qu’ils traînent après eux sont devenus plus courts qu’ils ne l’étaient auparavant ; aussi leur mouvement progressif commence-t-il à être plus direct, et leur mouvement d’oscillation horizontale est fort diminué ; car plus les filets qu’ils traînent sont longs, plus grand est l’angle de leur oscillation, c’est-à-dire, qu’ils font d’autant plus de chemin de droite à gauche, et d’autant moins de chemin en avant, que les filets qui les retiennent et qui les empêchent d’avancer, sont plus longs, et à mesure que ces filets diminuent de longueur, le mouvement d’oscillation diminue et le mouvement progressif augmente ; celui du balancement vertical subsiste et se reconnaît toujours, tant que celui de progression ne se fait pas avec une grande vîtesse : or jusqu’ici pour l’ordinaire, ce mouvement de progression est encore assez lent, et celui de balancement est fort sensible.

 

IV.

Dans l’espace de cinq ou six heures la liqueur acquiert presque toute la fluidité qu’elle peut avoir sans se décomposer : on voit alors la plupart de ces petits corps mouvants entièrement dégagez du filet qu’ils traînaient ; ils sont de figure ovale, et se meuvent progressivement avec une assez grande vitesse, ils ressemblent alors plus que jamais à des animaux qui ont des mouvements en avant, en arrière et en tout sens. Ceux qui ont encore des queues, ou plutôt qui traînent encore leur filet, paraissent être beaucoup moins vifs que les autres ; et parmi ces derniers, qui n’ont plus de filet, il y en a qui paraissent changer de figure et de grandeur ; les uns sont ronds, la plûpart ovales, quelques autres ont les deux extrémités plus grosses que le milieu, et on remarque encore à tous un mouvement de balancement et de roulis.

 

V.

Au bout de douze heures la liqueur avait déposé au bas, dans le cristal de montre, une espèce de matière gélatineuse blancheâtre, ou plutôt couleur de cendre, qui avait de la consistance, et la liqueur qui surnageait était presqu’aussi claire que de l’eau, seulement elle avait une teinte bleuâtre, et ressemblait très bien à de l’eau claire dans laquelle on aurait mêlé un peu de savon ; cependant elle conservoit toujours de la viscosité, et elle filoit lorsqu’on en prenait une goutte et qu’on la voulait détacher du reste de la liqueur ; les petits corps mouvants sont alors dans une grande activité, ils sont tous débarrassés de leur filet, la plûpart sont ovales, il y en a de ronds, ils se meuvent en tout sens, et plusieurs tournent sur leur centre. 

J’en ai vu changer de figure sous mes yeux, et d’ovales devenir globuleux ; j’en ai vu se diviser, se partager, et d’un seul ovale ou d’un globule en former deux ; ils avaient d’autant plus d’activité et de mouvement, qu’ils étaient plus petits.

 

VI.

Vingt-quatre heures après la liqueur séminale avait encore déposé une plus grande quantité de matière gélatineuse ; je voulus délayer cette matière avec de l’eau pour l’observer, mais elle ne se mêla pas aisément, et il faut un temps considérable pour qu’elle se ramollisse et se divise dans l’eau. Les petites parties que j’en séparai, paraissaient opaques et composées d’une infinité de tuyaux, qui formaient une espèce de lacis où l’on ne remarquait aucune disposition régulière et pas le moindre mouvement ; mais il y en avait encore dans la liqueur claire, on y voyait quelques corps en mouvement, ils étaient à la vérité en moindre quantité ; le lendemain il y en avait encore quelques-uns, mais après cela je ne vis plus dans cette liqueur que des globules sans aucune apparence de mouvement.

Je puis assurer que chacune de ces observations a été répétée un très grand nombre de fois et suivie avec toute l’exactitude possible, et je suis persuadé que ces filets que ces corps en mouvement traînent après eux, ne sont pas une queue ou un membre qui leur appartienne et qui fasse partie de leur individu ; car ces queues n’ont aucune proportion avec le reste du corps, elles sont de longueur et de grosseur fort différentes, quoique les corps mouvants soient à peu près de la même grosseur dans le même temps ; les unes de ces queues occupent une étendue très considérable dans le champ du microscope, et d’autres sont fort courtes ; le globule est embarrassé dans son mouvement, d’autant plus que cette queue est plus longue, quelquefois même il ne peut avancer ni sortir de sa place, et il n’a qu’un mouvement d’oscillation de droite à gauche ou de gauche à droite lorsque cette queue est fort longue ; on voit clairement qu’ils paraissent faire des efforts pour s’en débarrasser.

 

 

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