Bienvenue à toutes et à tous. Je suis Gulzar Joby, auteur de Science-fiction. Retrouvez mes parutions, mon carnet de notes et les autres rubriques de mon blog.
Bonjour à toutes et à tous.
Très courte chronique cinéma, avec une sortie intéressante en dvd, l’un des films les plus connus de Claude Autant-Lara, Le blé en herbe, l’un des réalisateurs méprisé par ce qu’on a appelé la nouvelle vague de la fin années 50, début 60, plus justement pour ses positions extrême-droitiste sur la fin de sa vie...
Tiré d’un roman éponyme de Colette, le film raconte avec justesse l’histoire d’un trio amoureux. Un jeune garçon de seize an, Phil,s et une jeune fille de quinze ans,Vinca, amis d’enfance, hésite entre amour et amitié. C’est l’été sur la côte. Le jeune garçon est attiré par une dame parisienne en vacances comme lui, sans trop bien comprendre la teneur de ses sentiments. Ils deviennent amants, provoquant le désarroi chez la jeune fille qui se doute de son infidélité. Mais la fin de l’été approche, tout le monde doit rentrer à Paris…
À mon sens, il s’agit là avec Le blé en herbe d’un film passage de témoin entre effectivement un cinéma à la française de studio quelque peu défraîchie, incapable d’innovation véritable et cette nouvelle vague qui filme dehors, caméra à l’épaule, ose toutes les audaces de montage.
Mais reléguer ce film au rang d’ineptie cinématographique, c’est aller un peu vite. Un vrai charme se dégage par le jeu des acteurs, par le sujet lui-même finalement assez osé même pour le 21ème siècle.
Certaines scènes sont mêmes très réussies, voir impitoyables. J’en citerai deux.
Dans l’une, le jeune homme va jusqu’à compter le nombre de jours le séparant de la libération, de la liberté, le jour de ses 21 ans, date totalement abstraite pour lui, dégagée de toute réalité. Jusqu’alors, il se considère ni enfant, ni homme, une période absurde de temps perdu…
Dans l’autre, au début du film, il manque de se noyer, son petit bateau renversé au large par une vague. Nageant pour se sauver, il perd son short. C’est nu qu’il arrive quais évanoui sur la plage, alors qu’au même moment, deux bonnes sœurs font nager une ribambelle de petites filles. Les bonnes sœurs repartent aussitôt, voulant soustraire à la vue de leurs protégées la vision de ce corps masculin dénudé.
Il est donc là très clair que sous prétexte de respecter une pudibonderie, une morale étriquée, ces deux catholiques sont prêtes à ne pas porter assistance au jeune homme, à le laisser mourir… Malgré une part de drôlerie, la scène est absolument terrible, sans concession.
Et puis cette histoire d’amour d’été entre un adolescent et une dame d’âge mûr n’est pas vraiment le vrai sujet du film, et sans doute du roman.
Le vrai sujet, ce sont ces deux adolescents, hésitant entre amour et amitié, révolte et acceptation de leur sort. La fin du film qui les voit symboliquement se transformer en couple d’adultes est assez forte. Ils s’aiment, mais les voilà obligé de mener une petite vie rangée, qui ne les satisfait pas vraiment… Leurs habits d’adultes sont trop grands pour eux.
Mieux, dans de longues scènes, ils portent tout deux le même pyjamas rayé qui les fait ressembler à des bagnards rêvant d’une impossible évasion…
De plus, à l’époque, les films dont les héros centraux sont des adolescents sont rarissimes, et aujourd’hui aussi d’ailleurs, à bien y songer… Songez aux films de Larry Clark notamment qui choquent toujours une partie du public.
Le blé en herbe annonce véritablement la nouvelle vague, mai 68, ce sentiment d‘enfermement, d‘étouffement de la vie dans une société sans possibilité d‘être soi-même, l‘irruption de la jeunesse dans une société d‘adultes.
Le blé en herbe n’est donc pas un film hors de son époque, bien au contraire. Son histoire est tout à fait révélatrice de la France un peu repliée sur elle-même, encore très marqué par un Catholicisme censé guider les âmes sur le droit chemin.
Certes, il n’ose pas encore sortir d’un cinéma traditionnel, tant par certains dialogues, jeu d’acteurs et son montage théâtrale, mais son visionnage reste en tout cas un plaisir rare, que l‘on soit cinéphile ou pas.
Gulzar