La fuite
- Chef, vous êtes sûr qu’on va parvenir à s’échapper dans la prière ?
- Nous allons faire semblant, évidemment !
Beatrix, elle, n’appréciait guère les odeurs du sang et de l’urine. Les agissements de cet espion soit disant professionnel n‘obéissaient à aucune logique, aucun plan précis. C‘est sans doute ce qui le rendait terriblement dangereux, supposa-t-elle.
- J’ai quelques doutes, moi aussi… Qu’il a-t-il de si grave pour nous obliger à quitter précipitamment ces géants ? Je suis bien d’accord de ne pas nous attarder, mais leur relation à leur environnement m’intéresse. Leurs cultures étagées de rares cucurbitacées épineuses sont tout à fait astucieuses !
Wictorius dut se maîtriser pour ne pas hurler.
- Astucieux est le bon terme, ils maîtrisent l’usage du Béryllium bien au-delà de ce qu’avaient jamais envisagé nos ancêtres de l’ancienne économie ! Les géants de la Terre entière viennent en boire pour devenir fertile ! Et regardez ces branchages que j’ai ramené au péril de ma vie !
Interloquée, Beatrix s’en saisit. À l’ombre de l’abattoir, les feuilles se mirent à briller.
- C’est extraordinaire !
- Vous pouvez en garder quelques unes si cela vous chante... Mettons-nous à prier, nous nous enfuirons de nuit…
La mine grave, Sylvester empêcha Wictorius de se mettre à genoux dans la boue sanguinolente.
- Je comprends mieux, Chef, la terrible menace mondiale… Si jamais les géants se reproduisent, ils vont prendre notre place à la guerre, tellement ils sont forts. Le chômage, j’en veux pas, moi !
- Moi non plus. Faisons semblant de prier jusqu‘au crépuscule !
- Pas besoin, Chef. Nous pouvons fuir sans attendre. Démonstration !
Aussitôt, l’astucieux guerreiro sortit de son barda trois leurres gonflables, qu’il façonna pour ressembler au mieux à une scientifique grassouillette, un paramilitaire et un espion de belle taille.
- Et maintenant, déshabillons-nous !
La suite lundi !