Prendre l’ascenseur
Reprenant sa couverture habituelle de vendeur de faune et flore d’agrément, Wictorius s’était décidé à suivre les instructions de la Grosse Citrouille. Après tout, en temps que Suprême Coordinateur, il savait ce qu’il faisait.
Coordinateur de quoi, Wictorius n’avait jamais tout à fait bien compris. En tout cas, coordonner dans la nouvelle économie signifiait être très important.
Un obstacle de taille l’arrêta dans sa première journée de lutte contre la Greffe Noire. Wictorius voulut prendre l’ascenseur basse vitesse auquel il avait droit comme habitant de septième classe d’une tour résidentielle. Mais une pancarte indiquait Fermé pour cause de gamineries. Un géant en salopette de l’entretien était même en train de condamner les portes avec une colle provisoire.
- Que se passe-t-il, mon brave ?
- Le chaos, Senhor ! Ce sont les marmots de la communauté infantile du cent vingt-troisième qui font des siennes… Ils ont décrété les parties communes zone de jeu pour trois jours, une chasse au trésor je crois. Moi je dis que l’autorité parentale devrait être restaurée dans tout le pays ! La conciergerie s’est réunie en urgence dans la nuit et je dois condamner toutes les portes d’ascenseurs pour éviter les accidents.
- C’est très embêtant, je suis pressé ! Je ne vais tout de même pas prendre les escaliers !
- J’ai vu des personnes grabataires pourtant s’y essayer…
Il demeurait impossible d’emprunter des ascenseurs haute vitesse réservé aux appartements luxueux, sous peine d‘expulsion des plus tragiques. Dix mille marches l’attendait. Pourtant, un illogisme le troublait.
- Mais vous, comment faites-vous pour vous déplacer, avec votre énorme bidon de colle sur roulettes ?
- Ah mais ce n’est pas pareil ! Nous, nous avons notre monte-charge réglementaire !
- Bien sûr… Et vous prenez parfois des habitants nécessiteux dans votre monte-charge ?
- Cela dépend de leur aimable générosité…
La suite demain !