Wictorius fait ses achats
- Mais qui voilà, mon ami Wictorius, mon meilleur client, un homme de goût qui sait reconnaître le travail de qualité d’un véritable artisan biomécanique ! Prenez un fauteuil !
- Como vai Senhor Estaban ?
- Muito bem ! Mais le commerce n’est pas florissant… Je me demande ce qu’ont les gens à vouloir garder leurs mains de singes… Je vais vous faire un café !
- Ce n’est pas de refus !
Confortablement installé, Wictorius parcourut du regard les rayonnages de la boutique Mano en la Mano. Des dizaines de mains artificielles parmi les plus performantes s’agitaient en silence pour démontrer leur grande souplesse d’usage. Près du grand miroir ovale, les mains pour femmes se faisaient plus élégantes, en matière soyeuse ou incrustées d’opale et de diamant.
Au fond, on devinait de grosses mains purement utilitaires, aux usages parfois pénibles à deviner. Charitable, Senhor Estaban vendait aussi aux géants ouvriers victimes d’accident du travail. Ce qui expliquait la hauteur de plafond et la largeur des fauteuils de la boutique.
- Voici votre café ! J’y ai ajouté du sirop d’érable, à la nouvelle mode !
- Obrigado ! Je voudrais changer ma main gauche. Elle est défaillante, elle grince, mon pouce s’agite tout seul la nuit.
- Faites voir…
L’artisan retira délicatement sa prothèse à Wictorius, qui put heureusement boire son excellent café de sa main droite restante. Son moignon se mit en mode coagulation de données bio-numériques et il ne ressentit nulle douleur.
- L’explication est bien simple, cher client, l’obsolescence ! Avec vos activités, vous ne devez pas la ménager… Je peux réparer, cependant tenez-vous à votre main ?
- Pas particulièrement…
- J’ai là d’excellente promotions sur des mains gauches toutes neuves !
Wictorius se plongea donc dans le catalogue de prothèses multifonctions, étonné.
- Certaines font même ouvre-boîte ?
La suite demain !