Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 07:31

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, nous suivrons le développement d'un oeuf fécondé avec Harthley, Médecin du Roi d’Angleterre Charles I au 17ème siècle... 

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

 

CHAPITRE V.

Exposition des Systèmes sur la génération.

 


La partie de l’œuf qui est fécondée est très-petite, c’est un petit cercle blanc qui est sur la membrane du jaune, qui y forme une petite tache semblable à une cicatrice de la grandeur d’une lentille environ ; c’est dans ce petit endroit que se fait la fécondation, c’est-là où le poulet doit naître et croître, toutes les autres parties de l’œuf ne sont faites que pour celle-ci. Harvey remarque aussi que cette cicatricule se trouve dans tous les œufs féconds ou inféconds, et il dit que ceux qui veulent qu’elle soit produite par la semence du mâle, se trompent ; elle est de la même grandeur et de la même forme dans les œufs frais et dans ceux qu’on a gardé longtemps, mais dès qu’on veut les faire éclorre et que l’œuf reçoit un degré de chaleur convenable, soit par la poule qui le couve, soit par le moyen du fumier ou d’un four, on voit bientôt cette petite tache s’augmenter et se dilater à peu près comme la prunelle de l’œil : voilà le premier changement qui arrive au bout de quelques heures de chaleur ou d’incubation.


Lorsque l’œuf a été échauffé pendant vingt-quatre heures, le jaune qui auparavant était au centre du blanc, monte vers la cavité qui est au gros bout de l’œuf ; la chaleur faisant évaporer à travers la coquille la partie la plus liquide du blanc, cette cavité du gros bout devient plus grande, et la partie la plus pesante du blanc tombe dans la cavité du petit bout de l’œuf ; la cicatricule ou la tache qui est au milieu de la tunique du jaune, s’élève avec le jaune et s’applique à la membrane de la cavité du gros bout, cette tache est alors de la grandeur d’un petit pois, et on y distingue un point blanc dans le milieu, et plusieurs cercles concentriques dont ce point paroît être le centre.


Au bout de deux jours ces cercles sont plus visibles et plus grands, et la tache parait divisée concentriquement par ces cercles en deux, et quelquefois en trois parties de différentes couleurs ; il y a aussi un peu de protubérance à l’extérieur, et elle a à peu près la figure d’un petit œil dans la pupille duquel il y aurait un point blanc ou une petite cataracte. Entre ces cercles est contenue par une membrane très délicate une liqueur plus claire que le cristal qui parait être une partie dépurée du blanc de l’œuf, la tache qui est devenue une bulle, parait alors comme si elle étoit placée plus dans le blanc que dans la membrane du jaune. Pendant le troisième jour cette liqueur transparente et cristalline augmente à l’intérieur, aussi-bien que la petite membrane qui l’environne. 


Le quatrième jour on voit à la circonférence de la bulle une petite ligne de sang couleur de pourpre, et à peu de distance du centre de la bulle on aperçoit un point, aussi couleur de sang, qui bat ; il parait comme une petite étincelle à chaque diastole, et disparoît à chaque systole ; de ce point animé partent deux petits vaisseaux sanguins qui vont aboutir à la membrane qui enveloppe la liqueur crystalline, ces petits vaisseaux jettent des rameaux dans cette liqueur, et ces petits rameaux sanguins partent tous du même endroit, à peu près comme les racines d’un arbre partent du tronc ; c’est dans l’angle que ces racines forment avec le tronc et dans le milieu de la liqueur qu’est le point animé.


Vers la fin du quatrième jour ou au commencement du cinquième, le point animé est déjà augmenté de façon qu’il paroît être devenu une petite vésicule remplie de sang, et il pousse et tire alternativement ce sang, et dès le même jour on voit très distinctement cette vésicule se partager en deux parties qui forment comme deux vésicules, lesquelles alternativement poussent chacune le sang et se dilatent, et de même alternativement elles repoussent le sang et se contractent ; on voit alors autour du vaisseau sanguin, le plus court des deux dont nous avons parlé, une espèce de nuage qui, quoique transparent, rend plus obscure la vûe de ce vaisseau ; d’heure en heure ce nuage s’épaissit, s’attache à la racine du vaisseau sanguin, et paroît comme un petit globe qui pend de ce vaisseau ; ce petit globe s’alonge et paroît partagé en trois parties, l’une est orbiculaire et plus grande que les deux autres, et on y voit paraitre l’ébauche des yeux et de la tête entière, et dans le reste de ce globe alongé on voit au bout du cinquième jour l’ébauche des vertèbres.


Le sixième jour les trois bulles de la tête paraissent plus clairement, on voit les tuniques des yeux, et en même temps les cuisses et les aîles, et ensuite le foie, les poumons, le bec ; le fœtus commence à se mouvoir et à étendre la tête, quoiqu’il n’ait encore que les viscères intérieurs, car le thorax, l’abdomen et toutes les parties extérieures du devant du corps lui manquent ; à la fin de ce jour, ou au commencement du septième, on voit paraitre les doigts des pieds, le fœtus ouvre le bec et le remue, les parties antérieures du corps commencent à recouvrir les viscères ; le septième jour le poulet est entièrement formé, et ce qui lui arrive dans la suite jusqu’à ce qu’il sorte de l’œuf, n’est qu’un développement de toutes les parties qu’il a acquises dans ces sept premiers jours ; au quatorzième ou quinzième jour les plumes paraissent, il sort enfin, en rompant la coquille avec son bec, au vingt-unième jour.

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 10:28

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, nous explorerons avec Fabrice d’Aquapendente le rôle de l'oeuf, mais sans faire d'omelette... 

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

 

CHAPITRE V.

Exposition des Systèmes sur la génération.


Enfin au renouvellement des Sciences, quelques Anatomistes tournèrent leurs vues sur la génération, et Fabrice d’Aquapendente fut le premier qui s’avisa de faire des expériences et des observations suivies sur la fécondation et le développement des œufs de poule, voici en substance le résultat de ses observations. 

Il distingue deux parties dans la matrice de la poule, l’une supérieure et l’autre inférieure, et il appelle la partie supérieure l’ovaire ; ce n’est proprement qu’un assemblage d’un très-grand nombre de petits jaunes d’œufs de figure ronde, dont la grandeur varie depuis la grosseur d’un grain de moutarde jusqu’à celle d’une grosse noix ou d’une neffle ; ces petits jaunes sont attachés les uns aux autres, ils forment un corps qui ressemble assez bien à une grappe de raisin, ils tiennent à un pédicule commun comme les grains tiennent à la grappe. 


Les plus petits de ces œufs sont blancs, et ils prennent de la couleur à mesure qu’ils grossissent. Ayant examiné ces jaunes d’œufs après la communication du coq avec la poule, il n’a pas aperçu de différence sensible, il n’a vu de semence du mâle dans aucune partie de ces œufs, il croit que tous les œufs, et l’ovaire lui-même, deviennent féconds par une émanation spiritueuse qui sort de la semence du mâle, et il dit que c’est afin que cet esprit fécondant se conserve mieux, que la Nature a placé à l’orifice externe de la vulve des oiseaux une espèce de voile ou de membrane qui permet, comme une valvule, l’entrée de cet esprit séminal dans les espèces d’oiseaux, comme les poules, où il n’y a point d’intromission, et celle du membre génital dans les espèces où il y a intromission, mais en même temps cette valvule qui ne peut pas s’ouvrir de dedans en dehors, empêche que cette liqueur et l’esprit qu’elle contient ne puissent ressortir ou s’évaporer.

Lorsque l’œuf s’est détaché du pédicule commun, il descend peu à peu par un conduit tortueux dans la partie inférieure de la matrice ; ce conduit est rempli d’une liqueur assez semblable à celle du blanc d’œuf, et c’est aussi dans cette partie que les œufs commencent à s’envelopper de cette liqueur blanche, de la membrane qui la contient, des deux cordons (chalazæ) qui traversent le blanc et se joignent au jaune, et même de la coquille qui se forme la dernière en fort peu de temps, et seulement avant la ponte.

 

Ces cordons, selon notre Auteur, sont la partie de l’œuf qui est fécondée par l’esprit séminal du mâle, et c’est-là où le fœtus commence à se corporifier ; l’œuf est non seulement la vraie matrice, c’est-à-dire, le lieu de la formation du poulet, mais c’est de l’œuf que dépend aussi toute la génération ; l’œuf la produit comme agent, il y fournit comme matière, comme organe et comme instrument ; la matière des cordons est la substance de la formation, le blanc et le jaune sont la nourriture, et l’esprit séminal du mâle est la cause efficiente. 

Cet esprit communique à la matière des cordons d’abord une faculté altératrice, ensuite une qualité formatrice, et enfin une qualité augmentatrice, etc.


Les observations de Fabrice d’Aquapendente ne l’ont pas conduit, comme l’on voit, à une explication bien claire de la génération.

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 09:39

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, nous découvrirons la vision de la reproduction d'Hippocrate. Nous sommes encore loin d'une vision réaliste d ela reproduction...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

 

CHAPITRE V.

Exposition des Systèmes sur la génération.

 

Aristote admettait, comme Platon, les causes finales et efficientes ; ces causes efficientes sont les ames sensitives et végétatives, lesquelles donnent la forme à la matière qui d’elle-même n’est qu’une capacité de recevoir les formes, et comme dans la génération la femelle donne la matière la plus abondante, qui est celle des menstrues, et que d’ailleurs il répugnoit à son système des causes finales, que ce qui peut se faire par un seul soit opéré par plusieurs, il a voulu que la femelle contînt seule la matière nécessaire à la génération ; et ensuite, comme un autre de ses principes était que la matière d’elle-même est informe, et que la forme est un être distinct et séparé de la matière, il a dit que le mâle fournissait la forme, et que par conséquent il ne fournissait rien de matériel.

Descartes au contraire, qui n’admettait en philosophie qu’un petit nombre de principes mécaniques, a cherché à expliquer la formation du fœtus par ces mêmes principes, et il a cru pouvoir comprendre et faire entendre aux autres comment par les seules loix du mouvement il pouvait se faire un être vivant et organisé ; il differait, comme l’on voit, d’Aristote dans les principes qu’il employait, mais tous deux au lieu de chercher à expliquer la chose en elle-même, au lieu de l’examiner sans prévention et sans préjugés, ne l’ont au contraire considérée que dans le point de vûe relatif à leur système de philosophie et aux principes généraux qu’ils avoient établis, lesquels ne pouvaient pas avoir une heureuse application à l’objet présent de la génération, parce qu’elle dépend en effet, comme nous l’avons fait voir, de principes tout différents. Je ne dois pas oublier de dire que Descartes differait encore d’Aristote, en ce qu’il admet le mélange des liqueurs séminales des deux sèxes, qu’il croit que le mâle et la femelle fournissent tous deux quelque chose de matériel pour la génération, et que c’est par la fermentation occasionnée par le mélange de ces deux liqueurs séminales, que se fait la formation du fœtus.

Il parait que si Aristote eût voulu oublier son système général de philosophie, pour raisonner sur la génération comme sur un phénomène particulier et indépendant de son système, il auroit été capable de nous donner tout ce qu’on pouvait espérer de meilleur sur cette matière ; car il ne faut que lire son traité pour reconnaître qu’il n’ignoroit aucun des faits anatomiques, aucune observation, et qu’il avait des connaissances très approfondies sur toutes les parties accessoires à ce sujet, et d’ailleurs un génie élevé tel qu’il le faut pour rassembler avantageusement les observations et généraliser les faits.

...

Voici comment se fait, selon Hippocrate, la formation du fœtus : les liqueurs séminales se mêlent d’abord dans la matrice, elles s’y épaississent par la chaleur du corps de la mère, le mélange reçoit et tire l’esprit de la chaleur, et lorsqu’il en est tout rempli, l’esprit trop chaud sort au dehors, mais par la respiration de la mère il arrive un esprit froid, et alternativement il entre un esprit froid et il sort un esprit chaud dans le mélange, ce qui lui donne la vie et fait naître une pellicule à la surface du mélange qui prend une forme ronde, parce que les esprits agissant du milieu comme centre, étendent également de tous côtés le volume de cette matière. J’ai vu, dit ce grand Médecin, un fœtus de six jours, c’étoit une bulle de liqueur enveloppée d’une pellicule, la liqueur étoit rougeâtre et la pellicule étoit semée de vaisseaux, les uns sanguins, les autres blancs, au milieu de laquelle était une petite éminence que j’ai cru être les vaisseaux ombilicaux par où le fœtus reçoit l’esprit de la respiration de la mère, et la nourriture : peu à peu il se forme une autre enveloppe de la même façon que la première pellicule s’est formée. 

Le sang menstruel qui est supprimé, fournit abondamment à la nourriture, et ce sang fourni par la mère au fœtus, se coagule par degrés et devient chair ; cette chair s’articule à mesure qu’elle croit, et c’est l’esprit qui donne cette forme à la chair. Chaque chose va prendre sa place, les parties solides vont aux parties solides, celles qui sont humides vont aux parties humides, chaque chose cherche celle qui lui est semblable, et le fœtus est enfin entièrement formé par ces causes et ces moyens.

Ce système est moins obscur et plus raisonnable que celui d’Aristote, parce qu’Hippocrate cherche à expliquer la chose particulière par des raisons particulières, et qu’il n’emprunte de la philosophie de son temps qu’un seul principe général, savoir, que le chaud et le froid produisent des esprits, et que ces esprits ont la puissance d’ordonner et d’arranger la matière ; il a vu la génération plus en Médecin qu’en Philosophe, Aristote l’a expliquée plutôt en Métaphysicien qu’en Naturaliste, c’est ce qui fait que les défauts du système d’Hippocrate sont particuliers et moins apparents, au lieu que ceux du système d’Aristote sont des erreurs générales et évidentes.

Partager cet article
Repost0
23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 08:39

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, nous découvrirons la vision de la reproduction d'Aristote, mélange d'intuition très juste et de théorie quelque peu erronée... 

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

 

CHAPITRE V.

Exposition des Systèmes sur la génération.

 

Mais il est bon de développer ici plus en détail les idées d’Aristote au sujet de la génération des animaux, parce que ce grand Philosophe est celui de tous les Anciens qui a le plus écrit sur cette matière et qui l’a traitée le plus généralement. 

Il distingue les animaux en trois espèces, les uns qui ont du sang, et qui, à l’exception, dit-il, de quelques-uns, se multiplient tous par la copulation ; les autres qui n’ont point de sang, qui étant mâles et femelles en même temps produisent d’eux-mêmes et sans copulation, et enfin ceux qui viennent de pourriture et qui ne doivent pas leur origine à des parents de même espèce qu’eux. 


A mesure que j’exposerai ce que dit Aristote, je prendrai la liberté de faire les remarques nécessaires, et la première sera qu’on ne doit point admettre cette division ; car quoiqu’en effet toutes les espèces d’animaux qui ont du sang soient composées de mâles et de femelles, il n’est peut-être pas également vrai que les animaux qui n’ont point de sang soient pour la plupart en même temps mâles et femelles ; car nous ne connaissons guère que le limaçon sur la terre, et les vers, qui soient dans ce cas, et qui soient en effet mâles et femelles, et nous ne pouvons pas assurer que tous les coquillages aient les deux sèxes à la fois, aussi-bien que tous les autres animaux qui n’ont point de sang, c’est ce que l’on verra dans l’histoire particulière de ces animaux ; et à l’égard de ceux qu’il dit provenir de la pourriture, comme il n’en fait pas l’énumération, il y aurait bien des exceptions à faire, car la plupart des espèces que les Anciens croyaient engendrées par la pourriture,viennent ou d’un œuf ou d’un ver, comme les observateurs modernes s’en sont assurez.

Il fait ensuite une seconde division des animaux, savoir, ceux qui ont la faculté de se mouvoir progressivement, comme de marcher, de voler, de nager, et ceux qui ne peuvent se mouvoir progressivement. Tous ces animaux qui se meuvent et qui ont du sang, ont des sexes, mais ceux qui, comme les huîtres, sont adhérents, ou qui ne se meuvent presque pas, n’ont point de sexe, et sont à cet égard comme les plantes, ce n’est, dit-il, que par la grandeur ou par quelqu’autre différence qu’on les a distingué en mâles et femelles. J’avoue qu’on n’est pas encore assuré que les coquillages aient des sexes, il y a dans l’espèce des huîtres des individus féconds, et d’autres individus qui ne le sont pas ; les individus féconds se distinguent à cette bordure déliée qui environne le corps de l’huître, et on les appelle les mâles. 

Il nous manque sur cela beaucoup d’observations qu’Aristote pouvait avoir, mais dont il me parait qu’il donne ici un résultat trop général.


Mais suivons. Le mâle, selon Aristote, renferme le principe du mouvement génératif, et la femelle contient le matériel de la génération. Les organes qui servent à la fonction qui doit la précéder, sont différens suivant les différentes espèces d’animaux, les principaux sont les testicules dans les mâles, et la matrice dans les femelles. Les quadrupèdes, les oiseaux et les cétacées ont des testicules, les poissons et les serpens en sont privez, mais ils ont deux conduits propres à recevoir la semence et à la préparer, et de même que ces parties essentielles sont doubles dans les mâles, les parties essentielles à la génération sont aussi doubles dans les femelles ; ces parties servent dans les mâles à arrêter le mouvement de la portion du sang qui doit former la semence ; il le prouve par l’exemple des oiseaux dont les testicules se gonflent considérablement dans la saison de leurs amours, et qui après cette saison diminuent si fort qu’on a peine à les trouver.

Tous les animaux quadrupèdes, comme les chevaux, les bœufs, etc. qui sont couverts de poil, et les poissons cétacées, comme les dauphins et les baleines, sont vivipares ; mais les animaux cartilagineux et les vipères ne sont pas vraiment vivipares, parce qu’ils produisent d’abord un œuf au dedans d’eux-mêmes, et ce n’est qu’après s’être développez dans cet œuf que les petits sortent vivants. Les animaux ovipares sont de deux espèces, ceux qui produisent des œufs parfaits, comme les oiseaux, les lézards, les tortues, etc. les autres qui ne produisent que des œufs imparfaits, comme les poissons, dont les œufs s’augmentent et se perfectionnent après qu’ils ont été répandus dans l’eau par la femelle, et à l’exception des oiseaux, dans les autres espèces d’animaux ovipares, les femelles sont ordinairement plus grandes que les males, comme dans les poissons, les lézards, etc.


Après avoir exposé ces variétés générales dans les animaux, Aristote commence à entrer en matière, et il examine d’abord le sentiment des anciens Philosophes qui prétendoient que la semence, tant du mâle que de la femelle, provenait de toutes les parties de leur corps, et il se déclare contre ce sentiment, parce que, dit-il, quoique les enfans ressemblent assez souvent à leurs pères et mères, ils ressemblent aussi quelquefois à leurs aïeux, et que d’ailleurs ils ressemblent à leur père et à leur mère par la voix, par les cheveux, par les ongles, par leur maintien et par leur manière de marcher : or la semence, dit-il, ne peut pas venir des cheveux, de la voix, des ongles ou d’une qualité extérieure, comme est celle de marcher ; donc les enfants ne ressemblent pas à leurs parents parce que la semence vient de toutes les parties de leur corps, mais par d’autres raisons.

 

Il me semble qu’il n’est pas nécessaire d’avertir ici de quelle faiblesse sont ces dernières raisons que donne Aristote pour prouver que la semence ne vient pas de toutes les parties du corps : j’observerai seulement qu’il m’a paru que ce grand homme cherchait exprès les moyens de s’éloigner du sentiment des Philosophes qui l’avaient précédé ; et je suis persuadé que quiconque lira son traité de la génération avec attention, reconnoîtra que le dessein formé de donner un système nouveau et différent de celui des Anciens, l’oblige à préférer toûjours, et dans tous les cas, les raisons le moins probables, et à éluder, autant qu’il peut, la force des preuves, lorsqu’elles sont contraires à ses principes généraux de philosophie ; car les deux premiers livres semblent n’être faits que pour tâcher de détruire ce sentiment des Anciens, et on verra bien-tôt que celui qu’il veut y substituer, est beaucoup moins fondé. Selon lui la liqueur séminale du mâle est un excrément du dernier aliment, c’est-à-dire, du sang, et les menstrues sont dans les femelles un excrément sanguin, le seul qui serve à la génération ; les femelles, dit-il, n’ont point d’autre liqueur prolifique, il n’y a donc point de mélange de celle du mâle avec celle de la femelle, et il prétend le prouver, parce qu’il y a des femmes qui conçoivent sans aucun plaisir, que ce n’est pas le plus grand nombre de femmes qui répandent de la liqueur à l’extérieur dans la copulation, qu’en général celles qui sont brunes et qui ont l’air hommasse, ne répandent rien, dit-il, et cependant n’engendrent pas moins que celles qui sont blanches et dont l’air est plus feminin, qui répandent beaucoup ; ainsi, conclut-il, la femme ne fournit rien pour la génération que le sang menstruel : ce sang est la matière de la génération, et la liqueur séminale du mâle n’y contribue pas comme matière, mais comme forme ; c’est la cause efficiente, c’est le principe du mouvement ; elle est à la génération ce que le sculpteur est au bloc de marbre ; la liqueur du mâle est le sculpteur, le sang menstruel le marbre, et le fœtus est la figure. Aucune partie de la semence du mâle ne peut donc servir comme matière, à la génération, mais seulement comme cause motrice, qui communique le mouvement aux menstrues qui sont la seule matière ; ces menstrues reçoivent de la semence du mâle une espèce d’ame qui donne la vie, cette ame n’est ni matérielle ni immatérielle ; elle n’est pas immatérielle, parce qu’elle ne pourroit agir sur la matière, elle n’est pas matérielle, parce qu’elle ne peut pas entrer comme matière dans la génération, dont toute la matière sont les menstrues ; c’est, dit notre Philosophe, un esprit dont la substance est semblable à celle de l’élément des étoiles. Le cœur est le premier ouvrage de cette ame, il contient en lui-même le principe de son accroissement, et il a la puissance d’arranger les autres membres ; les menstrues contiennent en puissance toutes les parties du fœtus ; l’ame ou l’esprit de la semence du mâle commence à réduire à l’acte, à l’effet, le cœur, et lui communique le pouvoir de réduire aussi à l’acte ou à l’effet les autres viscères, et de réaliser ainsi successivement toutes les parties de l’animal. 

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 10:22

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, nous devrons bien admettre qu'il faut un mâle et une femelle pour se reproduire...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

 

CHAPITRE V.

Exposition des Systèmes sur la génération.

 

Supposons, me dira-t-on, comme vous croyez l’avoir prouvé, que ce soit le superflu des molécules organiques semblables à chaque partie du corps, qui ne pouvant plus être admis dans ces parties pour les développer, en est renvoyé dans les testicules et les vésicules séminales du mâle, pourquoi par les forces d’affinité que vous avez supposées, ne forment-elles pas là de petits êtres organisés semblables en tout au mâle ? et de même pourquoi les molécules organiques renvoyées de toutes les parties du corps de la femelle dans les testicules ou dans la matrice de la femelle, ne forment-elles pas aussi des corps organiseés semblables en tout à la femelle ?

Et si vous me répondez qu’il y a apparence que les liqueurs séminales du mâle et de la femelle contiennent en effet chacune des embryons tout formés, que la liqueur du mâle ne contient que des mâles, que celle de la femelle ne contient que des femelles, mais que tous ces petits êtres organisés périssent faute de développement, et qu’il n’y a que ceux qui se forment actuellement par le mélange des deux liqueurs séminales qui puissent se développer et venir au monde, n’aura-t-on pas raison de vous demander pourquoi cette voie de génération qui est la plus compliquée, la plus difficile et la moins abondante en productions, est celle que la Nature a préférée et préfère d’une manière si marquée, que presque tous les animaux se multiplient par cette voie de la communication du mâle avec la femelle ? car à l’exception du puceron, du polype d’eau douce et des autres animaux qui peuvent se multiplier d’eux-mêmes ou par la division et la séparation des parties de leur corps, tous les autres animaux ne peuvent produire leur semblable que par la communication de deux individus.


Je me contenterai de répondre à présent que la chose étant en effet telle qu’on vient de le dire, les animaux, pour la plus grande partie, ne se produisant qu’au moyen du concours du mâle et de la femelle, l’objection devient une question de fait, à laquelle il n’y a d’autre solution à donner que celle du fait même. 

Pourquoi les animaux se produisent-ils par le concours des deux sexes ? la réponse est, parce qu’ils se produisent en effet ainsi ; mais, insistera-t-on, c’est la voie de reproduction la plus compliquée, même suivant votre explication. Je l’avoue, mais cette voie la plus compliquée pour nous est apparemment la plus simple pour la Nature ; et si, comme nous l’avons remarqué, il faut regarder comme le plus simple dans la Nature ce qui arrive le plus souvent, cette voie de génération sera dès lors la plus simple, ce qui n’empêche pas que nous ne devions la juger comme la plus composée, parce que nous ne la jugeons pas en elle-même, mais seulement par rapport à nos idées et suivant les connaissances que nos sens et nos réflexions peuvent nous en donner.


Au reste il est aisé de voir que ce sentiment particulier des Aristotéliciens qui prétendaient que les femelles n’avaient aucune liqueur prolifique, ne peut pas subsister, si l’on fait attention aux ressemblances des enfants à la mère, des mulets à la femelle qui les produit, des métis et des mulâtres qui tous prennent autant et souvent plus de la mère que du père ; si d’ailleurs on pense que les organes de la génération des femelles sont, comme ceux des mâles, conformés de façon à préparer et recevoir la liqueur séminale, on se persuadera facilement que cette liqueur doit exister, soit qu’elle réside dans les vaisseaux spermatiques, ou dans les testicules, ou dans les cornes de la matrice, ou que ce soit cette liqueur qui, lorsqu’on la provoque, sort par les lacunes de Graaf, tant aux environs du col de la matrice qu’aux environs de l’orifice externe de l’urètre.

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 21:36

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, nous continuerons à nous interroger sur les possibilités féminines en terme de procréation...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

 

CHAPITRE V.

Exposition des Systèmes sur la génération.


 

" Averroès, Avicenne et plusieurs autres Philosophes qui ont suivi le sentiment d’Aristote, ont cherché des raisons pour prouver que les femelles n’avaient point de liqueur prolifique ; ils ont dit que comme les femelles avaient la liqueur menstruelle, et que cette liqueur était nécessaire et suffisante à la génération, il ne paraissait pas naturel de leur en accorder une autre, et qu’on pouvait penser que ce sang menstruel est en effet la seule liqueur fournie par les femelles pour la génération, puisqu’elle commençait à paraître dans le temps de la puberté, comme la liqueur séminale du mâle commence aussi à paroître dans ce temps : d’ailleurs, disent-ils, si la femelle a réellement une liqueur séminale et prolifique, comme celle du mâle, pourquoi les femelles ne produisent-elles pas d’elles-mêmes et sans l’approche du mâle, puisqu’elles contiennent le principe prolifique, aussi-bien que la matière nécessaire pour la nourriture et pour le développement de l’embryon ?

 

Cette dernière raison me semble être la seule qui mérite quelqu’attention. Le sang menstruel paraît être en effet nécessaire à l’accomplissement de la génération, c’est-à-dire, à l’entretien, à la nourriture et au développement du fœtus, mais il peut bien n’avoir aucune part à la première formation qui doit se faire par le mélange de deux liqueurs également prolifiques ; les femelles peuvent donc avoir, comme les mâles, une liqueur séminale prolifique pour la formation de l’embryon, et elles auront de plus ce sang menstruel pour la nourriture et le développement du fœtus, mais il est vrai qu’on serait assez porté à imaginer que la femelle ayant en effet une liqueur séminale qui est un extrait, comme nous l’avons dit, de toutes les parties de son corps, et ayant de plus tous les moyens nécessaires pour le développement, elle devrait produire d’elle-même des femelles sans communication avec le mâle "

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 07:58

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, nous revenons sur les principes mêmes de la Science, de la nécessité de ne pas s'encombrer d'idées fausses...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE V.

 

Exposition des Systèmes sur la génération.

 

 

"  Il est bien difficile en effet de voir que nos idées ne viennent que par les sens, que les choses que nous regardons comme réelles et comme existantes, sont celles dont nos sens nous ont toujours rendu le même témoignage dans toutes les occasions, que celles que nous prenons pour certaines, sont celles qui arrivent et qui se présentent toujours de la même façon ; que cette façon dont elles se présentent ne dépend pas de nous, non plus que la forme sous laquelle elles se présentent ; que par conséquent nos idées, bien loin de pouvoir être les causes des choses, n’en sont que les effets, et des effets très-particuliers, des effets d’autant moins semblables à la chose particulière, que nous les généralisons davantage ; qu’enfin nos abstractions mentales ne sont que des êtres négatifs, qui n’existent, même intellectuellement, que par le retranchement que nous faisons des qualités sensibles aux êtres réels ?

 

Dès lors ne voit-on pas que les abstractions ne peuvent jamais devenir des principes ni d’existence ni de connaissances réelles, qu’au contraire ces connaissances ne peuvent venir que des résultats de nos sensations comparées, ordonnez et suivis, que ces résultats sont ce qu’on appelle l’expérience, source unique de toute science réelle, que l’emploi de tout autre principe est un abus, et que tout édifice bâti sur des idées abstraites est un temple élevé à l’erreur ? 

 

Le faux porte en philosophie une signification bien plus étendue qu’en morale. Dans la morale une chose est fausse uniquement parce qu’elle n’est pas de la façon dont on la représente ; le faux métaphysique consiste non seulement à n’être pas de la façon dont on le représente, mais même à ne pouvoir être d’une façon quelconque ; c’est dans cette espèce d’erreur du premier ordre que sont tombés les Platoniciens, les Sceptiques et les Égoistes, chacun selon les objets qu’ils ont considérés ; aussi leurs fausses suppositions ont-elles obscurci la lumière naturelle de la vérité, offusqué la raison, et retardé l’avancement de la philosophie.

 

Le second principe employé par Platon et par la plupart des spéculatifs que je viens de citer, principe même adopté du vulgaire et de quelques Philosophes modernes, sont les causes finales : cependant pour réduire ce principe à sa juste valeur, il ne faut qu’un moment de réflexion ; dire qu’il y a de la lumière parce que nous avons des yeux, qu’il y a des sons parce que nous avons des oreilles, ou dire que nous avons des oreilles et des yeux parce qu’il y a de la lumière et des sons, n’est-ce pas dire la même chose, ou plutôt que dit-on ? trouvera-t-on jamais rien par cette voie d’explication ? ne voit-on pas que ces causes finales ne sont que des rapports arbitraires et des abstractions morales, lesquelles devraient encore imposer moins que les abstractions métaphysiques ?

 

Car leur origine est moins noble et plus mal imaginée, et quoique Leibnitz les ait élevées au plus haut point sous le nom de raison suffisante, et que Platon les ait représentées par le portrait le plus flatteur sous le nom de la perfection, cela ne peut pas leur faire perdre à nos yeux ce qu’elles ont de petit et de précaire : en connaît-on mieux la Nature et ses effets quand on sait que rien ne se fait sans une raison suffisante, ou que tout se fait en vue de la perfection ? Qu’est-ce que la raison suffisante ? qu’est-ce que la perfection ? ne sont-ce pas des êtres moraux créés par des vues purement humaines ? ne sont-ce pas des rapports arbitraires que nous avons généralisés ? sur quoi sont-ils fondés ? sur des convenances morales, lesquelles bien-loin de pouvoir rien produire de physique et de réel, ne peuvent qu’altérer la réalité et confondre les objets de nos sensations, de nos perceptions et de nos connaissances avec ceux de nos sentiments, de nos passions et de nos volontés. "

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 12:46

banniere buffon internet


Aujourd'hui, nous finirons d'explorer les mystères de la liqueur séminale, où sexe et nourriture sont étroitement mêlés...

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la génération des Animaux.



" Ensuite, comme toute la masse du sang passe plusieurs fois dans toute l’habitude du corps, je conçois que dans ce mouvement de circulation continuelle chaque partie du corps attire à soi les molécules les plus analogues, et laisse aller
celles qui le sont le moins ; de cette façon toutes les parties se développent et se nourrissent, non pas, comme on le dit ordinairement, par une simple addition de parties et par une augmentation superficielle, mais par une pénétration intime, produite par une force qui agit dans tous les points de la masse ; et lorsque les parties du corps sont au point de développement nécessaire, et qu’elles sont presque entièrement remplies de ces molécules analogues, comme leur substance est devenue plus solide, je conçois qu’elles perdent  la faculté d’attirer ou de recevoir ces molécules, et alors la circulation continuera de les emporter et de les présenter successivement à toutes les parties du corps, lesquelles ne pouvant plus les admettre, il est nécessaire qu’il s’en fasse un dépôt quelque part, comme dans les testicules et les vésicules séminales.

Ensuite cet extrait du mâle étant porté dans l’individu de l’autre sèxe, se mêle avec l’extrait de la femelle, et par une force semblable à la première, les molécules qui se conviennent le mieux, se réunissent et forment par cette réunion un petit corps organisé semblable à l’un ou à l’autre de ces individus, auquel il ne manque plus que le développement qui se fait ensuite dans la matrice de la femelle.

...

Une seconde analogie, c’est que la nutrition et la reproduction sont toutes deux non seulement produites par la même cause efficiente, mais encore par la même cause matérielle ; ce sont les parties organiques de la nourriture qui servent à toutes deux, et la preuve que c’est le superflu de la matière qui sert au développement qui est le sujet matériel de la reproduction, c’est que le corps ne commence à être en état de produire que quand il a fini de croître, et l’on voit tous les jours dans les chiens et les autres animaux, qui suivent plus exactement que nous les loix de la Nature, que tout leur accroissement est pris avant qu’ils cherchent à se joindre, et dès que les femelles deviennent en chaleur ou que les mâles commencent à chercher la femelle, leur développement est achevé en entier, ou du moins presqu’en entier, c’est même une remarque pour connaître si un chien grossira ou non, car on peut être assuré que s’il est en état d’engendrer, il ne croîtra presque plus.

Une troisième raison qui me paraît prouver que c’est le superflu de la nourriture qui forme la liqueur séminale, c’est que les eunuques et tous les animaux mutileés grossissent plus que ceux auxquels il ne manque rien, la surabondance de la nourriture ne pouvant être évacuée faute d’organes, change l’habitude de leurs corps, les hanches et les genoux des eunuques grossissent, la raison m’en paraît évidente ; après que leur corps a pris l’accroissement ordinaire, si les molécules organiques superflues trouvoient une issue, comme dans les autres hommes, cet accroissement n’augmenterait pas davantage, mais comme il n’y a plus d’organes pour l’émission de la liqueur séminale, cette même liqueur, qui n’est que le superflu de la matière qui servait à l’accroissement, reste et cherche encore à développer davantage les parties : or on sait que l’accroissement des os se fait par les extrémités qui sont molles et spongieuses, et que quand les os ont une fois pris de la solidité, ils ne sont plus susceptibles de développement ni d’extension, et c’est par cette raison que ces molécules superflues ne continuent à développer que les extrémités spongieuses des os, ce qui fait que les hanches, les genoux, etc. des eunuques grossissent considérablement, parce que les extrémités sont en effet les dernières parties qui s’ossifient.

Mais ce qui prouve plus fortement que tout le reste la vérité de notre explication, c’est la ressemblance des enfans à leurs parens ; le fils ressemble, en général, plus à son père qu’à sa mère, et la fille plus à sa mère qu’à son père, parce qu’un homme ressemble plus à un homme qu’à une femme, et qu’une femme ressemble plus à une femme qu’à un homme pour l’habitude totale du corps, mais pour les traits et pour les habitudes particulières, les enfans ressemblent tantôt au père, tantôt à la mère, quelquefois même ils ressemblent à tous deux ; ils auront, par exemple, les yeux du père et la bouche de la mère, ou le teint de la mère et la taille du père, ce qu’il est impossible de concevoir, à moins d’admettre que les deux parens ont contribué à la formation du corps de l’enfant, et que par conséquent il y a eu un mélange des deux liqueurs séminales.

....

Comme les femmes sont plus petites et plus foibles que les hommes, qu’elles sont d’un tempérament plus délicat et qu’elles mangent beaucoup moins, il est assez naturel d’imaginer que le superflu de la nourriture n’est pas aussi abondant dans les femmes que dans les hommes, sur-tout ce superflu organique qui contient une si grande quantité de matière essentielle, dès-lors elles auront moins de liqueur séminale, cette liqueur sera aussi plus foible et aura moins de substance que celle de l’homme ; et puisque la liqueur séminale des femelles contient moins de parties organiques que celle des mâles, ne doit-il pas résulter du mélange des deux liqueurs un plus grand nombre de mâles que de femelles ? c’est aussi ce qui arrive, et dont on croyait qu’il était impossible de donner une raison. Il naît environ un seizième d’enfants mâles de plus que de femelles, et on verra dans la suite que la même cause produit le même effet dans toutes les espèces d’animaux sur lesquelles on a pû faire cette observation.  "

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 08:57

banniere buffon internet

 

 
Aujourd'hui, continuons à explorer les mystères de la liqueur séminale... A la lecture du savoir, ou surtout du savoir faire actuel, les hypothèses de Buffon etde ses contemporains sont absoluments fascinantes.


 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la génération des Animaux.

 

 
" On pourrait dire qu’il est très possible, et même fort vraisemblable, que les molécules organiques ne produisent d’abord par leur réunion qu’une espèce d’ébauche de l’animal, un petit corps organisé, dans lequel il n’y a que les parties essentielles qui soient formées ; nous n’entrerons pas actuellement dans le détail de nos preuves à cet égard, nous nous contenterons de remarquer que les prétendus animaux spermatiques dont nous venons de parler, pourraient bien n’être que très peu organisés ; qu’ils ne sont, tout au plus, que l’ébauche d’un être vivant ; ou, pour le dire plus clairement, ces prétendus animaux ne sont que les parties organiques vivantes dont nous avons parlé, qui sont communes aux animaux et aux végétaux, ou tout au plus, ils ne sont que la première réunion de ces parties organiques.

Mais revenons à notre principal objet. Je sens bien qu’on pourra me faire des difficultés particulières " ... " Comment concevez-vous, me dira-t-on, que les particules organiques superflues puissent être renvoyées de toutes les parties du corps, et ensuite qu’elles puissent se réunir lorsque les liqueurs séminales des deux sèxes sont mêlées ? d’ailleurs, est-on sûr que ce mélange se fasse ? n’a-t-on pas même prétendu que la femelle ne fournissait aucune liqueur vraiment séminale ? est-il certain que celle du mâle entre dans la matrice ? etc.

Je répons à la première question, que si l’on a bien entendu ce que j’ai dit au sujet de la pénétration du moule intérieur par les molécules organiques dans la nutrition ou le développement, on concevra facilement que ces molécules organiques ne pouvant plus pénétrer les parties qu’elles pénétraient auparavant, elles seront nécessitées de prendre une autre route, et par conséquent d’arriver quelque part, comme dans les testicules et les vésicules séminales, et qu’ensuite elles se peuvent réunir pour former un petit être organisé, par la même puissance qui leur faisait pénétrer les différentes parties du corps auxquelles elles étaient analogues ; car vouloir, comme je l’ai dit, expliquer l’œconomie animale et les différents mouvements du corps humain, soit celui de la circulation du sang ou celui des muscles, etc. par les seuls principes mécaniques auxquels les modernes voudraient borner la philosophie, c’est précisément la même chose que si un homme, pour rendre compte d’un tableau, se faisait boucher les yeux et nous racontait tout ce que le toucher lui ferait sentir sur la toile du tableau ; car il est évident que ni la circulation du sang, ni le mouvement des muscles, ni les fonctions animales ne peuvent s’expliquer par l’impulsion, ni par les autres lois de la mécanique ordinaire, il est tout aussi évident que la nutrition, le développement et la reproduction se font par d’autres lois ; pourquoi donc ne veut-on pas admettre des forces pénétrantes et agissantes sur les masses des corps, puisque d’ailleurs nous en avons des exemples dans la pesanteur des corps, dans les attractions magnétiques, dans les affinités chymiques ? et comme nous sommes arrivés par la force des faits et par la multitude et l’accord constant et uniforme des observations, au point d’être assurés qu’il existe dans la Nature des forces qui n’agissent pas par la voie d’impulsion, pourquoi n’emploierions-nous pas ces forces comme principes mécaniques ? "

...


" Mais ces forces étant une fois admises, n’est-il pas très naturel d’imaginer que les parties les plus analogues seront celles qui se réuniront et se lieront ensemble intimement ; que chaque partie du corps s’appropriera les molécules les plus convenables, et que du superflu de toutes ces molécules il se formera une matière séminale qui contiendra réellement toutes les molécules nécessaires pour former un petit corps organisé, semblable en tout à celui dont cette matière séminale est l’extrait ? une force toute semblable à celle qui étoit nécessaire pour les faire pénétrer dans chaque partie et produire le développement, ne suffit-elle pas pour opérer la réunion de ces molécules organiques, et les assembler en effet en forme organisée et semblable à celle du corps dont elles sont extraites ? "


Partager cet article
Repost0
3 septembre 2011 6 03 /09 /septembre /2011 08:46

banniere buffon internet

 

 
Aujourd'hui, plongeons-nous dans les mystères de la liqueur séminale...


 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la génération des Animaux.

 

 
" ... je ne puis m’empêcher d’observer qu’une des premières choses qui m’aient frappé lorsque j’ai commencé à faire des réflexions suivies sur la génération, c’est que tous ceux qui ont fait des recherches et des systèmes sur cette matière, se sont uniquement attachés à la génération de l’homme et des animaux, ils ont rapporté à cet objet toutes leurs idées, et n’ayant considéré que cette génération particulière, sans faire attention aux autres espèces de générations que la Nature nous offre, ils n’ont pu avoir d’idées générales sur la reproduction ; et comme la génération de l’homme et des animaux est de toutes les espèces de générations la plus compliquée, ils ont eu un grand désavantage dans leurs recherches, parce que non seulement ils ont attaqué le point le plus difficile et le phénomène le plus compliqué, mais encore parce qu’ils n’avoient aucun sujet de comparaison dont il leur fut possible de tirer la solution de la question ; c’est à cela principalement que je crois devoir attribuer le peu de succès de leurs travaux sur cette matière ; au lieu que je suis persuadé que par la route que j’ai prise on peut arriver à expliquer d’une manière satisfaisante les phénomènes de toutes les espèces de générations.

Celle de l’homme va nous servir d’exemple, je le prends dans l’enfance, et je conçois que le développement ou l’accroissement des différentes parties de son corps se faisant par la pénétration intime des molécules organiques analogues à chacune de ses parties, toutes ces molécules organiques sont absorbées dans le premier âge et entièrement employées au développement, que par conséquent il n’y en a que peu ou point de superflues, tant que le développement n’est pas achevé, et que c’est pour cela que les enfants sont incapables d’engendrer ; mais lorsque le corps a pris la plus grande partie de son accroissement, il commence à n’avoir plus besoin d’une aussi grande quantité de molécules organiques pour se développer, le superflu de ces mêmes molécules organiques est donc renvoyé de chacune des parties du corps, dans des réservoirs destinés à les recevoir, ces réservoirs sont les testicules et les vésicules séminales : c’est alors que commence la puberté, dans le temps, comme on voit, où le développement du corps est à peu près achevé ; tout indique alors la surabondance de la nourriture, la voix change et grossit, la barbe commence à paraitre, plusieurs autres parties du corps se couvrent de poil, celles qui sont destinées à la génération prennent un prompt accroissement, la liqueur séminale arrive et remplit les réservoirs qui lui sont préparez, et lorsque la plénitude est trop grande, elle force, même sans aucune provocation et pendant le sommeil, la résistance des vaisseaux qui la contiennent, pour se répandre au dehors ; tout annonce donc dans le mâle une surabondance de nourriture dans le temps que commence la puberté ; celle de la femelle est encore plus précoce, et cette surabondance y est même plus marquée par cette évacuation périodique qui commence et finit en même temps que la puissance d’engendrer, par le prompt accroissement du sein, et par un changement dans les parties de la génération, que nous expliquerons dans la suite.

Je pense donc que les molécules organiques renvoyées de toutes les parties du corps dans les testicules et dans les vésicules séminales du mâle, et dans les testicules ou dans telle autre partie qu’on voudra de la femelle, y forme la liqueur séminale, laquelle dans l’un et l’autre sexe est, comme l’on voit, une espèce d’extrait de toutes les parties du corps ; ces molécules organiques au lieu de se réunir et de former dans l’individu même de petits corps organisés semblables au grand, comme dans le puceron et dans l’oignon, ne peuvent ici se réunir en effet que quand les liqueurs séminales des deux sexes se mêlent ; et lorsque dans le mélange qui s’en fait il se trouve plus de molécules organiques du mâle que de la femelle, il en résulte un mâle, au contraire s’il y a plus de particules organiques de la femelle que du mâle, il se forme une petite femelle.

Au reste je ne dis pas que dans chaque individu mâle et femelle, les molécules organiques renvoyées de toutes les parties du corps ne se réunissent pas pour former dans ces mêmes individus de petits corps organisés ; ce que je dis, c’est que lorsqu’ils sont réunis, soit dans le mâle, soit dans la femelle, tous ces petits corps organisés ne peuvent pas se développer d’eux-mêmes, qu’il faut que la liqueur du mâle rencontre celle de la femelle, et qu’il n’y a en effet que ceux qui se forment dans le mélange des deux liqueurs séminales qui puissent se développer ; ces petits corps mouvants, auxquels on a donné le nom d’animaux spermatiques, qu’on voit au microscope dans la liqueur séminale de tous les animaux mâles, sont peut-être de petits corps organisés provenant de l’individu qui les contient, mais qui d’eux-mêmes ne peuvent se développer ni rien produire ; nous ferons voir qu’il y en a de semblables dans la liqueur séminale des femelles, nous indiquerons l’endroit où l’on trouve cette liqueur de la femelle ; mais quoique la liqueur du mâle et celle de la femelle contiennent toutes deux des espèces de petits corps vivants et organisés, elles ont besoin l’une de l’autre, pour que les molécules organiques qu’elles contiennent puissent se réunir et former un animal. "

Partager cet article
Repost0