Aujourd'hui, abordons l'idée de génération, c'est à dire celle de la reproduction, à travers les exemples du puceron et de l'oignon.
HISTOIRE NATURELLE.
HISTOIRE DES ANIMAUX.
CHAPITRE II.
De la génération des Animaux.
" Comme l’organisation de l’homme et des animaux est la plus parfaite et la plus composée, leur reproduction est aussi la plus difficile et la moins abondante ; car j’excepte ici de la classe des animaux ceux qui, comme les polypes d’eau douce, les vers, etc. se reproduisent de leurs parties séparées, comme les arbres se reproduisent de boutures, ou les plantes par leurs racines divisées et par cayeux ; j’en excepte encore les pucerons et les autres espèces qu’on pourrait trouver, qui se multiplient d’eux-mêmes et sans copulation : il me paraît que la reproduction des animaux qu’on coupe, celle des pucerons, celle des arbres par les boutures, celle des plantes par racines ou par cayeux, sont suffisamment expliquées par ce que nous avons dit dans le chapitre précédent ; car pour bien entendre la manière de cette reproduction, il suffit de concevoir que dans la nourriture que ces êtres organisés tirent, il y a des molécules organiques de différentes espèces, que par une force semblable à celle qui produit la pesanteur, ces molécules organiques pénètrent toutes les parties du corps organisé, ce qui produit le développement et fait la nutrition, que chaque partie du corps organisé, chaque moule intérieur n’admet que les molécules organiques qui lui sont propres, et enfin que quand le développement et l’accroissement sont presque faits en entier, le surplus des molécules organiques qui y servait auparavant, est renvoyé de chacune des parties de l’individu dans un ou plusieurs endroits, où se trouvant toutes rassemblées, elles forment par leur réunion un ou plusieurs petits corps organisés, qui doivent être tous semblables au premier individu, puisque chacune des parties de cet individu a renvoyé les molécules organiques qui leur étaient les plus analogues, celles qui auraient servi à son développement, s’il n’eut pas été fait, celles qui par leur similitude peuvent servir à la nutrition, celles enfin qui ont à peu près la même forme organique que ces parties elles-mêmes ; ainsi dans toutes les espèces où un seul individu produit son semblable, il est aisé de tirer l’explication de la reproduction de celle du développement et de la nutrition.
Un puceron, par exemple, ou un oignon reçoit par la nourriture des molécules organiques et des molécules brutes ; la séparation des unes et des autres se fait dans le corps de l’animal ou de la plante, tous deux rejettent par différentes voies excrétoires les parties brutes, les molécules organiques restent ; celles qui sont les plus analogues à chaque partie du puceron ou de l’oignon, pénètrent ces parties qui sont autant de moules intérieurs différens les uns des autres, et qui n’admettent par conséquent que les molécules organiques qui leur conviennent ; toutes les parties du corps du puceron et de celui de l’oignon se développent par cette intussusception des molécules qui leur sont analogues, et lorsque ce développement est à un certain point, que le puceron a grandi et que l’oignon a grossi assez pour être un puceron adulte et un oignon formé, la quantité de molécules organiques qu’ils continuent à recevoir par la nourriture, au lieu d’être employée au développement de leurs différentes parties, est renvoyée de chacune de ces parties dans un ou plusieurs endroits de leur corps, où ces molécules organiques se rassemblent et se réunissent par une force semblable à celle qui leur faisait pénétrer les différentes parties du corps de ces individus, elles forment par leur réunion un ou plusieurs petits corps organisés, entièrement semblables au puceron ou à l’oignon ; et lorsque ces petits corps organisés sont formés, il ne leur manque plus que les moyens de se développer, ce qui se fait dès qu’ils se trouvent à portée de la nourriture, les petits pucerons sortent du corps de leur père et la cherchent sur les feuilles des plantes, on sépare de l’oignon son cayeu, et il la trouve dans le sein de la terre. "