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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 12:37

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Aujourd'hui, nous aborderons enfin le monde fascinant des spermatozoïdes, qui vivèrent bien cachés avant l'invention des premeirs microscopes...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

 

CHAPITRE V.

Exposition des Systèmes sur la génération.

 

 

Ce système des œufs, par lequel, comme l’on voit, on ne rend raison de rien, et qui est si mal fondé, aurait cependant emporté les suffrages unanimes de tous les Physiciens, si dans les premiers temps qu’on a voulu l’établir, on n’eût pas fait un autre système fondé sur la découverte des animaux spermatiques.

Cette découverte, qu’on doit à Leeuwenhoek et à Hartsoëker, a été confirmée par Andri, Valisnieri, Bourguet, et par plusieurs autres observateurs. Je vais rapporter ce qu’ils ont dit de ces animaux spermatiques qu’ils ont trouvé dans la liqueur séminale de tous les animaux mâles : ils sont en si grand nombre, que la semence parait en être composée en entier, et Leeuwenhoek prétend en avoir vu plusieurs milliers dans une goutte plus petite que le plus petit grain de sable. 


On les trouve, disent ces observateurs, en nombre prodigieux dans tous les animaux mâles, et on n’en trouve aucun dans les femelles, mais dans les mâles on les trouve, soit dans la semence répandue au dehors par les voies ordinaires, soit dans celle qui est contenue dans les vésicules séminales qu’on a ouvertes dans des animaux vivants. Il y en a moins dans la liqueur contenue dans les testicules, que dans celle des vésicules séminales, parce qu’apparemment la semence n’y est pas encore entièrement perfectionnée. Lorsqu’on expose cette liqueur de l’homme à une chaleur, même médiocre, elle s’épaissit, le mouvement de tous ces animaux cesse assez promptement ; mais si on la laisse refroidir, elle se délaie et les animaux conservent leur mouvement long-temps, et jusqu’à ce que la liqueur vienne à s’épaissir par le desséchement ; plus la liqueur est délayée, plus le nombre de ces animalcules parait s’augmenter, et s’augmente en effet au point qu’on peut réduire et décomposer, pour ainsi dire, toute la substance de la semence en petits animaux, en la mêlant avec quelque liqueur délayante, comme avec de  l’eau ; et lorsque le mouvement de ces animalcules est prêt à finir, soit à cause de la chaleur, soit par le dessèchement, ils paroissent se rassembler de plus près, et ils ont un mouvement commun de tourbillon dans le centre de la petite goutte qu’on observe, et ils semblent périr tous dans le même instant, au lieu que dans un plus grand volume de liqueur on les voit aisément périr successivement.

 

Ces animalcules sont, disent-ils, de différente figure dans les différentes espèces d’animaux, cependant ils sont tous longs, menus et sans membres, ils se meuvent avec rapidité et en tous sens ; la matière qui contient ces animaux, est, comme je l’ai dit, beaucoup plus pesante que le sang. De la semence de taureau a donné à Verrheyen par la chimie, d’abord du phlegme, ensuite une quantité assez considérable d’huile fétide, mais peu de sel volatil en proportion, et beaucoup plus de terre qu’il n’auroit cru. 

Cet auteur parait surpris de ce qu’en rectifiant la liqueur distillée il ne pût en tirer des esprits, et comme il était persuadé que la semence en contient une grande quantité, il attribue leur évaporation à leur trop grande subtilité ; mais ne peut-on pas croire avec plus de fondement qu’elle n’en contient que peu ou point du tout. 

 

La consistance de cette matière et son odeur n’annoncent pas qu’il y ait des esprits ardents, qui d’ailleurs ne se trouvent en abondance que dans les liqueurs fermentées ; et à l’égard des esprits volatils, on sait que les cornes, les os et les autres parties solides des animaux en donnent plus que toutes les liqueurs du corps animal. 

Ce que les Anatomistes ont donc appellé esprits séminaux, aura seminalis, pourroit bien ne pas exister, et certainement ce ne sont pas ces esprits qui agitent les particules qu’on voit se mouvoir dans les liqueurs séminales ; mais pour qu’on soit plus en état de prononcer sur la nature de la semence et sur celle des animaux spermatiques, nous allons rapporter les principales observations qu’on a faites sur ce sujet.

 

Leeuwenhoek ayant observé la semence du coq, y vit des animaux semblables par la figure aux anguilles de rivière, mais si petits, qu’il prétend que cinquante mille de ces animalcules n’égalent pas la grosseur d’un grain de sable ; dans la semence du rat, il en faut plusieurs milliers pour faire l’épaisseur d’un cheveu, etc. 

Cet excellent observateur était persuadé que la substance entière de la semence n’est qu’un amas de ces animaux : il a observé ces animalcules dans la semence de l’homme, des animaux quadrupèdes, des oiseaux, des poissons, des coquillages, des insectes ; ceux de la semence de la sauterelle sont longuets et fort menus, ils paraissent attachés, dit-il, par leur extrémité supérieure, et leur autre extrémité qu’il appelle leur queue, a un mouvement très-vif, comme serait celui de la queue d’un serpent dont la tête et la partie supérieure du corps seroient immobiles. 

Lorsqu’on observe la semence dans des temps où elle n’est pas encore parfaite, par exemple, quelque temps avant que les animaux cherchent à se joindre, il prétend avoir vu les mêmes animalcules, mais sans aucun mouvement, au lieu que quand la saison de leurs amours est arrivée, ces animalcules se remuent avec une grande vivacité.

 

Dans la semence de la grenouille mâle il les vit d’abord imparfaits et sans mouvement, et quelque temps après il les trouva vivants ; ils sont si petits qu’il en faut, dit-il, dix mille pour égaler la grosseur d’un seul œuf de la grenouille femelle ; au reste ceux qu’il trouva dans les testicules de la grenouille, n’étoient pas vivans, mais seulement ceux qui étoient dans la liqueur séminale en grand volume, où ils prenaient peu à peu la vie et le mouvement.

 

Dans la semence de l’homme et dans celle du chien, il prétend avoir vu des animaux de deux espèces, qu’il regarde, les uns comme mâles et les autres comme femelles, et ayant enfermé dans un petit verre de la semence de chien, il dit que le premier jour il mourut un grand nombre de ces petits animaux, que le second et le troisième jour il en mourut encore plus, qu’il en restait fort peu de vivants le quatrième jour, mais qu’ayant répété cette observation une seconde fois sur la semence du même chien, il y trouva encore au bout de sept jours des animalcules vivants, dont quelques-uns nageoient avec autant de vitesse qu’ils nagent ordinairement dans la semence nouvellement extraite de l’animal, et qu’ayant ouvert une chienne qui avoit été couverte trois fois par le même chien quelque temps avant l’observation, il ne pût apercevoir avec les yeux seuls, dans l’une des cornes de la matrice, aucune liqueur séminale du mâle, mais qu’au moyen du microscope il y trouva les animaux spermatiques du chien, qu’il les trouva aussi dans l’autre corne de la matrice, et qu’ils étoient en très grande quantité dans cette partie de la matrice qui est voisine du vagin, ce qui, dit-il, prouve évidemment que la liqueur séminale du mâle était entrée dans la matrice, ou du moins que les animaux spermatiques du chien y étaient arrivez par leur mouvement, qui peut leur faire parcourir quatre ou cinq pouces de chemin en une demi-heure. 

 

Dans la matrice d’une femelle de lapin qui venait de recevoir le mâle, il observa aussi une quantité infinie de ces animaux spermatiques du mâle, il dit que le corps de ces animaux est rond, qu’ils ont de longues queues, et qu’ils changent souvent de figure, surtout lorsque la matière humide dans laquelle ils nagent, s’évapore et se dessèche.

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