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12 juin 2011 7 12 /06 /juin /2011 19:55

Bonjour à toutes et à tous. 

 

Avec un affreux retard, voici ma chronique portant sur le récent numéro de la revue SF Géante Rouge, nouvelle formule annuelle, qui regroupe essentiellement des textes de fiction, ainsi que de manière fort jubilatoire les meilleurs textes du concours Pépin 2010, consistant à écrire de très courts textes de 300 signes seulement. 

J’espère donner envie d’acheter la revue aux quelques distrait(e)s qui auraient oublier de le faire… 

 

Couv geante rouge 2011

 

Bien sûr, sur treize nouvelles, il est impossible d‘être touché par toutes de manière égal. Mais j’aimerai revenir dans l’ordre sur quelques unes d’entre-elles.

 

Je passe sur mon proche texte datant de 2008, L’ami Thornbjörn au travail, et revue avant publication. C’est aux autres de porter un avis, mais si vous adorez le Capitalisme, le Québec et l‘endoscopie médicale, vous allez apprécier… 

 

Partition de vie de Meddy Ligner

Étrange texte fantastique... L’auteur nous emmène de chansons rock en musiques par le biais d’un personnage prenant le bus, sans pour autant que le texte soit véritablement musical non plus… La nouvelle m’a fait penser à un roman et le film qui en a été tiré, que j’ai eu la chance de voir récemment au cinéma, Abattoir 5, sans que l’histoire soit semblable d‘ailleurs ; juste une question d’ambiance.  

 

Matter Supply de Laurent Million

À mon sens, l’un des meilleurs textes de la revue. C’est glauque, très bien raconté. L’on ressent autant que l’on comprend. Surtout, les personnages parviennent à exister sans de trop longues explications biographiques, psychologiques, technologiques ou sociétales, ce qui est assez rare pour être souligné. L’histoire aurait pu arriver il y a 40 ans ou dans 400 ans, c’est aussi son intemporalité qui fait sa force. 

Je ne vous dis rien sur le thème, lisez donc la nouvelle. 

 

Situation désespérée de Hugo Van Gaert

Basée sur un banal accident spatial, un cosmonaute part à la dérive, la courte nouvelle finit bien, tout en apportant une vraie sensation sur la confusion des sens dans le vide spatial. Texte léger mais agréable, pour passionné(e)s de la Conquête de l’Espace.

 

L’Œil de Skadi de Sébastien Clarac, l’animateur de la Station Fiction

Bonne nouvelle de Hard Science, qui nous emmène dans l’exploration d’une géante gazeuse d’un autre système solaire. Un couple de chercheurs parcourt l’atmosphère dans un ballon qui monte et descend les couches gazeuses, à la recherche de nuages de molécules pouvant abriter une forme de vie. 

Le charme du texte vient de cette ambiance bien décrite de ballon ascensionnel, voir aussi de bathyscaphe sous-marin, qui contraste agréablement avec évidemment une histoire très futuriste.

La fin par contre m’a paru peut-être trop rapide, l’on aimerait voir se développer l’histoire, même si elle est ouverte, prometteuse d’une autre histoire à venir…

 

La Cité des désaxés de Denis Roditi

L’idée est bonne, avec cette police tentaculaire... Mais à mon goût, la nouvelle devrait être plus longue pour pouvoir développer encore plus l‘univers. Basée sur de grandes thématiques, le savant fou, l’utopie sociale définitive qui défaille dès qu’elle se concrétise, le texte parvient peut-être pas à les renouveler radicalement, mais au moins à nous les rendre encore une fois vivantes. 

 

Les dormeurs de Prune Matéo

Excellent texte là aussi, bien écrit avec grâce et poésie, sans surcharge de vocabulaire typiquement SF. J’ai particulièrement aimé la logique narrative de Hard Science qui finalement n‘en est pas vraiment, cette idée d‘une autre forme de vie intelligente, presque impossible en réalité sans doute, que je ne vous révèle pas. Il vous faudra lire la nouvelle…

La fin du texte n’est pas à chute, il n’y a pas de surprise finale et s’est très bien ainsi, contribuant à mon sens à la solidité du texte.  

 

Alors au-delà du pur plaisir de lire des textes inédits d’auteurs en devenir, dont certains vraiment d’un bon niveau, il est intéressant de voir ce qui distingue un texte encore maladroit, d’un bon texte ou d’une texte sublime, extraordinaire, qui vous laisse pantois. 

L’idée d’abord. Le style ensuite. 

 

L’on retrouve encore quelques maladresses, faciles à corriger, pour peu que les auteurs se rendent compte de leur existence, ce qui à titre personnel m’a pris quelques années de travail avec mes correcteurs…

Souvent, le même verbe revient dans deux phrases proches. Une fois que l’auteur a trouvé un verbe qui le satisfait, sans même s’en rendre compte, il le réutilise la phrase d‘après...

Autre incongruité, les mots comme un ou une sorte de sont fréquents, alors qu’ils sont contradictoires. Par exemple, une sorte de couloir, c’est tout simplement un couloir ! La description précise, même sommaire, est mieux qu’une approximation, qui certes fait très littéraire… 

 

Spécifiquement, la SF balade avec elle aussi tout un vrai, faux, pseudo, utile, inutile, jubilatoire vocabulaire SF, façon Star Trek, qui contribue d’ailleurs parfois à rebuter des lecteurs pas habitués à cela. 

Parfois, c’est un vrai plaisir. Parfois, même pour des passionné(e)s, cela devient gênant, voir lassant. Mais encore une fois, le réglage des jauges vocabulaire SF et vocabulaire du dictionnaire est constitutif de ce genre littéraire et constitue donc une réelle difficulté à surmonter pour tout auteur, tout comme la recherche d‘idées nouvelles. 

L’écrivain(e) SF doit donc trouver son propre vocabulaire ; mais cela demande une rare force de travail, car il faut se poser sans cesse des questions, constituer ses propres références sous formes d‘achat de dictionnaires, de constitution de listes de mots sur tous les sujets.  

 

Géante Rouge n°19, nouvelle formule, à découvrir donc, avec ses auteurs et ses menus pépins savoureux.

Gulzar

 

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