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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 06:41

Bonjour à toutes et tous.

 

Petite chronique cinématographique aujourd'hui pour vous signaler un film Kirghize très intéressant, Le voleur de lumière, réalisé par Aktan Arym Kubat, qui joue aussi le rôle principal de l'électricien du village.

 

le-voleur-de-lumiere affiche

 

Dans un petit village excentré de l'ancienne république soviétique du Kirghizistan, un électricien, homme symbolisant la modernité, trafique les compteurs pour offrir l'électricité et donc la lumière aux foyers qui n'ont pas les moyens de payer...

Dans le même temps, les renversement politiques de potentats locaux issus du Soviétisme se succèdent à la capitale, il se fait réprimander par les autorités. Que deviendrait le pays si personne ne payait ses factures ?  

"Révolution des tulipes" qui a précédé les printemps arabes, sans être autant médiatisée en Occident. 

 

le-voleur-de-lumiere 2


L'électricien a toutefois un projet, doter la vallée du village d'éolienne pour le rendre indépendant. Projet qui semble intéressé des investisseurs quelques peu suspects...

Le film qui jusque là exprimait la douceur de vivre au village d'où la jeunesse part travailler à la ville, où la modernité technique arrive comme un rêve, prend un ton nettement plus dramatique ; mais je ne vous en dirais pas plus...

 

le-voleur-de-lumiere-un-film-kirghiz

 

Film social, film qui aussi fait écho à l'électricité en France, où des agents d'EDF refuse par exemple de couper les compteurs de gens pas solvables, Le voleur de lumière nous permet de mieux ressentir les relations troubles entre tradition et modernité, entre le village et la ville jamais filmée mais présente tout de même par ses représentants. 

 

Evidemment, le film vaut aussi par la rareté du cinéma de ces régions qui sont en fait confrontés exactement au même problèmes que partout ailleurs. La modernité permet surtout de déposséder les gens des terres où ils habitent, de les rendre dépendants de pouvoirs si lointains, si puissants, si aptes au double discours, si cyniques qu'ils en sont en fait quasiment incompréhensibles aux villageois. Où plutôt, que lutter contre eux relève à long terme de l'impossible. 

Agent du changement technique que l'on peut qualifier de bienfaiteur, l'électricien est aussi celui qui tentera de se révolter, révolte instinctive, même pas politique, même pas préméditée ; juste parcequ'il est juste de se révolter pour conserver sa dignité, sans réfléchir aux conséquences... 

Ce personnage de l'électricien est vraiment réussi, d'une rare humanité et d'une grande richesse narrative. 

 

le-voleur-de-lumiere

 

L'autre qualité que je trouve formidable dans ce long métrage assez court, à peine une heure vingt, est de ne pas être un film "exotique". Bien sûr, on sent l'importance du cheval dans la culture Kirghize, la simplicité du mode de vie des villageois. Mais le conseil des anciens du village par exemple va en fait se retrouver impuissant, voir inutile, face à la pression économique des investisseurs en costume cravate...

Le film est constitué d'une vraie narration, pas d'un récit homérique.

Par sa simplicité, son ton oscillant entre récit de vie villageoise et familiale, humour et drame, Le voleur de lumière me paraît être une oeuvre très moderne, universelle, tant elle exprime de vraies problématiques liées au développement technologique et économique sans autre but que l'enrichissement. 

L'émerveillement de l'éclairage électrique ne durera qu'un temps...

 

Gulzar

 

Quelques liens utiles :

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/03/01/le-voleur-de-lumiere-l-electricite-pour-les-pauvres_1486397_3476.html

http://www.culturopoing.com/Cinema/Aktan+Arym+Kubat+%E2%80%93+Le+Voleur+de+lumiere+-3830

Une interview d'Aktan Arym Kubat :

http://www.iletaitunefoislecinema.com/entretien/4350/aktan-arym-kubat-realisateur-du-voleur-de-lumierejavais-envie-dun-personnage-qui-fasse-rire


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