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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 06:00

Bonjour à toutes et à tous.

 

Pas de film de Science Fiction aujourd’hui, mais une très belle découverte, avec le visionnage d’un coffret des deux films réalisés par Jacques Brel au début des années 70, Franz et Le far West. Deux longs métrages très semblables dans le ton ironique et la manière de filmer la Belgique, même si les deux histoires sont bien différentes.

 

franbz affiche

 

Franz narre l’histoire d’amour inaboutie entre un ancien paramilitaire, Brel, et une mystérieuse femme, la chanteuse Barbara, dans une pension de famille. L’action se situe au bord de mer, mais le balnéaire cache bien des turpitudes… Comme Brel le chantait, les gens sont méchants…

 

le far west affiche

 

Plus burlesque encore, Le Far West narre une petite troupe de Belges voyageant pour trouver leur Far West à eux, un lieu où échapper au monde et construire le leur, en l‘occurrence une vaste usine abandonnée. Pas de chance, ils trouvent de l’or dans une mine… Il faut bien alors aller à Brussel le déclarer au Gouvernement. 

 

Ce qui est proprement hallucinant dans ces deux films, au-delà des histoires attachantes, c’est l’incroyable volonté à chaque scène de réinventer le cinéma, de ne jamais se contenter de la banalité, de choses déjà vues. Il ne s’agit pas là de savoir si Brel était un meilleur cinéaste qu’auteur de chansons, ce dont nous nous fichons royalement, mais véritablement on retrouve cette énergie démente, cette capacité à raconter l’inénarrable avec brusquerie et tendresse à la fois, de frôler le ridicule sans jamais l‘atteindre.

Toute la Belgique est là. Celle de la chaleur des relations humaines, des petites mesquineries, d’un ennui difficile parfois à combattre, du système politique sclérosé. 

 

franz-1972-1

 

Quelques scènes sont absolument mémorables. 

Tel qu’au début de Far West, l’échange par-dessus un flot de voitures de morceau de saucisson et de fromage entre le cow-boy et le trappeur tous deux sur leur banc. J’ai rarement vu un tel montage aussi émouvant d’une scène aussi simple. Du grand art. 

Le gouvernement recouvert de toiles d’araignées, suivant de loin en loin  cette affaire d’or qui semble les sortir de leur léthargie est d’une rare cruauté et une vision prophétique du présent politique belge… 

Dans Franz, la scène où le fameux Franz narre ses exploits en Afrique dans la chambre de la femme qu’il aime est extraordinaire, tout comme celle avec sa mère possessive, lui ordonnant de rompre avec cette catin qui va lui manger son argent…

Impossible de trop vous en dire, il faut voir ces deux films mémorables si proche de l‘enfance et pourtant sans illusions sur le monde adulte. 

 

franz caleche

 

Deux choix cinématographiques surtout caractérisent les deux films. 

Tout d’abord, l’utilisation quasi systématique du plan séquence, qui laisse totalement s’exprimer le jeu d’acteurs, sans pourtant aller vers du théâtre conventionnel, loin s’en faut. Manière pour Brel d’aller jusqu’au bout d’une scène, de ne pas l’interrompre s’il n’y en a pas besoin narrativement. 

Ensuite, la fréquence des plans filmés d’hélicoptère ou de hauteur, tant sur la plage qu’à l’intérieur du pays. Bien sûr, cela donne un style, mais je n’ai pas compris à vrai dire au premier abord l’utilité de ce procédé… 

C’est pourtant évident et génial à la fois. La caméra en hauteur donne tout simplement une troisième dimension au plat pays, permet de sortir de cette platitude qui écrase tout, d’emmener le film, et donc l’histoire, dans une dimension inconnue…

Voilà bien une idée formidable de cinéaste ! 

 

le far west acteurs

 

Comme l’a dit Claude Lelouch à la sortie de Franz, personne n’a filmé comme cela depuis dix ans. Et cela reste bien vrai, personne n’a filmé de telles histoires depuis quarante ans...

La filiation est toutefois évidente avec la fine équipe de Bouli Lanners, Benoît Delépine, Gustave Kerven, Benoît Mariage et autres Benoît Poelvoorde. 

Alors, il faut voir ces deux films ! Absolument ! Tout le Grand Jacques ne tenait pas que dans ses chansons, mais aussi dans la pellicule. 

 

Gulzar 

 

Franz -bdisque BO-franz

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