Rencontre avec un Humano
Wictorius se surprit à obéir sans discuter à l’autoritaire humanoïde et recula sur l’allée de gravier.
- Chef, on lui explose la tête ?
- Enfin, mes guerriers de Dieu, soyez tolérants ! Constatez combien cette brave machinerie s’inquiète du bon état des précieuses ronces de son maître.
- Je ne suis pas une brave machinerie, visiteurs inopportuns, et je n’ai pas de maître, sachez-le ! Je dispose d’une complète autonomie morale. En tant qu’humanoïde à large spectre social, je puis même prendre un crédit à la consommation et avoir comme compagnon un animal domestique. Madame, messieurs, j’attends des excuses !
Et l’humanoïde à la peau rose croisa les bras, barrant le passage vers la première entrée du palais de verre. Bien plus habitué aux vilains mais solides robots sud-américains capables d‘œuvrer sur les plages comme dans les hauteurs andines, Wictorius se décida à causer à l’engin comme à un véritable être humain.
- Auriez-vous un nom, splendide création du génie japonais ?
Heureux qu’on s’intéresse enfin à son admirable personne, l’humanoïde consentit à répondre à ces étrangers qui ne ressemblait pas du tout aux rares touristes visitant la Terre Nipponne Véritable.
- Effectivement, je suis un Humano de dernière génération, avec générateur bactérien. À moi tout seul, je peux m’occuper d’une serre entière ! Mon savoir est immense !
- Votre nom…
- Oui, bien sûr ! Je me nomme Tetsurô. Et vous-même ?
- Knapp Zardoz, intrépide prédicateur pour le Renouveau de la Foi en Jesus Cristo, l’Unique Véritable Sauveur. Vous connaissez ?
- À vrai dire, absolument pas. La religion m’indiffère, vous m’envoyez désolé.
- Voici Beatrix, ma servante, et mes deux guerreiros de Dieu, Dolph et Sylvester. Pourrions-nous rencontrer Sensei Isoroku Yamazuky ?
L’Humano hésita, la situation était critique.
- C’est que Sensei est occupé à sauver un plant de courges…
La suite lundi !