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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 08:29

banniere buffon internet

 

 

Aujourd'hui, abordons l'idée de génération, c'est à dire celle de la reproduction, à travers les exemples du puceron et de l'oignon.


 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la génération des Animaux.

 

 

" Comme l’organisation de l’homme et des animaux est la plus parfaite et la plus composée, leur reproduction est aussi la plus difficile et la moins abondante ; car j’excepte ici de la classe des animaux ceux qui, comme les polypes d’eau douce, les vers, etc. se reproduisent de leurs parties séparées, comme les arbres se reproduisent de boutures, ou les plantes par leurs racines divisées et par cayeux ; j’en excepte encore les pucerons et les autres espèces qu’on pourrait trouver, qui se multiplient d’eux-mêmes et sans copulation : il me paraît que la reproduction des animaux qu’on coupe, celle des pucerons, celle des arbres par les boutures, celle des plantes par racines ou par cayeux, sont suffisamment expliquées par ce que nous avons dit dans le chapitre précédent ; car pour bien entendre la manière de cette reproduction, il suffit de concevoir que dans la nourriture que ces êtres organisés tirent, il y a des molécules organiques de différentes espèces, que par une force semblable à celle qui produit la pesanteur, ces molécules organiques pénètrent toutes les parties du corps organisé, ce qui produit le développement et fait la nutrition, que chaque partie du corps organisé, chaque moule intérieur n’admet que les molécules organiques qui lui sont propres, et enfin que quand le développement et l’accroissement sont presque faits en entier, le surplus des molécules organiques qui y servait auparavant, est renvoyé de chacune des parties de l’individu dans un ou plusieurs endroits, où se trouvant toutes rassemblées, elles forment par leur réunion un ou plusieurs petits corps organisés, qui doivent être tous semblables au premier individu, puisque chacune des parties de cet individu a renvoyé les molécules organiques qui leur étaient les plus analogues, celles qui auraient servi à son développement, s’il n’eut pas été fait, celles qui par leur similitude peuvent servir à la nutrition, celles enfin qui ont à peu près la même forme organique que ces parties elles-mêmes ; ainsi dans toutes les espèces où un seul individu produit son semblable, il est aisé de tirer l’explication de la reproduction de celle du développement et de la nutrition.

Un puceron, par exemple, ou un oignon reçoit par la nourriture des molécules organiques et des molécules brutes ; la séparation des unes et des autres se fait dans le corps de l’animal ou de la plante, tous deux rejettent par différentes voies excrétoires les parties brutes, les molécules organiques restent ; celles qui sont les plus analogues à chaque partie du puceron ou de l’oignon, pénètrent ces parties qui sont autant de moules intérieurs différens les uns des autres, et qui n’admettent par conséquent que les molécules organiques qui leur conviennent ; toutes les parties du corps du puceron et de celui de l’oignon se développent par cette intussusception des molécules qui leur sont analogues, et lorsque ce développement est à un certain point, que le puceron a grandi et que l’oignon a grossi assez pour être un puceron adulte et un oignon formé, la quantité de molécules organiques qu’ils continuent à recevoir par la nourriture, au lieu d’être employée au développement de leurs différentes parties, est renvoyée de chacune de ces parties dans un ou plusieurs endroits de leur corps, où ces molécules organiques se rassemblent et se réunissent par une force semblable à celle qui leur faisait pénétrer les différentes parties du corps de ces individus, elles forment par leur réunion un ou plusieurs petits corps organisés, entièrement semblables au puceron ou à l’oignon ; et lorsque ces petits corps organisés sont formés, il ne leur manque plus que les moyens de se développer, ce qui se fait dès qu’ils se trouvent à portée de la nourriture, les petits pucerons sortent du corps de leur père et la cherchent sur les feuilles des plantes, on sépare de l’oignon son cayeu, et il la trouve dans le sein de la terre. "

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 10:46

banniere buffon internet

 

 

Aujourd'hui, poursuivons sur la nutrition, par une vaste interrogation sur le devenir de la nourriture...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la nutrition et du développement.

 


" Se nourrir, se développer et se reproduire, sont donc les effets d’une seule et même cause ; le corps organisé se nourrit par les parties des aliments qui lui sont analogues, il se développe par la susception intime des parties organiques qui lui conviennent, et il se reproduit, parce qu’il contient quelques parties organiques qui lui ressemblent. Il reste maintenant à examiner si ces parties organiques qui lui ressemblent, sont venues dans le corps organisé par la nourriture, ou bien si elles y étaient auparavant : si nous supposons qu’elles y étaient auparavant, nous retombons dans le progrès à l’infini des parties ou germes semblables contenus les uns dans les autres, et nous avons fait voir l’insuffisance et les difficultés de cette hypothèse ; ainsi nous pensons que les parties semblables au tout arrivent au corps organisé par la nourriture, et il nous parait qu’on peut, après ce qui a été dit, concevoir la manière dont elles arrivent et dont les molécules organiques qui doivent les former, peuvent se réunir.

Il se fait, comme nous l’avons dit, une séparation de parties dans la nourriture ; celles qui ne sont pas organiques, et qui par conséquent ne sont point analogues à l’animal ou au végétal, sont rejetées hors du corps organisé par la transpiration et par les autres voies excrétoires ; celles qui sont organiques restent et servent au développement et à la nourriture du corps organisé, mais dans ces parties organiques il doit y avoir beaucoup de variété, et des espèces de parties organiques très différentes les unes des autres, et comme chaque partie du corps organisé reçoit les espèces qui lui conviennent le mieux, et dans un nombre et une proportion assez égale, il est très naturel d’imaginer que le superflu de cette matière organique qui ne peut pas pénétrer les parties du corps organisé, parce qu’elles ont reçu tout ce qu’elles pouvoient recevoir, que ce superflu, dis-je, soit renvoyé de toutes les parties du corps dans un ou plusieurs endroits communs, où toutes ces molécules organiques se trouvant réunies, elles forment de petits corps organisés semblables au premier, et auxquels il ne manque que les moyens de se développer ; car toutes les parties du corps organisé renvoyant des parties organiques, semblables à celles dont elles sont elles-mêmes composées, il est nécessaire que de la réunion de toutes ces parties il résulte un corps organisé semblable au premier : cela étant entendu, ne peut-on pas dire que c’est par cette raison que dans le temps de l’accroissement et du développement les corps organisés ne peuvent encore produire ou ne produisent que peu, parce que les parties qui se développent, absorbent la quantité entière des molécules organiques qui leur sont propres, et que n’y ayant point de parties superflues, il n’y en a point de renvoyées de chaque partie du corps, et par conséquent il n’y a encore aucune reproduction.

Cette explication de la nutrition et de la reproduction ne sera peut-être pas reçue de ceux qui ont pris pour fondement de leur philosophie, de n’admettre qu’un certain nombre de principes méchaniques, et de rejeter tout ce qui ne dépend pas de ce petit nombre de principes. C’est-là, diront-ils, cette grande différence qui est entre la vieille philosophie et celle d’aujourd’hui, il n’est plus permis de supposer des causes, il faut rendre raison de tout par les lois de la méchanique, et il n’y a de bonnes explications que celles qu’on en peut déduire ; et comme celle que vous donnez de la nutrition et de la reproduction, n’en dépend pas, nous ne devons pas l’admettre.  "

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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 19:36

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Aujourd'hui, pour débuter ce chapitre sur la nutrition, nous retrouverons le principe des "moules" ! Le raisonnement semble en première lecture naïf, mais en réalité, les interrogations de Buffon sont vertigineuses, et augurent bien des avancées scientifiques à venir...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la nutrition et du développement.

 

 
" ... nous ferons voir qu’il existe dans la Nature une infinité de parties organiques vivantes, que les êtres organisés sont composés de ces parties organiques, que leur production ne coûte rien à la Nature, puisque leur existence est constante et invariable, que les causes de destruction ne font que les séparer sans les détruire ; ainsi la matière que l’animal ou le végétal assimile à sa substance, est une matière organique qui est de la même nature que celle de l’animal ou du végétal, laquelle par conséquent peut en augmenter la masse et le volume sans en changer la forme et sans altérer la qualité de la matière du moule, puisqu’elle est en effet de la même forme et de la même qualité que celle qui le constitue ; ainsi dans la quantité d’aliments que l’animal prend pour soutenir sa vie et pour entretenir le jeu de ses organes, et dans la sève que le végétal tire par ses racines et par ses feuilles, il y en a une grande partie qu’il rejette par la transpiration, les sécrétions et les autres voies excrétoires, et il n’y en a qu’une petite portion qui serve à la nourriture intime des parties et à leur développement : il est très vraisemblable qu’il se fait dans le corps de l’animal ou du végétal une séparation des parties brutes de la matière des aliments et des parties organiques, que les premières sont emportées par les causes dont nous venons de parler, qu’il n’y a que les parties organiques qui restent dans le corps de l’animal ou du végétal, et que la distribution s’en fait au moyen de quelque puissance active qui les porte à toutes les parties  dans une proportion exacte, et telle qu’il n’en arrive ni plus ni moins qu’il ne faut pour que la nutrition, l’accroissement ou le développement se fassent d’une manière à peu près égale.

C’est ici la seconde question : quelle peut-être la puissance active qui fait que cette matière organique pénètre le moule intérieur et se joint, ou plûtôt s’incorpore intimement avec lui ?
Il paraît par ce que nous avons dit dans le chapitre précédent, qu’il existe dans la Nature des forces, comme celle de la pesanteur, qui sont relatives à l’intérieur de la matière, et qui n’ont aucun rapport avec les qualités extérieures des corps, mais qui agissent sur les parties les plus intimes et qui les pénètrent dans tous les points ; ces forces, comme nous l’avons prouvé, ne pourront jamais tomber sous nos sens, parce que leur action se faisant sur l’intérieur des corps, et nos sens ne pouvant nous représenter que ce qui se fait à l’extérieur, elles ne sont pas du genre des choses que nous puissions apercevoir ; il faudrait pour cela que nos yeux, au lieu de nous représenter les surfaces, fussent organisés de façon à nous représenter les masses des corps, et que notre vue pût pénétrer dans leur structure et dans la composition intime de la matière ; il est donc évident que nous n’aurons jamais d’idée nette de ces forces pénétrantes, ni de la manière dont elles agissent ; mais en même temps il n’est pas moins certain qu’elles existent, que c’est par leur moyen que se produisent la plus grande partie des effets de la Nature, et qu’on doit en particulier leur attribuer l’effet de la nutrition et du développement, puisque nous sommes assurés qu’il ne se peut faire qu’au moyen de la pénétration intime du moule intérieur ; car de la même façon que la force de la pesanteur pénètre l’intérieur de toute matière, de même la force qui pousse ou qui attire les parties organiques de la nourriture, pénètre aussi dans l’intérieur des corps organisés, et les y fait entrer par son action ; et comme ces corps ont une certaine forme que nous avons appellée le moule intérieur, les parties organiques poussées par l’action de la force pénétrante ne peuvent y entrer que dans un certain ordre relatif à cette forme, ce qui par conséquent ne la peut pas changer, mais seulement en augmenter toutes les dimensions, tant extérieures qu’intérieures, et produire ainsi l’accroissement des corps organisés et leur développement ; et si dans ce corps organisé, qui se développe par ce moyen, il se trouve une ou plusieurs parties semblables au tout, cette partie ou ces parties, dont la forme intérieure et extérieure est semblable à celle du corps entier, seront celles qui opéreront la reproduction.

Nous voici à la troisième question : n’est-ce pas par une puissance semblable que le moule intérieur lui-même est reproduit ? non seulement c’est une puissance semblable, mais il paraît que c’est la même puissance qui cause le développement et la reproduction ; car il suffit que dans le corps organisé qui se développe, il y ait quelque partie semblable au tout, pour que cette partie puisse un jour devenir elle-même un corps organisé tout semblable à celui dont elle fait actuellement partie : dans le point où nous considérons le développement du corps entier, cette partie dont la forme intérieure et extérieure est semblable à celle du corps entier, ne se développant que comme partie dans ce premier développement, elle ne présentera pas à nos yeux une figure sensible que nous puissions comparer actuellement avec le corps entier, mais si on la sépare de ce corps et qu’elle trouve de la nourriture, elle commencera à se développer comme corps entier, et nous offrira bientôt une forme semblable, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et deviendra par ce second développement un être de la même espèce que le corps dont elle aura été séparée ; ainsi dans les saules et dans les polypes, comme il y a plus de parties organiques semblables au tout que d’autres parties, chaque morceau de saule ou de polype qu’on retranche du corps entier, devient un saule ou un polype par ce second développement."

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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 09:30

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Aujourd'hui, nous verrons pourquoi le Comment est plus salutaire en Science que le Pourquoi. ...

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la Reproduction en général.

 

 

" Tout ceci étant bien entendu, examinons maintenant la question de la reproduction des êtres.
Si l’on nous demande pourquoi les animaux et les végétaux se reproduisent, nous reconnaîtrons bien clairement que cette demande étant une question de fait, elle est dès lors insoluble, et qu’il est inutile de chercher à la résoudre ; mais si on demande comment les animaux et les végétaux se reproduisent, nous croirons y satisfaire en faisant l’histoire de la génération de chaque animal en particulier, et de la reproduction de chaque végétal aussi en particulier ; mais lorsqu’après avoir parcouru toutes les manières d’engendrer son semblable, nous aurons remarqué que toutes ces histoires de la génération, accompagnées même des observations les plus exactes, nous apprennent seulement les faits sans nous indiquer les causes, et que les moyens apparents dont la Nature se sert pour la reproduction, ne nous paraissent avoir aucun rapport avec les effets qui en résultent, nous serons obligés de changer la question, et nous serons réduits à demander, quel est donc le moyen caché que la Nature peut employer pour la reproduction des êtres ?

Cette question, qui est la vraie, est, comme l’on voit, bien différente de la première et de la seconde, elle permet de chercher et d’imaginer, et dès lors elle n’est pas insoluble, car elle ne tient pas immédiatement à une cause générale ; elle n’est pas non plus une pure question de fait, et pourvu qu’on puisse concevoir un moyen de reproduction, l’on y aura satisfait, seulement il est nécessaire que ce moyen qu’on imaginera, dépende des causes principales, ou du moins qu’il n’y répugne pas, et plus il aura de rapports avec les autres effets de la Nature, mieux il sera fondé.

Par la question même il est donc permis de faire des hypothèses et de choisir celle qui nous paraîtra avoir le plus d’analogie avec les autres phénomènes de la Nature ; mais il faut exclure du nombre de celles que nous pourrions employer, toutes celles qui supposent la chose faite, par exemple, celle par laquelle on supposerait que dans le premier germe tous les germes de la même espèce étaient contenus, ou bien qu’à chaque reproduction il y a une nouvelle création, que c’est un effet immédiat de la volonté de Dieu, et cela, parce que ces hypothèses se réduisent à des questions de fait, dont il n’est pas possible de trouver les raisons : il faut aussi rejeter toutes les hypothèses qui auraient pour objet les causes finales, comme celles où l’on dirait que la reproduction se fait pour que le vivant remplace le mort, pour que la terre soit toujours également couverte de végétaux et peuplée d’animaux, pour que l’homme trouve abondamment sa subsistance, etc. parce que ces hypothèses, au lieu de rouler sur les causes physiques de l’effet qu’on cherche à expliquer, ne portent que sur des rapports arbitraires et sur des convenances morales ; en même temps il faut se défier de ces axiomes absolus, de ces proverbes de physique que tant de gens ont mal-à-propos employés comme principes, par exemple, il ne se fait point de fécondation hors du corps, nulla fœcundatio extra corpus, tout vivant vient d’un œuf, toute génération suppose des sexes, etc. il ne faut jamais prendre ces maximes dans un sens absolu, et il faut penser qu’elles signifient seulement que cela est ordinairement de cette façon plutôt que d’une autre.

Cherchons donc une hypothèse qui n’ait aucun des défauts dont nous venons de parler, et par laquelle on ne puisse tomber dans aucun des inconvéniens que nous venons d’exposer ; et si nous ne réussissons pas à expliquer la mécanique dont se sert la Nature pour opérer la reproduction, au moins nous arriverons à quelque chose de plus vraisemblable que ce qu’on a dit jusqu’ici. "

Découvrons cette hypothèse la semaine prochaine !

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 14:03

banniere buffon internet

 

Aujourd'hui, étape importante dans la pensée scientifique, nous aborderons la différence entre le "pourquoi" et le "comment"...


 

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la Reproduction en général.


 

 

" Arrêtons-nous un peu sur ces idées de progrès et de développement à l’infini, d’où nous viennent-elles ? que nous représentent-elles ? l’idée de l’infini ne peut venir que de l’idée du fini, c’est ici un infini de succession, un infini géométrique, chaque individu est une unité, plusieurs individus font un nombre fini, et l’espèce est le nombre infini ; ainsi de la même façon que l’on peut démontrer que l’infini géométrique n’existe point, on s’assurera que le progrès ou le développement à l’infini n’existe point non plus ; que ce n’est qu’une idée d’abstraction, un retranchement à l’idée du fini, auquel on ôte les limites qui doivent nécessairement terminer toute grandeur*, et que par conséquent on doit rejeter de la Philosophie toute opinion qui conduit nécessairement à l’idée de l’existence actuelle de l’infini géométrique ou arithmétique.


 

Il faut donc que les partisans de cette opinion se réduisent à dire que leur infini de succession et de multiplication n’est en effet qu’un nombre indéterminable ou indéfini, un nombre plus grand qu’aucun nombre dont nous puissions avoir une idée, mais qui n’est point infini, et cela étant entendu, il faut qu’ils nous disent que la première graine ou une graine quelconque, d’un orme, par exemple, qui ne pèse pas un grain, contient en effet et réellement toutes les parties organiques qui doivent former cet orme, et tous les autres arbres de cette espèce qui paraîtront à jamais sur la surface de la terre ; mais par cette réponse que nous expliquent-ils ? n’est-ce pas couper le nœud au lieu de le délier, éluder la question quand il faut la résoudre ?

 

Lorsque nous demandons comment on peut concevoir que se fait la reproduction des êtres, et qu’on nous répond que dans le premier être cette reproduction était toute faite, c’est non seulement avouer qu’on ignore comment elle se fait, mais encore renoncer à la volonté de le concevoir.


On demande comment un être produit son semblable, on répond c’est qu’il était tout produit ; peut-on recevoir cette solution ? car qu’il n’y ait qu’une génération de l’un à l’autre, ou qu’il y en ait un million, la chose est égale, la même difficulté reste, et bien loin de la résoudre, en l’éloignant on y joint une nouvelle obscurité par la supposition qu’on est obligé de faire du nombre indéfini de germes tous contenus dans un seul.


 

J’avoue qu’il est ici plus aisé de détruire que d’établir, et que la question de la reproduction est peut-être de nature à ne pouvoir jamais être pleinement résolue, mais dans ce cas on doit chercher si elle est telle en effet, et pourquoi nous devons la juger de cette nature ; en nous conduisant bien dans cet examen, nous en découvrirons tout ce qu’on peut en sçavoir, ou tout au moins nous reconnaîtrons nettement pourquoi nous devons l’ignorer.

Il y a des questions de deux espèces, les unes qui tiennent aux causes premières, les autres qui n’ont pour objet que les effets particuliers : par exemple, si l’on demande pourquoi la matière est impénétrable, on ne répondra pas, ou bien on répondra par la question même, en disant, la matière est impénétrable par la raison qu’elle est impénétrable, et il en sera de même de toutes les qualités générales de la matière, pourquoi est-elle étendue, pesante, persistante dans son état de mouvement ou de repos ? on ne pourra jamais répondre que par la question même, elle est telle, parce qu’en effet elle est telle, et nous ne serons pas étonnés que l’on ne puisse pas répondre autrement, si nous y faisons attention ; car nous sentirons bien que pour donner la raison d’une chose, il faut avoir un sujet différent de la chose, duquel sujet on puisse tirer cette raison : or toutes les fois qu’on nous demandera la raison d’une cause générale, c’est-à-dire, d’une qualité qui appartient généralement à tout, dès lors nous n’avons point de sujet à qui elle n’appartienne point, par conséquent rien qui puisse nous fournir une raison, et dès-lors il est démontré qu’il est inutile de la chercher, puisqu’on irait par là contre la supposition, qui est que la qualité est générale, et qu’elle appartient à tout. "


 

...


 

" Il y a encore une autre espèce de question qu’on pourrait appeller question de fait, par exemple, pourquoi y a-t-il des arbres ? pourquoi y a-t-il des chiens ? pourquoi y a-t-il des puces ? etc. toutes ces questions de fait sont insolubles, car ceux qui croient y répondre par des causes finales, ne font pas attention qu’ils prennent l’effet pour la cause ; le rapport que ces choses ont avec nous n’influant point du tout sur leur origine, la convenance morale ne peut jamais devenir une raison physique.

Aussi faut-il distinguer avec soin les questions où l’on emploie le pourquoi, de celles où l’on doit employer le comment, et encore de celles où l’on ne doit employer que le combien.

Le pourquoi est toujours relatif à la cause de l’effet ou au fait même, le comment est relatif à la façon dont arrive l’effet, et le combien n’a de rapport qu’à la mesure de cet effet. "

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 13:59

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Aujourd'hui, nous verrons que malgré l'absence de réponses génétiques pour l'époque, les questions sont remarquablement posées...

 

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la Reproduction en général.


 

" Il me paraît donc très vraisemblable par les raisonnements que nous venons de faire, qu’il existe réellement dans la Nature une infinité de petits êtres organisés, semblables en tout aux grands êtres organisés qui figurent dans le monde, que ces petits êtres organisés sont composés de parties organiques vivantes qui sont communes aux animaux et aux végétaux, que ces parties organiques sont des parties primitives et incorruptibles, que l’assemblage de ces parties forme à nos yeux des êtres organisés, et que par conséquent la reproduction ou la génération n’est qu’un changement de forme qui se fait et s’opère par la seule addition de ces parties semblables, comme la destruction de l’être organisé se fait par la division de ces mêmes parties. On n’en pourra pas douter lorsqu’on aura vu les preuves que nous en donnons dans les chapitres suivants ; d’ailleurs, si nous réfléchissons sur la manière dont les arbres croissent, et si nous examinons comment d’une quantité qui est si petite ils arrivent à un volume si considérable, nous trouverons que c’est par la simple addition de petits êtres organisés semblables entre eux et au tout.


 

La graine produit d’abord un petit arbre qu’elle contenait en raccourci, au sommet de ce petit arbre il se forme un bouton qui contient le petit arbre de l’année suivante, et ce bouton est une partie organique semblable au petit arbre de la première année ; au sommet du petit arbre de la seconde année il se forme de même un bouton qui contient le petit arbre de la troisième année, et ainsi de suite tant que l’arbre croît en hauteur, et même tant qu’il végète, il se forme à l’extrémité de toutes les branches, des boutons qui contiennent en raccourci de petits arbres semblables à celui de la première année : il est donc évident que les arbres sont composés de petits êtres organisés semblables, et que l’individu total est formé par l’assemblage d’une multitude de petits individus semblables.


 

Mais, dira-t-on, tous ces petits êtres organisés semblables étaient-ils contenus dans la graine, et l’ordre de leur développement y était-il tracé ? car il paraît que le germe qui s’est développé la première année, est surmonté par un autre germe semblable, lequel ne se développe qu’à la seconde année, que celui-ci l’est de même d’un troisième qui ne se doit développer qu’à la troisième année, et que par conséquent la graine contient réellement les petits êtres organisés qui doivent former des boutons ou de petits arbres au bout de cent et de deux cens ans, c’est-à-dire, jusqu’à la destruction de l’individu ; il paraît de même que cette graine contient non seulement tous les petits êtres organisés qui doivent constituer un jour l’individu, mais encore toutes les graines, tous les individus, et toutes les graines des graines, et toute la suite d’individus jusqu’à la destruction de l’espèce.

 

C’est ici la principale difficulté et le point que nous allons examiner avec le plus d’attention.  "

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 14:12

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Aujourd'hui, nous aborderons le thème de la reproduction...


 

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la Reproduction en général.


 

" Examinons de plus près cette propriété commune à l’animal et au végétal, cette puissance de produire son semblable, cette chaîne d’existences successives d’individus, qui constitue l’existence réelle de l’espèce ; et sans nous attacher à la génération de l’homme ou à celle d’une espèce particulière d’animal, voyons en général les phénomènes de la reproduction, rassemblons des faits pour nous donner des idées, et faisons l’énumération des différents moyens dont la Nature fait usage pour renouveller les êtres organisés.


 

Le premier moyen, et, selon nous, le plus simple de tous, est de rassembler dans un être une infinité d’êtres organiques semblables, et de composer tellement sa substance, qu’il n’y ait pas une partie qui ne contienne un germe de la même espèce, et qui par conséquent ne puisse elle-même devenir un tout semblable à celui dans lequel elle est contenue.

Cet appareil paraît d’abord supposer une dépense prodigieuse et entraîner la profusion, cependant ce n’est qu’une magnificence assez ordinaire à la Nature, et qui se manifeste même dans des espèces communes et inférieures, telles que sont les vers, les polypes, les ormes, les saules, les groseilliers et plusieurs autres plantes et insectes dont chaque partie contient un tout, qui par le seul développement peut devenir une plante ou un insecte.


En considérant sous ce point de vue les êtres organisés et leur reproduction, un individu n’est qu’un tout uniformément organisé dans toutes ses parties intérieures, un composé d’une infinité de figures semblables et de parties similaires, un assemblage de germes ou de petits individus de la même espèce, lesquels peuvent tous se développer de la même façon, suivant les circonstances, et former de nouveaux tous composez comme le premier.


 

En approfondissant cette idée nous allons trouver aux végétaux et aux animaux un rapport avec les minéraux que nous ne soupçonnions pas : les sels et quelques autres minéraux sont composez de parties semblables entr’elles et semblables au tout qu’elles composent ; un grain de sel marin est un cube composé d’une infinité d’autres cubes que l’on peut reconnaître distinctement au microscope, ces petits cubes sont eux-mêmes composés d’autres cubes qu’on aperçoit avec un meilleur microscope, et l’on ne peut guère douter que les parties primitives et constituantes de ce sel ne soient aussi des cubes d’une petitesse qui échappera toujours à nos yeux, et même à notre imagination. Les animaux et les plantes qui peuvent se multiplier et se reproduire par toutes leurs parties, sont des corps organisés composés d’autres corps organiques semblables, dont les parties primitives et constituantes sont aussi organiques et semblables, et dont nous discernons à l’œil la quantité accumulée, mais dont nous ne pouvons apercevoir les parties primitives que par le raisonnement et par l’analogie que nous venons d’établir.


 

Cela nous conduit à croire qu’il y a dans la Nature une infinité de parties organiques actuellement existantes, vivantes, et dont la substance est la même que celle des êtres organisés, comme il y a une infinité de particules brutes semblables aux corps bruts que nous connoissons, et que comme il faut peut-être des millions de petits cubes de sel accumulés pour faire l’individu sensible d’un grain de sel marin, il faut aussi des millions de parties organiques semblables au tout, pour former un seul des germes que contient l’individu d’un orme ou d’un polype ; et comme il faut séparer, briser et dissoudre un cube de sel marin pour apercevoir, au moyen de la cristallisation, les petits cubes dont il est composé, il faut de même séparer les parties d’un orme ou d’un polype pour reconnoître ensuite, au moyen de la végétation ou du développement, les petits ormes ou les petits polypes contenus dans ces parties.

 

La difficulté de se prêter à cette idée ne peut venir que d’un préjugé fortement établi dans l’esprit des hommes, on croit qu’il n’y a de moyens de juger du composé que par le simple, et que pour connaître la constitution organique d’un être, il faut le réduire à des parties simples et non organiques, en sorte qu’il paraît plus aisé de concevoir comment un cube est nécessairement composé d’autres cubes, que de voir qu’il soit possible qu’un polype soit composé d’autres polypes ; mais examinons avec attention et voyons ce qu’on doit entendre par le simple et par le composé, nous trouverons qu’en cela, comme en tout, le plan de la Nature est bien différent du canevas de nos idées. "

 

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 13:49

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Aujourd'hui, nous aborderons le thème de la reproduction...

 

 

 

HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE DES ANIMAUX.

CHAPITRE II.

 

De la Reproduction en général.


 

" Examinons de plus près cette propriété commune à l’animal et au végétal, cette puissance de produire son semblable, cette chaîne d’existences successives d’individus, qui constitue l’existence réelle de l’espèce ; et sans nous attacher à la génération de l’homme ou à celle d’une espèce particulière d’animal, voyons en général les phénomènes de la reproduction, rassemblons des faits pour nous donner des idées, et faisons l’énumération des différents moyens dont la Nature fait usage pour renouveller les êtres organisés.


 

Le premier moyen, et, selon nous, le plus simple de tous, est de rassembler dans un être une infinité d’êtres organiques semblables, et de composer tellement sa substance, qu’il n’y ait pas une partie qui ne contienne un germe de la même espèce, et qui par conséquent ne puisse elle-même devenir un tout semblable à celui dans lequel elle est contenue.

Cet appareil paraît d’abord supposer une dépense prodigieuse et entraîner la profusion, cependant ce n’est qu’une magnificence assez ordinaire à la Nature, et qui se manifeste même dans des espèces communes et inférieures, telles que sont les vers, les polypes, les ormes, les saules, les groseilliers et plusieurs autres plantes et insectes dont chaque partie contient un tout, qui par le seul développement peut devenir une plante ou un insecte.

En considérant sous ce point de vue les êtres organisés et leur reproduction, un individu n’est qu’un tout uniformément organisé dans toutes ses parties intérieures, un composé d’une infinité de figures semblables et de parties similaires, un assemblage de germes ou de petits individus de la même espèce, lesquels peuvent tous se développer de la même façon, suivant les circonstances, et former de nouveaux tous composez comme le premier.


 

En approfondissant cette idée nous allons trouver aux végétaux et aux animaux un rapport avec les minéraux que nous ne soupçonnions pas : les sels et quelques autres minéraux sont composez de parties semblables entr’elles et semblables au tout qu’elles composent ; un grain de sel marin est un cube composé d’une infinité d’autres cubes que l’on peut reconnaître distinctement au microscope, ces petits cubes sont eux-mêmes composés d’autres cubes qu’on aperçoit avec un meilleur microscope, et l’on ne peut guère douter que les parties primitives et constituantes de ce sel ne soient aussi des cubes d’une petitesse qui échappera toujours à nos yeux, et même à notre imagination. Les animaux et les plantes qui peuvent se multiplier et se reproduire par toutes leurs parties, sont des corps organisés composés d’autres corps organiques semblables, dont les parties primitives et constituantes sont aussi organiques et semblables, et dont nous discernons à l’œil la quantité accumulée, mais dont nous ne pouvons apercevoir les parties primitives que par le raisonnement et par l’analogie que nous venons d’établir.


 

Cela nous conduit à croire qu’il y a dans la Nature une infinité de parties organiques actuellement existantes, vivantes, et dont la substance est la même que celle des êtres organisés, comme il y a une infinité de particules brutes semblables aux corps bruts que nous connoissons, et que comme il faut peut-être des millions de petits cubes de sel accumulés pour faire l’individu sensible d’un grain de sel marin, il faut aussi des millions de parties organiques semblables au tout, pour former un seul des germes que contient l’individu d’un orme ou d’un polype ; et comme il faut séparer, briser et dissoudre un cube de sel marin pour apercevoir, au moyen de la cristallisation, les petits cubes dont il est composé, il faut de même séparer les parties d’un orme ou d’un polype pour reconnoître ensuite, au moyen de la végétation ou du développement, les petits ormes ou les petits polypes contenus dans ces parties.

La difficulté de se prêter à cette idée ne peut venir que d’un préjugé fortement établi dans l’esprit des hommes, on croit qu’il n’y a de moyens de juger du composé que par le simple, et que pour connaître la constitution organique d’un être, il faut le réduire à des parties simples et non organiques, en sorte qu’il paraît plus aisé de concevoir comment un cube est nécessairement composé d’autres cubes, que de voir qu’il soit possible qu’un polype soit composé d’autres polypes ; mais examinons avec attention et voyons ce qu’on doit entendre par le simple et par le composé, nous trouverons qu’en cela, comme en tout, le plan de la Nature est bien différent du canevas de nos idées. "

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 08:34

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Aujourd'hui, nous lirons avec attention la dernière phrase. En effet, elle est sans doute l'une des phrases fondatrices de la science contemporaine, où tout est matière..!


HISTOIRE NATURELLE.
HISTOIRE DES ANIMAUX.
CHAPITRE PREMIER.

Comparaison des Animaux et des Végétaux.



"  Passons maintenant à la comparaison des animaux et des végétaux pour le lieu, la grandeur et la forme. La terre est le seul lieu où les végétaux puissent subsister ; le plus grand nombre s’élève au dessus de la surface du terrain, et y est attaché par des racines qui le pénètrent à une petite profondeur ; quelques-uns, comme les truffes, sont entièrement couverts de terre, quelques-autres, en petit nombre, croissent sur les eaux, mais tous ont besoin, pour exister, d’être placés à la surface de la terre : les animaux au contraire sont bien plus généralement répandus, les uns habitent la surface, les autres l’intérieur de la terre, ceux-ci vivent au fond des mers, ceux-là les parcourent à une hauteur médiocre ; il y en a dans l’air, dans l’intérieur des plantes, dans le corps de l’homme et des autres animaux, dans les liqueurs, on en trouve jusque dans les pierres (les dails).

Par l’usage du microscope on prétend avoir découvert un très grand nombre de nouvelles espèces d’animaux fort différentes entre elles ; il peut paraître singulier qu’à peine on ait pu reconnaitre une ou deux espèces de plantes nouvelles par le secours de cet instrument ; la petite mousse produite par la moisissure est peut-être la seule plante microscopique dont on ait parlé, on pourroit donc croire que la Nature s’est refusée à produire de très petites plantes, tandis qu’elle s’est livrée avec profusion à faire naître des animalcules ; mais nous pourrions nous tromper en adoptant cette opinion sans examen, et notre erreur pourrait bien venir en partie de ce qu’en effet les plantes se ressemblant beaucoup plus que les animaux, il est plus difficile de les reconnaître et d’en distinguer les espèces, en sorte que cette moisissure que nous ne prenons que pour une mousse infiniment petite, pourrait être une espèce de bois ou de jardin qui seroit peuplé d’un grand nombre de plantes très différentes, mais dont les différences échappent à nos yeux.

Il est vrai qu’en comparant la grandeur des animaux et des plantes elle paraîtra assez inégale ; car il y a beaucoup plus loin de la grosseur d’une baleine à celle d’un de ces prétendus animaux microscopiques, que du chêne le plus élevé à la mousse dont nous parlions tout à l’heure, et quoique la grandeur ne soit qu’un attribut purement relatif, il est cependant utile de considérer les termes extrêmes où la Nature semble s’être bornée.
Le grand paraît être assez égal dans les animaux et dans les plantes, une grosse baleine et un gros arbre sont d’un volume qui n’est pas fort inégal, tandis qu’en petit on a cru voir des animaux dont un millier réunis n’égaleraient pas en volume la petite plante de la moisissure.

Au reste, la différence la plus générale et la plus sensible entre les animaux et les végétaux est celle de la forme ; celle des animaux, quoique variée à l’infini, ne ressemble point à celle des plantes, et quoique les polypes, qui se reproduisent comme les plantes, puissent être regardés comme faisant la nuance entre les animaux et les végétaux, non seulement par la façon de se reproduire, mais encore par la forme extérieure, on peut cependant dire que la figure de quelque animal que ce soit, est assez différente de la forme extérieure d’une plante, pour qu’il soit difficile de s’y tromper.
Les animaux peuvent à la vérité faire des ouvrages qui ressemblent à des plantes ou à des fleurs, mais jamais les plantes ne produiront rien de semblable à un animal, et ces insectes admirables qui produisent et travaillent le corail, n’auraient pas été méconnus et pris pour des fleurs, si par un préjugé mal fondé on n’eût pas regardé le corail comme une plante.

Ainsi les erreurs où l’on pourrait tomber en comparant la forme des plantes à celle des animaux, ne porteront jamais que sur un petit nombre de sujets qui font la nuance entre les deux, et plus on fera d’observations, plus on se convaincra qu’entre les animaux et les végétaux le Créateur n’a pas mis de terme fixe, que ces deux genres d’êtres organisés ont beaucoup plus de propriétés communes que de différences réelles, que la production de l’animal ne coûte pas plus, et peut-être moins à la Nature que celle du végétal, qu’en général la production des êtres organisés ne lui coûte rien, et qu’enfin le vivant et l’animé, au lieu d’être un degré métaphysique des êtres, est une propriété physique de la matière.  "

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 09:40

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Aujourd'hui, nous verrons qu'il est difficile de distinguer clairement les animaux des végétaux... Ce qui évidemment ne facilite pas le classement des espèces vivantes. Ce qui suit est à rapprocher de récentes découvertes de "sauts de gènes" entre animaux, voir même de plantes à animaux.


HISTOIRE NATURELLE.
HISTOIRE DES ANIMAUX.
CHAPITRE PREMIER.
Comparaison des Animaux et des Végétaux.



" La différence la plus apparente entre les animaux et les végétaux parait être cette faculté de se mouvoir et de changer de lieu, dont les animaux sont doués, et qui n’est pas donnée aux végétaux : il est vrai que nous ne connaissons aucun végétal qui ait le mouvement progressif, mais nous voyons plusieurs espèces d’animaux, comme les huîtres, les galle-insectes, etc. auxquelles ce mouvement parait avoir été refusé ; cette différence n’est donc pas générale et nécessaire.

Une différence plus essentielle pourrait se tirer de la faculté de sentir qu’on ne peut guère refuser aux animaux, et dont il semble que les végétaux soient privés ; mais ce mot sentir renferme un si grand nombre d’idées qu’on ne doit pas le prononcer avant que d’en avoir fait l’analyse ; car si par sentir nous entendons seulement faire une action de mouvement à l’occasion d’un choc ou d’une résistance, nous trouverons que la plante appellée Sensitive est capable de cette espèce de sentiment, comme les animaux ; si au contraire on veut que sentir signifie apercevoir et comparer des perceptions, nous ne sommes pas sûrs que les animaux aient cette espèce de sentiment, et si nous accordons quelque chose de semblable aux chiens, aux éléphants, etc. dont les actions semblent avoir les mêmes causes que les nôtres, nous le refuserons à une infinité d’espèces d’animaux, et sur-tout à ceux qui nous paraissent être immobiles et sans action ; si on voulait que les huîtres, par exemple, eussent du sentiment comme les chiens, mais à un degré fort inférieur, pourquoi n’accorderait-on pas aux végétaux ce même sentiment dans un degré encore au dessous ?

Cette différence entre les animaux et les végétaux non seulement n’est pas générale, mais même n’est pas bien décidée.

Une troisième différence parait être dans la manière de se nourrir ; les animaux par le moyen de quelques organes extérieurs saisissent les choses qui leur conviennent, ils vont chercher leur pâture, ils choisissent leurs alimens ; les plantes au contraire paraissent être réduites à recevoir la nourriture que la terre veut bien leur fournir, il semble que cette nourriture soit toujours la même, aucune diversité dans la manière de se la procurer, aucun choix dans l’espèce, l’humidité de la terre est leur seul aliment.
Cependant si l’on fait attention à l’organisation et à l’action des racines et des feuilles, on reconnaitra bientôt que ce sont-là les organes extérieurs dont les végétaux se servent pour pomper la nourriture, on verra que les racines se détournent d’un obstacle ou d’une veine de mauvais terrain pour aller chercher la bonne terre ; que même ces racines se divisent, se multiplient, et vont jusqu’à changer de forme pour procurer de la nourriture à la plante ; la différence entre les animaux et les végétaux ne peut donc pas s’établir sur la manière dont ils se nourrissent.

Cet examen nous conduit à reconnaître évidemment qu’il n’y a aucune différence absolument essentielle et générale entre les animaux et les végétaux, mais que la nature descend par degrés et par nuances imperceptibles d’un animal qui nous paroît le plus parfait à celui qui l’est le moins, et de celui-ci au végétal. Le polype d’eau douce sera, si l’on veut, le dernier des animaux et la première des plantes.

En effet, après avoir examiné les différences, si nous cherchons les ressemblances des animaux et des végétaux, nous en trouverons d’abord une qui est générale et très essentielle, c’est la faculté commune à tous deux de se reproduire, faculté qui suppose plus d’analogies et de choses semblables que nous ne pouvons l’imaginer, et qui doit nous faire croire que pour la nature les animaux et les végétaux sont des êtres à peu près du même ordre.

Une seconde ressemblance peut se tirer du développement de leurs parties, propriété qui leur est commune, car les végétaux ont, aussi bien que les animaux, la faculté de croître, et si la manière dont ils se développent, est différente, elle ne l’est pas totalement ni essentiellement, puisqu’il y a dans les animaux des parties très considérables, comme les os, les cheveux, les ongles, les cornes, etc. dont le développement est une vraie végétation, et que dans les premiers temps de sa formation le fœtus végète plutôt qu’il ne vit.

Une troisième ressemblance, c’est qu’il y a des animaux qui se reproduisent comme les plantes, et par les mêmes moyens ; la multiplication des pucerons qui se fait sans accouplement, est semblable à celle des plantes par les graines, et celle des polypes, qui se fait en les coupant, ressemble à la multiplication des arbres par boutures.

On peut donc assurer avec plus de fondement encore, que les animaux et les végétaux sont des êtres du même ordre, et que la nature semble avoir passé des uns aux autres par des nuances insensibles, puisqu’ils ont entre eux des ressemblances essentielles et générales, et qu’ils n’ont aucune différence qu’on puisse regarder comme telle. "

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