Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 08:38

Bonjour à toutes et à tous.

 

Quelques nouvelles du Canada, où la science publique subit nombre d'attaques du pouvoir en place, conservateur...

Les scientifiques de la recherche publique ont vu la diminution de moitié des budgets sur le réchauffement climatique et n'ont en théorie plus le droit de parler aux médias sans passer par un service de communication, entre autres choses !

 

Vous pouvez aller sur leur site :

 

http://www.publicscience.ca/portal/page/portal/science

 

Et toujours deux blogs canadiens francophones à visiter.

 

http://www.fractale-framboise.com/

 

http://culturedesfuturs.blogspot.com/

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 20:19

  Bonjour à toutes et tous !

Aujourd’hui, je vous propose de partir en Ardèche, terre de contraste comme chacun le sait ! Ce département n’est pas connu que pour ses châtaignes et autres saveurs du terroir, mais aussi par son intense activité livresque !

 

collectif 2 socialisme
Pour preuve, j’ai déniché chez un ami un recueil de nouvelles sur le thème du Socialisme enfin réalisé, planète socialiste collectif n°2, Collection Ici et maintenant, Kesserlring éditeur, imprimé à Aubenas en 1977, avec nombre d’auteurs de qualité. Avant donc la chute du mur de Berlin, de  l’URSS, de la Chine de l‘An 2000.

Deux autres ont été édités dans cette collection, que je me suis empressé de commander sur des sites de vente… Je vous en ferai la chronique bientôt.

 

collectif 1 ciel betoncollectif 3 soldats
Mais commençons donc par un rapide résumé des textes de planète socialiste que j’ai le plus aimé.

Le dernier dinosaure
Jean-Pierre Andrevon
Formidable nouvelle, avec en contrepoint des slogans brutalisant le texte régulièrement ! Notre héros, un gladiateur français, survit en périphérie des villes, dans les décharges d’objets devenus inutiles… De la Gloire, il est passé à une résistance qu’il n’a même pas souhaité…

Agon, Alea, Mimicry, Ilinix…
Pierre Christin
Idée intéressante, le sport est là considéré comme signe de maladie sociale… Notre société socialiste consacre donc un musée vivant à cette aberration des temps anciens…

Retour au pays qui fut
Jean-Pierre Hubert
L’Alsace est le dernier refuge capitaliste ! Notre héros alsacien lie amitié avec des vosgiens avant de peut-être retourner au pays…

L’Armée Rouge contre les utopistes
Michel Jeury
Ah ça, les utopistes, c’est jamais bien vus dans une société parfaite ! Même la montagne et une saine vie paysanne ne peuvent constituer un refuge absolu…

Il y eut, ce soir là, un orage…
Pierre Pelot
Encore la campagne, encore la montagne. Un enfant se souvient d’un orage annonciateur de changement…

Château de cubes
Christine Renard
Très belle et intelligente nouvelle sur le nomadisme. L’Humanité socialiste habite désormais des homes impersonnels. Chacun voyage sans objets personnels, ne s’attache à aucun lieu.  Les villes ont disparu. Les derniers possesseurs de maison ne sont même pas pourchassés. Simplement, ils disparaissent petit à petit... Une femme ne ne parvient pas à retenir l'homme qu'elle aime, qui ne peut renoncer à son mode de vie pour elle. L’histoire d’amour entre un nomade et une sédentaire ne pourra durer, devenue impossible.


*


Au-delà des qualités littéraires et du plaisir pris à la lecture de ces textes devenus rares, une évidence s’impose, énorme, fracassante, surprenante, en apparence seulement.

Dans une société socialiste, véritablement égalitaire, la ville n’existe plus.

La quasi-totalité des nouvelles du recueil se déroule en montagne, à la campagne. Seuls les derniers éventuels résistants capitalistes occupent les villes ! Ce ne peut être un hasard…

En effet, comme chacun devrait le savoir, les villes ne sont pas l’habitat naturel de l’Humain ! Même si certaines villes paraissent l’être de fait. Les villes ont une utilité, sont basées sur un intérêt à leur existence, demandant de gros efforts de toutes sortes pour sortir de terre.
Les ports n’existent que pour satisfaire les échanges commerciaux par bateaux.
Les villes textiles n’existent que pour y concentrer une puissante industrie, y loger les ouvriers indispensables à la création de richesses matérielles.
Les villes minières n’existent que par la présence de mines de charbon permettant l‘industrie métallurgique de prospérer. Le charbon épuisé, elles meurent où doivent trouver d’autres formes de travail pour conserver leurs potentiel d’exploitation d’une population.

La disparition de la ville comme création capitaliste ne relève donc pas d’un pure fantasme, d’une hallucination collective, mais une logique rationnelle.

Pourquoi la population habiterait un environnement basé sur son exploitation, sur l’injustice la plus flagrante dans un monde sans injustice ?
Elle irait plutôt vivre dans un cadre agréable, la campagne, la montagne, la nature… Là où celui qui produit bénéficie de son labeur.

Tous ces auteurs décrivant la fin des villes dans le cadre d’une société réellement socialiste ont à l’évidence une culture politique, social, économique sérieuse, ce qui leur permet d’établir leurs récits sur une base réaliste sérieuse. Et donc de se rejoindre sur une évidence, qui n’en est pas une pour tout le monde. Nous habitons un environnement qui nous conditionne, pour une large partie.
Si le conditionnement socio-économique change, l’environnement également. Les deux sont imbriqués l’un dans l’autre, sans pouvoir être séparés, tels l‘œuf et la poule.


*


C’est à mon sens Château de cubes, la nouvelle de Christine Renard, qui va le plus loin dans ce sens, proposant le nomadisme comme ultime expression d’une humanité revenue à la liberté absolue.

Il suffit de voir à quel point certains sédentaires paraissent angoissés à la simple vue de nomades, qui semblent, par leur seule existence, condamner le sédentarisme et son cortège d’obligations consuméristes et d‘idéologie civilisatrice…
Voyager est une norme sociale, il faut prendre des vacances en Tunisie, aller visiter New-York n’est-ce pas, mais nous n’aimons guère les voyageurs…


*


Ce recueil n’est plus réédité. Il fait désormais partie du livre d’occasion, il vous faudra donc le rechercher, fouiner quelque peu. Mais l’effort en vaut la peine ! Ces recueils thématiques sont en général toujours intéressants. Ils permettent, à une époque donnée, de faire le point sur un sujet, une vision du monde, de lire plusieurs auteurs, de les découvrir pour certain(e)s.
Gulzar

Pour le plaisir, voici la savoureuse quatrième de couverture !
Faudrait sérieusement songer à passer au socialisme, depuis le temps qu’on en parle.
Avec la science-fiction, vous y seriez déjà !
Onze écrivains français vous racontent en direct l’après-révolution :
on se la coule douce, on parle aux fleurs et aux légumes et on fume des joints. Ou bien, si vous préférez : un fusil à la main, on surveille les frontières pour voir si personne ne vient.
Et pas le moindre petit homme vert ! On a tout fait tout seuls, comme des grands.

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 10:17

Bonjour à toutes et à tous !

 

J'ai enfin fini mes deux concours de nouvelles de novembre ! Comme j'écris des versions longues qu'il faut ensuite ajuster à la taille limite des textes imposés par les concours, cela me demande pas mal de temps...

Je consacre donc ce dimanche aux chroniques, ainsi qu'à redémarrer le feuilleton La fin des Haricots  !

 

Un petit mot pour vous signaler l'activité indispensable de l'association Sciences Citoyennes, qui défend ce quel'on nomme "les lanceurs d'alerte", c'est à dire les chercheurs, les cadres, les employés qui dénoncent des irrégularités, des dangers pour la santé publique dans l'activité scientifiques et industrielle, et qui en paie le prix, la plupart du temps un licenciement ou une mise au placard

 

sciencescitoyennes.org/

 

Ils font oeuvre utile, véritablement, loin parfois de l'exagération militante. Ici pas d'action coup de poing mais une défense concrète des personnes privilégiant l'interêt collectif sur l'intérêt privé, une  mise à disposition du public de connaissances.

 

A lire, un récent article de Libération.

 

http://www.liberation.fr/societe/01012300279-anticoagulants-la-prudence-aux-prud-hommes

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 10:05

Bonjour à toutes et à tous !

 

Bientôt sur le blog 36 de nouvelles chroniques livres, cinéma et bd de SF ! Je finis de les écrire... Plus d'une vingtaine sont en fait en attente. Mais cela me demande du temps, je les écris désormais avant publication et non plus en direct. Certaines sont même très détaillées, corrigées pour l'orthographe.

Le ryhtme que je vais essayé de suivre est donc celui-ci, un film, un livre et une bd par semaine, sans compter les autres rubriques du blog..

Bien à vous.

Gulzar

Partager cet article
Repost0
3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 17:20

Bonjour à toutes et à tous !

Bonne nouvelle pour tous les amateurs d'oeuvres originales, après la sortie en salle en septembre de ses films, voici la sortie en dvd de l'intégrale de Pierre Etaix, cinéaste iclonoclaste et talentueux, qui a travaillé pour Jacques Tati !

 

INTEGRALE etaix

 

J'ai eu la chance de voir quelques courts métrages, dont l'un extraordinairement angoissant, terrifiant même, sur la publicité, digne de Philip K. Dick ! Ainsi que deux longs métrages, dont le très intéressant Pays de Cocagne, documentaire brut sur le podium Europe 1 suivant leTour de France...

Tout est à voir !

 

Coffret disponible donc sur :

http://www.barkalshop.com/

 

merci à vous de faire passer l'information !

Gulzar

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 14:22

Bonjour à toutes et à tous !

 

Courte chronique bande dessinée aujourd'hui avec un album de Baru, Bonne année, que j'ai relu il y a peu


bonne année baru couverture

 

 

Comme l'indique clairement la couverture, l'action ne se situe guère loin dans le temps ! Il s'agit là de SF sociale, de proximité dirions-nous... 

Petit résumé, à la veille de l'an 2000, le pouvoir a clôturé les quartiers périphériques de Paris... Nous sommes donc 20 ans plus tard, en compagnie de gamins désoeuvrés, qui n'ont jamais quitté leur quartier bétonné... En quête de préservatifs pour peut-être pouvoir enfin séduire la p'tite gonzesse de leur vie, le jour de l'an promet d'être agité...

*

Toute la narration de qualité, sans parler du dessin en noir et blanc de Baru toujours aussi évocateur, me semble reposer sur deux paradoxes. 

Tout d'abord, certes nous sommes dans le futur ! Mais il paraît si réel, si proche qu'il nous semble n'être qu'un présent d'une rare crédibilité. La vraie France est sous nos yeux, concrétisé en béton et barbelés. 

Une vague pensée sécuritaire, une peur primaire, une politique d'exclusion volontariste transposée dans la réalité physique, murailles et miradors, voilà la base visuelle et narrative de Bonne année.

 

bonne annee planche

 

Plus subtilement, à plusieurs reprises dans l'album, nous croisons des personnages réfugiés dans leurs appartements regardant un feuilleton télévisé qui a justement pour thème la frontière entre quartier dangereux et "monde libre". Je peinais, mais avec plaisir, à savoir qui était qui, qui relevait de la fiction ou de la réalité.

D'où une confusion certaine, du moins pour moi ! Le doute s'installe. Sommes-nous bien en train de lire une fiction véridique ou de visionner un feuilleton à la fin trop idyllique ?

L'image à l'intérieur de l'image ne servant en tout cas qu'à renforcer une seule réalité, Il faut enfermer les pauvres qui n'ont pas de travail, on ne sait jamais.

 

C'est à l'évidence une narration qui convient à merveille au sujet, puisque ce sujet même, la banlieue, est déjà une fiction sociale utile au pouvoir économique et politique, même si pour ses habitants cette fiction devient réalité par la force de l'abandon et le rejet social dont ils sont la victime...

      *

Pour conclure, au-delà de ce seul album, je ne peux que vous encourager à lire tout Baru, qui dessine essentiellement du récit contemporain, avec une force narrative et des personnages qui sortent vraiment de l'ordinaire, alors qu'ils semblent constamment s'y noyer...  

Gulzar

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 19:11

 

Bonjour à toutes et à tous !

 

Petite information commerciale...
Quatre nouveaux livres sont sortis chez Actusf !

Utopiales 2010

L'anthologie officielle des Utopiales

Avec des nouvelles de Larry Niven, Thomas Day, Lucius Shepard, Iain McDonald, Peter Watts, Vincent Gessler et Justine Niogret, avec une préface de Pierre Bordage.

Crépuscules

Le nouveau recueil de Thierry Di Rollo.

Survivants des Arches Stellaires

de Jean-Marc Ligny, le troisième et dernier tome de l'intégrale de ses nouvelles des Chroniques des Nouveaux
Mondes.

Le Petit Guide à Trimbaler de la littérature Vampirique

Toutes les infos sont sur http://www.editions-actusf.com.

Si vous les commandez rapidement, vous pourrez les recevoir dédicacés !

 

Je suis de près leur activité, ayant envoyé quelques recueils de nouvelles de 36, quai du Futur à ces partisans du format court, que j'apprécie tant !

Gulzar

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 14:50

Bonjour à toutes et à tous !

Je viens d'aller chercher à la poste mes recueils de la Volte, car depuis quelques années, les postiers ne vous apportent plus le courrier encombrant...

Je vous en ferai la chronique la semaine prochaine, avec aussi un étonnant recueil des années 70 sur le Socialisme triomphant, déniché chez un ami, avec un Jean-Pierre Andrevon au sommet !

 

CEUX-QUI-NOUS-VEULENT couv

 

Je vous laisse, j'ai à écrire... Un retard affreux s'accumule ! Mon feuilleton La fin des Haricots en pâtit gravement, je vais certainement revoir la formule quotidienne. Je me demande même si un grand nombre de personnes ont le temps et la volonté de suivre quotidiennement un feuilleton littéraire, de même qu'une feuilleton audiovisuel... je passerai peut-être à un long épisode par semaine, je vais voir.

Gulzar

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 09:05

Bonjour à toutes et à tous !

 

Un petit mot pour vous signaler un site intéressant, Utopod, qui propose des podcasts, des enregistrement numérisés en bon français, de textes SF et Fantaisie ! Ce site collabore avec toutes les bonnes revues, tente une diffusion autre de la littérature, notamment pour les gens qui n'aime aps physiquement lire, ou les aveugles également.

 

http://www.utopod.com/concept/

 

Merci également à Laurine et au site Fractale et Framboise pour le lien avec le blog 36 !

 

http://www.fractale-framboise.com/

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 16:48

Bonjour à toutes et à tous !

Jubilatoire chronique livre aujourd’hui, avec une rareté que m’a conseillé de lire l’un de mes correcteurs, Flatland, une aventure à plusieurs dimensions, avec des illustrations de l’auteur, oscillant entre conte, essai scientifique, se rapprochant même du roman SF contemporain, malgré son ancienneté, par sa lucidité des questions de représentations du monde physique. Écrit en 1884 par Edwin A. Abbott (1838 - 1926), un théologien et universitaire anglais comme un divertissement à ses travaux sérieux, il est régulièrement réédité depuis !


flatland couv 11 denoel
Les dimensions dans lesquelles nous baignons continuellement, boucher-charcutier comme chercheuse du CNRS, constituent le thème central de Flatland, littéralement le plat pays…
Nous suivons le récit à la première personne, un journal intime en quelque sorte, d’un modeste carré, habitant de Flatland, qui va se trouver confronté successivement à deux mondes bousculant ses certitudes de bon citoyen.
Tout d’abord celle d’un monde à une dimension, où il tente de convaincre son Roi de l’existence du monde à deux dimensions… Notre héros carré est là le visiteur, l’empêcheur de vivre en ligne…
Puis ensuite, un visiteur sphérique, dont la voix semble venir de nulle part,  va lui apprendre l’existence d’un monde à trois dimensions ! Ironique retournement de situation, notre carré aura la plus grande difficulté à convaincre ses semblables de l’existence de ce monde fascinant !


*


En terme de narration, pour peu que l’on accepte de retrouver le goût des contes, ce livre est vraiment une merveille ! À mon avis pour deux raisons principales de construction, que chacun ressent je pense à sa lecture.

Premier aspect, c’est bien entendu l’essentiel, son fond scientifique. Edwin A. Abbott par son écriture quasi scientifique, rigoureuse, sans fioritures de style, poussant sa logique dimensionnelle jusqu’au bout, parvient comme par miracle à nous rendre vivant et crédible, plus encore plausible, ces étranges mondes, dont finalement le nôtre tridimensionnelle n’est pas plus crédible, si l’on y réfléchit, que les deux autres à une ou deux dimensions !
Hors pourtant nous sommes bien là, il me semble, à vivre dans un monde en trois dimensions physiques !
L’on se laisse prendre dès les premières pages au jeu intellectuel qui consiste à peupler d’êtres vivants un univers plat, voit donc même composé que d’une ligne ! La description des mœurs et de la physiologie des êtres vivants et pensants est si réaliste que le doute n’est plus permis. Tout cela existe bel et bien !

 

flatland edwin abbott
Flatland rend la complexité des concepts abordés compréhensible, non seulement pour des esprits scientifiques, mais aussi finalement à tout le monde, du moins il me semble ! Tout à chacun peut éprouver à sa lecture le vertige de ne plus se savoir peut-être seul, mais entouré de dimensions négligées ou imperceptibles à nos pauvres sens obtus, peuplées d‘êtres intelligents…
Sans pour autant que Flatland ne soit comparable à un ouvrage de Stephen King, ou plus encore à Lovecraft ! Il ne s’agit pas ici de terroriser le lecteur, mais de lui apprendre un certain relativisme, de l’inciter à la curiosité, au raisonnement scientifique sous la forme littéraire sympathique d’un conte universel, échappant quelque peu à la rationalité !

Voilà d’ailleurs un mot intéressant… Universel. Ce conte l’est-il véritablement, où plutôt serait-il entendu pareillement par toutes formes de cultures humaines ? Je me pose la question. Pour des lecteurs ne baignant pas dans une société en partie façonnée par le culte d’un Dieu Unique, d’un monde ordonné et imperturbable, mais bien plus en divinités, avec une vision du monde spatio-temporelle très différente de l’auteur Edwin A. Abbott, européen du 19ème siècle rationaliste et scientifique, ces dimensions habités ne seraient peut-être pas si étranges… Le Shintoïsme japonais voit en chaque animal, chaque objet une âme. Pourquoi alors ne pas croire une autre dimension habitée ?

À la limite, mal pris, Flatland pourrait donner naissance à un mythe, une religion… Nous ferions alors très attention en posant un objet sur un plan fixe. Nous risquerions dans notre croyance nouvelle d’écraser un carré modeste commerçant, une femme ligne qui range son linge, un cercle de haute lignée en train de prendre sa douche…
Nous rendrions un culte aux habitants de la Quatrième Dimension, nous leurs consacrerions à coup sûr un feuilleton de télévision tentant d‘imaginer leur vies étranges et décalées…


*


Empreint de sagesse et de malignité, l’auteur bien sûr s’abstient soigneusement de nous décrire cette fameuse quatrième dimension ! Il n’en a en réalité nul besoin ! Par sa logique rigoureuse, la saine fantaisie qu’il nous livre au fil des pages, il nous convainc sans mal que puisqu’il existe un monde à une, deux, trois dimensions, il n’y a aucune raison logique que ce processus s’arrête… Il existe donc une quatrième dimension, une cinquième, une sixième, voir plus !
Ce que ne renieraient pas nombre de chercheurs en astrophysique, en mathématiques plus encore ! Il ne nous reste plus je crois qu’à attendre qu’un visiteur nous révèle ces lieux inaccessibles à notre étroite vision tridimensionnelle…


*


L’autre aspect qui rend ce conte attachant est qu’il conjugue avec talent science, parfois spéculations dimensionnelles, et vigoureuse critique sociale. Flatland n’est aussi une métaphore de la société Victorienne anglaise de la fin du 19ème siècle, voir même des mœurs de la communauté scientifique ! L’on se rapproche là de certains contes sociaux et moraux de Voltaire, comme Candide par exemple. C’est sensible à la lecture.
Ainsi notre carré vit dans un monde où les femmes sont des lignes, dangereuses car pointues, à qui l’on n’apprend rien sinon à tenir la maison, qui comporte d’ailleurs deux entrées, l’une pour les hommes, l’une pour les femmes… L’ordre social est vigoureux, quasi inflexible. Au plus bas, la gente féminine ligne, puis le triangle qui compose soldats et ouvriers, le carré, le pentagone qui au fil des générations parviendra peut-être à devenir le sommet dominant la société, le cercle, si possible parfait…
Cercles qui refuseront que notre carré explorateur n’expose ces théories tridimensionnelles hérétiques au peuple. Les autorités vont même jusqu’à appeler à la délation de toutes personnes reniant le dogme bidimensionnel du monde !


*


A mon sens, c’est donc la fusion de ces deux caractéristiques narratives, logique dimensionnelle jusqu’au-boutiste et critique sociale, qui rend Flatland si passionnant et léger à lire.
Ce n’est que justice que ce court livre parvienne jusqu’à nous, malgré bientôt les 150 ans qui nous séparent de son écriture ! Pour un lecteur comme un auteur de SF, il est pertinent à lire, car il remet en cause le type de récit Space Opéra dominant, par sa simplicité, sa redoutable efficacité à nous rendre réel un pur délire imaginatif, sans trop en dire…

Flatland, le livre qu’emporteront avec eux les explorateurs de la Quatrième Dimension…


 

flatland le film 1


Un long métrage d’animation numérique états-uniens a même été réalisé pour les enfants d‘après le conte d‘Abbott ! Vous pouvez jeter un œil aux extraits vidéos sur
www.flatlandthefilm.com/pictures_12.php

 

flatland le film 2
Il me semble qu’avec l’image pourtant, nous perdions un peu de la magie de la littérature par un récit et une esthétique trop drolatique...

 

flatland le film 4


Enfin, pour conclure cette chronique voici une vingtaine de couvertures de Flatland de part le monde. Pour d’autres livres, cela n’aurait guère d’intérêt… Mais pour un ouvrage qui donne à lire un univers à peine assimilable à l’esprit humain de tout à chacun, voir comment les éditeurs on tenté graphiquement de rendre compte du sujet est intéressant !
Gulzar

 

flatland couv 10

flatland couv 12

flatland couv 13

flatland couv 14

flatland couv 16

flatland couv 17

flatland couv 18

flatland couv 2

flatland couv 21

flatland couv 22

flatland couv 6

flatland couv 3

flatland couv 8

flatland couv 4

flatland couv 23


flatland couv 1



Partager cet article
Repost0